Des exercices militaires de grande ampleur ont été menés conjointement par la Chine et la Russie sur une base d'entraînement militaire proche de Qingtongxia, dans le nord-ouest de la Chine, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué publié le 13 août. Baptisée «Zapad/Interaction-2021» (le mot russe «zapad» signifiant «ouest»), l'opération a duré du 9 au 13 août.
Le texte des autorités russes indique que les 10 000 militaires ont conduit «conjointement la reconnaissance, la recherche et la détection d'un ennemi conventionnel», et qu'ils ont également procédé à «une opération antiterroriste aérienne et terrestre comprenant l'assaut aéroporté et la prise des points fortifiés de "terroristes", afin de créer des conditions favorables à l'offensive conjointe». En plus des 10 000 soldats engagés se trouvaient également «200 véhicules blindés, 90 pièces d'artillerie, plus de 100 avions et hélicoptères des forces terrestres et aériennes de l'Armée populaire de libération de Chine (APL)».
Le quotidien russe Kommersant a quant à lui précisé que l'originalité de l'opération Zapad/Interaction-2021 est «de permettre aux militaires de Russie d'utiliser non pas des armes russes mais, pour la première fois, des armes de conception chinoise».
Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense, a assisté aux manœuvres aux côtés de son homologue chinois, Wei Fenghe. Tous deux se sont félicités des opérations conjointes des forces armées des deux pays. «Nous avons aujourd'hui observé tous les deux les opérations des troupes dans le cadre des exercices Xibu/Interaction-2021 [le nom chinois des exercices]. Les forces conjuguées des deux pays ont enregistré un succès total», a ainsi déclaré le ministre chinois de la Défense selon Sputnik.
Des exercices conjoints entre la Chine et la Russie menés depuis 2018
L'objectif de cet exercice de grande ampleur serait de «démontrer la détermination et la capacité de développement des relations russo-chinoises, du partenariat global et de la coopération stratégique, ainsi que de rehausser le niveau de la coopération militaire et de l'amitié entre les forces armées des deux pays», toujours selon le communiqué.
Ce genre d'exercices conjoint n'est pas nouveau dans les relations sino-russes, comme le rappelait Sergueï Choïgou le 13 août : «L'organisation d'exercices conjoints devient une tradition. Depuis 2018, nous accueillons sur notre territoire d'importants groupements des forces armées chinoises. Cela a commencé par l'exercice militaire Vostok-2018. Puis nous avons continué avec les exercices Tsentr-2019 et Kavkaz-2020.»
Cité par le Courrier international, Vassili Kachine, vice-directeur du Centre de recherches européennes et internationales de l'École supérieure d'économie de Moscou, estime pour sa part que «l'augmentation du nombre de manœuvres conjointes russo-chinoises montre que la coopération entre les deux pays dans les domaines militaire et technique dépasse largement le cadre de la lutte contre le terrorisme» et qu'elle «peut être considérée comme une réponse à l'intensification de l'activité militaire américaine près des frontières de la Chine et de la Russie».
Selon le vice-directeur de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des sciences de Russie, Alexandre Lomanov, ces exercices permettent de renforcer le «capital géopolitique de la Russie et de la Chine aux yeux des Occidentaux».
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