12/08/2021 francesoir.fr  3 min #193525

Les politiques peuvent faire marche arrière : l'exemple du Danemark

BT.dk

CARTE POSTALE - Après de nombreuses manifestations  dans toute la France, que peuvent attendre ceux qui défendent les libertés et la mise au rebut du passe sanitaire ? L'histoire récente montre qu'ils peuvent espérer beaucoup, notamment en regardant à l'étranger.

Il y a neuf mois, à l'automne 2020, l'État danois a reculé face aux protestations populaires.

Le gouvernement avait proposé un projet de loi  suggérant trois grands points :
- les personnes touchées par le Covid-19 seraient susceptibles d'être contraintes à un examen médical, être hospitalisées, traitées et mises à l'isolement.
- le gouvernement aurait le droit d'identifier des groupes de personnes à vacciner de force.
- ceux qui ne respecteraient pas ces deux premiers points, pourraient être verbalisés ou soumis à des peines plus graves.

Face à ces mesures, le peuple était descendu en masse dans les rues et ce, pendant neuf jours consécutifs, jugeant ces mesures comme extrêmes et liberticides.

Bien que l'État ait culpabilisé les manifestants en jugeant qu'ils ne souhaitaient pas protéger leur voisin, les protestataires dénonçaient une loi amenant à davantage de contrôle social de la population.

Le quotidien danois B.T.  retrace ces manifestations où, devant le château de Christiansborg, les tambours et les casseroles rythment l'ambiance devant le Parlement danois. Un des orateurs, Falke Mikailsen explique ses réticences face à la loi : "Nous ne voulons pas d'un vaccin obligatoire, nous n'avons aucune idée de ce qu'il y a dedans et nous ignorons ce qu'il fera aux gens à l'avenir".

Au bout des neufs jours de manifestations, les éléments instaurant la vaccination obligatoire ont été retirés. Le mouvement a été largement partagé sur les réseaux sociaux. Les manifestants avaient ciblé le caractère non-temporaire de la loi : sa pérennisation les inquiétait...

Ce qu'il s'est passé au Danemark est néanmoins à nuancer : le pays manifeste peu contre le pass sanitaire, en place depuis avril, qu'il semble globalement accepter. Avec le plus haut taux de vaccination d'Europe (61% de vaccinés à deux doses), "les Danois font confiance à leur gouvernement et se posent assez peu de questions" sur la vaccination, confie une observatrice locale. La gestion de la pandémie est jugée plutôt bonne, ce qui a renforcé cette confiance.

II est à noter néanmoins une différence déterminante avec notre cocktail français d'absurdité administrative et de désordre : comme le confie Jacques, qui vit à Copenhague, la contrainte du passe sanitaire est là-bas très minime. L'organisation sans faille des tests, fluide, efficace et fiable, permet de rendre "indolore" cette contrainte. De nombreux centres de tests PCR et antigéniques, un temps d'attente quasi-nul, des tests beaucoup moins invasifs et désagréables qu'en France (PCR dans la gorge, antigénique très peu profond dans le nez), et des résultats très rapides (dans la demi-heure qui suit pour les antigéniques, dans la journée pour les PCR). Cependant, ces tests sont amenés à devenir payants et tout acte médical est très cher au Danemark...

Les Danois ont prévu une levée progressive des mesures restantes, qui devrait si la situation le permet se solder par un retour total à la normale début octobre.

Si les comparaisons sont impossibles, à tel point que l'atmosphère de sérénité et de confiance paraît étrange vue de France, il faut noter que même dans un pays où la gestion de crise est plus "paisible", une partie de la population a dit "stop"... Et avec succès. Pour la France, de quoi s'inspirer et espérer ?

 francesoir.fr

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