Par Samidoun
Les prisonniers palestiniens poursuivent leur lutte derrière les barreaux, alors que les Palestiniens de Jénine continuent de résister aux menaces et aux attaques de l'occupation. Après l'évasion de six prisonniers politiques palestiniens le 6 septembre par le "tunnel de la liberté", deux des six évadés restent libres, Munadil Naf'at et Ayham Kamamji.
À l'intérieur des centres de détention israéliens, Mahmoud al-Ardah, Mohammed al-Ardah, Zakaria Zubaidi et Yaqoub Qadri continuent d'être soumis à des interrogatoires "militaires" musclés, qui incluent régulièrement des tortures et des abus physiques et psychologiques, dans le but de les forcer à révéler l'emplacement de leurs frères restés libres.
Le mouvement des prisonniers continue également à résister à la privation des droits de nombreux prisonniers palestiniens, en particulier ceux du Jihad islamique.
Les prisonniers sont soumis à des punitions collectives, au refus de visites familiales, au refus d'accès à la "cantine" (magasin de la prison) et à l'isolement. Au moins 10 prisonniers de la prison de Gilboa sont soumis à des interrogatoires, des tortures et des traitements cruels et inhumains, car l'occupation israélienne prétend qu'ils étaient au courant de l'évasion.
Il est essentiel de continuer à organiser et à intensifier les efforts déployés dans le monde entier pour soutenir les prisonniers palestiniens et exiger leur libération. Des manifestations sont actuellement organisées dans de nombreuses villes : rejoignez-les et organisez-les dans votre région !
Les quatre détenus ont été sévèrement battus par les soldats de l'occupation israélienne lorsqu'ils ont été capturés dans la rue. Les blessures visibles sur le visage de Zakaria Zubaidi - et le refus des autorités d'occupation de permettre aux quatre prisonniers d'être vus par des avocats, des membres de leur famille ou des médecins indépendants - ont suscité de nombreuses spéculations et craintes quant à son état de santé.
Alors que Zubaidi a été durement battu, ce qui lui a valu des fractures de la mâchoire et des côtes cassées, de fausses informations et rumeurs ont été diffusées pour brouiller les pistes et détourner l'attention de la menace permanente de torture et d'abus à laquelle Zubaidi et ses compagnons prisonniers palestiniens sont confrontés.
Contrairement aux fausses informations, Zubaidi n'a ni été tué et n'a ni subi, selon lui-même et son avocat, de lésions cérébrales ou d'électrocution.
La responsabilité de ces fausses nouvelles incombe entièrement à l'occupation israélienne, qui a refusé de donner accès à un avocat ou à des informations fiables sur les conditions faites aux quatre détenus et qui a également diffusé avec zèle des informations erronées sur leur capture, affirmant que des Palestiniens de Palestine occupée ayant la citoyenneté israélienne les avaient dénoncés.
En réalité, tous les quatre ont été trouvés par les larges patrouilles des forces de police et militaires qui balayaient la zone.
Mahmoud et Mohammed al-Ardah, Zakaria Zubaidi et Yaqoub Qadri ont finalement pu s'entretenir avec leurs avocats lors de visites effectuées les 14 et 15 septembre, et tous ont livré un témoignage émouvant sur leur expérience de la liberté lors de leur auto-libération.
Les forces d'occupation israéliennes ont empêché le même avocat de rendre visite à plus d'un des quatre détenus ; chacun d'entre eux a fait part de son expérience et a souligné qu'il poursuivrait le même projet d'évasion.
Mahmoud al-Ardah a déclaré qu'ils n'ont reçu "aucune aide des autres prisonniers à l'intérieur de la prison de Gilboa, et je suis le principal responsable de la planification et de la mise en œuvre de cette opération, qui a commencé en décembre 2020."
Si les cuillères sont devenues le symbole de leur détermination à creuser le tunnel de la liberté jusqu'à la libération, ils ont également utilisé de la vaisselle et des poêles à frire cassées pour creuser le sol sous leur cellule de prison.
