27/09/2021 infomigrants.net  4min #195699

 Route des Canaries : au moins 785 morts depuis le début de l'année

Canaries : 340 arrivées en une seule journée

Les autorités espagnoles ont augmenté leurs patrouilles en mer, alors que de plus en plus de migrants s'embarquent pour les Canaries. Crédit : Reuters

La route qui mène des côtes africaines aux iles Canaries ne connaît aucun répit. Pour la seule journée de dimanche 26 septembre, les services d'urgence espagnols ont recueilli 340 personnes, répartis dans huit embarcations. À l'aube, un premier bateau pneumatique avec à son bord 44 migrants - 24 hommes, 14 femmes, trois mineurs et trois bébés - a accosté sur l'île de La Graciosa. Tous sont sains et saufs, exceptée une des occupante, enceinte, qui a été transportée à l'hôpital.

Un second bateau "de 45 personnes d'origine maghrébine" a ensuite été localisé à terre dans la région de Punta Mujeres, au nord de Lanzarote, révèle le journal espagnol  El País. Un autre, avec 33 exilés maghrébins a également été intercepté au même endroit. Trois d'entre eux, très affaiblis, ont été pris en charge par les équipes médicales.

L'Espagne continentale se trouve à près de 1 700 km des îles Canaries. Credit: InfoMigrants

Un peu plus tard dans la journée, les autorités espagnoles ont localisé puis intercepté quatre autres embarcations et leurs 148 passagers marocains près d'Órzola, toujours sur la côte nord de Lanzarote. Le huitième bateau a, lui, été repéré au sud de Grande Canarie. Ses 70 occupants ont été transférés au port d'Arguineguín, où nombre d'entre eux ont dû recevoir une assistance médicale.

Dans la même zone, les garde-côtes ont procédé au sauvetage ce lundi matin de 33 exilés originaires du Maghreb, ont indiqué les services d'urgence à l'agence de presse EFE Canaries. Un mineur et deux femmes faisaient partie des passagers. L'une d'elle n'a pas survécu.

Une autre embarcation a été interceptée un peu plus tôt, dans la nuit, au nord de l'île d'Alegranza. Les 39 naufragés, dont une femme, ont été transférés tôt dans la matinée au port d'Arrecife, à Lanzarote.

785 morts depuis janvier

Depuis le début de l'année, plus de 9 000 personnes ont débarqué aux Canaries, contre près de 4 000 à la même période l'an dernier, d'après les derniers chiffres de l'Organisation internationale des migrations (OIM) publiés le 24 septembre. Très empruntée, cette route maritime est aussi très dangereuse. Toujours selon l'OIM, au moins 785 migrants y ont perdu la vie entre janvier et août 2021, dont 177 femmes et 50 enfants. En 2020, la traversée avait fait au total 850 victimes.

Des chiffres impressionnants, mais certainement en-deçà de la réalité. Car "les naufrages invisibles, qui ne laissent aucun survivant, sont fréquents sur cette route maritime mais quasiment impossibles à corroborer", déplore Frank Laczko, le directeur du centre d'analyse des données de l'OIM. L'ONG Caminando Fronteras comptabilise, elle, 1 922 personnes décédées sur la route des Canaries, rien qu'au premier semestre 2021.

L'instabilité politique des pays de départs peuvent expliquer, en partie, l'augmentation des chiffres. Les coups d'états successifs au Mali - en août 2020 et en mai dernier - et  le renversement, début septembre, du président guinéen Alpha Condé restreignent encore un peu plus les perspectives d'avenir pour les jeunes de ces pays. Pour rappel, l'âge médian est de 19 ans en Guinée, et de 15 ans au Mali.

Un inspecteur de police arrêté

La plupart des candidats à l'exil quittent leurs pays pour les côtes mauritaniennes et marocaines, d'où ils embarquent à bord d'embarcation de fortune, direction les îles Canaries. La ville marocaine de Dakhla constitue un des points de départ les plus empruntés. Samedi 25 septembre, les autorités marocaines y ont intercepté 49 personnes, dont six femmes et neuf mineurs, qui s'apprêtaient à prendre la mer depuis la plage d'Al Khira. Une embarcation pneumatique bimoteur et des jerricans d'essence ont été saisis, et cinq passeurs présumés ont été arrêtés.

Les enquêtes menées par la police judiciaire ont également révélé l'implication d'un inspecteur de police exerçant dans l'un des services de sûreté publique de la ville de Dakhla, "qui aurait contribué à faciliter les opérations d'immigration en contrepartie de sommes d'argent de la part des organisateurs", a fait savoir l'agence de presse marocaine (MAP).

D'après  El País, pourtant, la fin de l'été ne signe pas la fin des départs. Pour le journal espagnol, avec les conditions météorologiques favorables du début de l'automne, "comme l'année dernière, les arrivées culmineront aux mois d'octobre et de novembre".

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