30/08/2021 francesoir.fr  3 min #194399

Des moustiques génétiquement modifiés pour ne plus repérer leurs proies

© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives

Des scientifiques ont peut-être trouvé le moyen de se débarrasser du fléau que constituent les moustiques. En les modifiant génétiquement, ils les ont rendus incapables de repérer leurs proies.

Depuis le début de l'été, ils sont de retour, à nous tourner autour et à guetter le moindre morceau de peau dénudé pour pouvoir y planter leur trompe et aspirer notre sang : les moustiques. Mais leur avenir est peut-être compromis.

Dans une étude publiée dans la revue  Current Biology, des chercheurs de l'université de Californie expliquent être parvenus à créer des moustiques génétiquement modifiés incapables de « voir » leurs proies.

Une suppression des indices visuels

Si la femelle du moustique pique les humains, c'est parce que notre sang lui est indispensable pour se reproduire. Les protéines contenues dans le sang des mammifères permettent en effet à ses œufs d'arriver à maturité avant la ponte.

Pour pouvoir détecter la présence d'une proie intéressante, elle se fie aux odeurs corporelles, mais aussi au dioxyde de carbone émis, et enfin aux indices visuels. Une précédente étude menée par le Pr Jonathan Day, médecin à l'Université de Floride, avait ainsi montré que les moustiques étaient particulièrement sensibles à certaines couleurs comme le noir, le bleu marine et le rouge. « Même en l'absence d'humains, le CO2 stimule les moustiques à rechercher des images plus sombres, explique Yinpeng Zhan, post-doctorant à l'université de Californie et principal auteur des travaux. C'est une fois que ces indices visuels l'ont amené à quelques centimètres de sa cible que le moustique va déterminer si cette dernière constitue un hôte potentiel ou pas grâce aux odeurs corporelles. »

Des moustiques insensibles aux contrastes

Les chercheurs ont donc mis à profit cette faculté pour les rendre incapables de repérer d'éventuelles proies. Pour cela, ils ont utilisé la technique CRISPR dite des « ciseaux moléculaires » pour supprimer rhodopsine Op1 et rhodopsine Op2, deux protéines exprimées par les yeux des moustiques. Ils les ont ensuite exposés à un flux de CO2 imitant la respiration et ont constaté qu'ils étaient devenus insensibles aux contrastes. Ainsi devenus incapables de repérer leurs proies en fonction d'une couleur foncée, les moustiques ne peuvent plus les piquer et deviennent inoffensifs.

De quoi nous offrir du répit pendant notre sommeil, mais aussi lutter efficacement contre des maladies (Zika, Chikungunya...) qui sont propagées par les moustiques. Interrogé par le  New York Times, Craig Montell, coauteur de l'étude, estime que « si les moustiques femelles sont incapables de voir leurs hôtes, elles auront plus de mal à trouver le sang nécessaire au développement de leurs œufs, et la population s'effondrera ».

 francesoir.fr

 Commenter