Il a noté que les six prisonniers libérés ont marché ensemble jusqu'au village de Naoura et sont entrés dans la mosquée, d'où ils se sont séparés en groupes de deux pour se rendre à leur prochaine destination.
Mahmoud al-Ardah et Yaqoub Qadri ont été saisis par l'une des nombreuses patrouilles de police qui parcouraient la région alors qu'ils marchaient sur le bord d'une route près de Nazareth. Il a déclaré qu'il avait porté les chaussettes que lui avait données sa nièce pendant toute la durée de son auto-libération.
Al-Ardah a noté que personne ne les avait dénoncés ; une patrouille de police les a croisés et les a arrêtés. Ils ont été interrogés continuellement à partir du moment où ils ont été saisis.
Raslan Mahajna, son avocat, a noté que "Mahmoud m'a assuré qu'il n'avait demandé l'aide de personne, car il refuse d'exposer quelqu'un d'autre au danger. Il m'a dit qu'il sait que s'il avait demandé de l'aide à notre peuple en Palestine occupée en 48, aucun d'entre eux n'aurait hésité à la lui fournir, car il connaît bien leur générosité."
Al-Ardah a déclaré à Mahajna : "J'ai été très ému lorsque j'ai vu la foule devant le tribunal de Nazareth et je salue les habitants de Nazareth qui nous ont remonté le moral."
Les Palestiniens se sont rassemblés en une manifestation de masse devant le tribunal pour montrer leur soutien aux quatre héros du tunnel de la liberté.
Il a souligné : "Je rassure ma mère sur ma santé. Mon moral est au beau fixe, et je salue notre peuple à Gaza. Je salue toutes les masses de notre peuple palestinien pour leurs fermes positions."
Il a noté qu'ils avaient une petite radio et qu'ils suivaient les nouvelles du soutien populaire massif pour leur auto-libération. "Ce qui s'est passé est une grande réussite, et je suis préoccupé par la situation des prisonniers dans leur ensemble et la suppression de leurs acquis" par l'administration pénitentiaire israélienne.
Mohammed al-Ardah a rencontré son avocat, Khaled Mahajna, au centre d'interrogatoire de Jalameh. Mahajna a indiqué que toute la réunion s'est déroulée à travers une vitre et sous surveillance.
Mohammed a déclaré que Zakaria Zubaidi et lui-même ont été découverts par hasard par les forces d'occupation qui ont passé au peigne fin un relais routier où ils s'étaient réfugiés. Ils ont été découverts par hasard après qu'un soldat de l'occupation israélienne les a trouvés sous un camion.
Mahajna a souligné que Mohammed est resté silencieux malgré tous les abus et les tortures qu'ils ont subis. Mohammed a déclaré à Mahajna : "Quand l'un des interrogateurs m'a dit que je ne méritais pas de vivre et qu'il fallait me tirer une balle dans la tête, ma réponse a été claire : j'ai erré en Palestine pendant cinq jours, et j'ai eu l'espoir de voir ma mère, et je suis pleinement convaincu que je serai libre et que je marcherai à nouveau en Palestine."
Il a rapporté avoir été sévèrement battu lorsqu'il a été saisi par des soldats de l'occupation. Il a été déshabillé et laissé assis pendant des heures avant d'être emmené au centre d'interrogatoire de Jalameh.
Il n'a pas pu dormir ni prier et n'a pas reçu de nourriture avant mardi. Il a été battu par les interrogateurs et a été surveillé en permanence par des caméras dans une petite cellule.
Il a indiqué qu'il avait goûté du sabr, un fruit de cactus, provenant de l'un des champs de Marj ibn Amer, pour la première fois depuis son arrestation et son emprisonnement il y a 22 ans.
Ils n'ont pas bu d'eau pendant leur évasion, ce qui les a épuisés et a rendu plus difficile d'échapper soldats de l'occupation israélienne. Mahajna a déclaré que Mohammed al-Ardah prévoit d'écrire toute son expérience, qui était la première fois qu'il marchait librement dans la Palestine occupée de 1948.
Al-Ardah a rapporté que Zubaidi a été brutalement agressé par les forces spéciales israéliennes, et que la sévérité des coups lui a valu d'être transféré dans un hôpital pour y être soigné.
Il a demandé à Mahajna si les gens avaient entendu parler de leur expérience, et a souri à la nouvelle du large soutien et de la solidarité pour leur auto-libération, remerciant et saluant tous ceux qui sont à leurs côtés.
Zakaria Zubaidi a rencontré son avocat, Avigdor Feldman, et a indiqué qu'il n'était pas au courant du plan du tunnel de la liberté jusqu'aux derniers moments. Feldman a noté que la santé et le moral de Zubaidi sont bons malgré les coups et la torture qu'il a subis aux mains des forces spéciales israéliennes lors de son arrestation, ce qui lui a valu une mâchoire cassée et deux côtes fracturées.
Il est visiblement meurtri, avec des traces de coups, et n'a reçu que des analgésiques lors de son transfert à l'hôpital pour traitement.
Feldman a déclaré que Zubaidi n'a pas participé au creusement du tunnel ; il a rejoint leur cellule un jour avant leur plan d'auto-libération. Zubaidi a souligné, comme Mahmoud al-Ardah, qu'ils n'ont demandé l'aide de personne en Palestine occupée pendant leurs jours de liberté, afin d'éviter que les Palestiniens ne soient arrêtés, torturés et persécutés par les forces d'occupation.
Yaqoub Qadri s'est entretenu avec son avocate, Hanan Khatib, soulignant qu'il s'échapperait une fois de plus, insistant sur le fait qu'il ne renoncera jamais à rechercher la liberté.
Il a déclaré que le temps qu'il a passé à l'extérieur de la prison a été les "cinq plus beaux jours" de sa vie et que voir la Palestine occupée de 1948 en liberté était "un rêve devenu réalité."
Il a dit avoir vu des enfants avec leurs parents et s'être approché d'eux pour les serrer dans ses bras et les embrasser, car il n'avait pas vu d'enfants depuis tant d'années.
Il a dit que l'un des geôliers avait frappé les carreaux de la cellule le jour de leur évasion, ce qui les a incités à accélérer le plan d'une semaine. Il a déclaré : "J'étais dans mon pays, et j'étais très heureux : je mangeais des figues, de l'aloès, des oranges et des pomelos" provenant des arbres de Palestine.
Il a également décrit en détail les abus et les tactiques d'interrogatoire brutales auxquels ils ont été soumis, notant qu'ils ont été déshabillés lorsqu'ils ont été saisis par les forces d'occupation, puis interrogés alors qu'ils étaient nus.
Plus de 20 interrogateurs, masqués et menaçant physiquement les prisonniers, ont participé à l'interrogatoire. Ils étaient continuellement privés de sommeil et interrogés de manière répétée.
Néanmoins, Khatib a souligné que son moral était bon et qu'il puisait son inspiration dans le soutien qu'ils recevaient.
Abu Obeida, le porte-parole des Brigades Al-Qassam du Hamas, a souligné que les prisonniers du Tunnel de la Liberté seront inclus dans tous les futurs échanges de prisonniers avec la résistance, soulignant qu'ils gagneront leur liberté.
Alors qu'une grève de la faim collective plus importante dans les prisons israéliennes a été suspendue après certaines concessions de l'administration pénitentiaire israélienne sur la punition collective imposée après l'évasion de Gilboa, le mouvement des prisonniers a souligné que la lutte se poursuit.
De nombreux prisonniers font encore l'objet de transferts, d'isolement, d'interrogatoires violents et d'isolation. Six prisonniers palestiniens - Kayed Fasfous, Miqdad Qawasmeh, Alaa al-Araj, Hisham Abu Hawash, Raik Bisharat et Shadi Abu Aker - poursuivent leur grève de la faim contre la détention administrative, l'emprisonnement sans charge ni procès.
Un représentant de la branche pénitentiaire du Front populaire de libération de la Palestine a déclaré que la lutte se poursuit pour obliger l'administration pénitentiaire à revenir sur toutes ses attaques contre les prisonniers, notamment pour mettre fin à la dispersion et au transfert des prisonniers du Jihad islamique. "Le mouvement des prisonniers est déterminé à intensifier la pression sur l'occupation notamment sur la question des prisonniers du Jihad."
Il a appelé les Palestiniens à poursuivre leurs actions et à soutenir les prisonniers au milieu de cette attaque continue, soulignant que les prisonniers sont déterminés à atteindre leurs objectifs et leur liberté.
Le Jihad islamique a déclaré lors d'une conférence de presse le 15 septembre que les sanctions n'ont pas été entièrement levées contre les prisonniers. "Ce qui s'est passé est une réponse partielle à certaines des demandes des prisonniers. Les demandes fondamentales étaient la levée de toutes les sanctions agressives à l'encontre des prisonniers, y compris celles visant spécifiquement les prisonniers du Jihad islamique, et le retour complet de la situation telle qu'elle était avant le 6 septembre. En ne répondant qu'à certaines des demandes et pas à d'autres, l'administration pénitentiaire veut briser la position générale de la nation palestinienne et isoler les prisonniers du Jihad islamique."
Ils ont insisté sur la nécessité d'une action globale pour défendre tous les prisonniers.
Samidoun [Palestinian Prisoner Solidarity Network] souligne et amplifie l'appel du mouvement des prisonniers palestiniens à se tenir aux côtés des prisonniers palestiniens et du peuple palestinien aujourd'hui pour exiger la justice et la libération de la Palestine, du fleuve à la mer.
Les détenus libérés de la prison de Gilboa représentent l'espoir irrépressible et l'engagement pour la libération que la répression militaire et la colonisation sioniste n'ont pas réussi à supprimer depuis plus de 73 ans.
Les actions de cette "Brigade de la liberté" ne sont pas seulement un symbole d'espoir pour les Palestiniens, mais aussi pour tous ceux qui, dans le monde, recherchent la justice et la liberté. La réarrestation de quatre prisonniers libérés n'a rien fait pour ternir la lumière qu'ils représentent pour l'humanité ou pour atténuer le coup qu'ils ont porté au mirage de l'invincibilité et du contrôle sécuritaire israéliens.
Ils reflètent l'inébranlable volonté palestinienne de vivre, de lutter et de prospérer dans les circonstances les plus apparemment impossibles.
Les gouvernements impérialistes occidentaux font partie intégrante des attaques continues contre les prisonniers palestiniens et de la colonisation de la Palestine. Qu'il s'agisse des 3,8 milliards de dollars d'armement fournis chaque année par les États-Unis au régime israélien ou du soutien économique, politique et diplomatique apporté par l'Union européenne, le Canada, le Royaume-Uni et d'autres, tous ces États sont directement impliqués dans les crimes perpétrés contre le peuple palestinien.
Partout dans le monde, nous pouvons et devons agir maintenant pour soutenir les héros du "tunnel de la liberté" et tous les prisonniers palestiniens qui luttent pour la justice et pour la libération de la Palestine !
Auteur : Samidoun
* Samidoun - le Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens - est un réseau international qui s'efforce de construire un mouvement de solidarité avec les prisonniers palestiniens dans leur lutte pour la liberté. Samidoun s'est développé à partir de la grève de la faim de septembre-octobre 2011 des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, constatant la nécessité d'un réseau dédié au soutien des prisonniers palestiniens. Nous travaillons à sensibiliser et à fournir des ressources sur les prisonniers politiques palestiniens, leurs conditions, leurs demandes, et leur travail pour la liberté pour eux-mêmes, leurs camarades prisonniers, et leur patrie. Nous travaillons également à l'organisation de campagnes visant à provoquer des changements politiques et à défendre les droits et libertés des prisonniers palestiniens.
16 septembre 2021 - Samidoun - Traduction : Chronique de Palestine