L'opposition au green pass (nom italien du pass sanitaire) se poursuit à Trieste malgré l'intervention de la police le 18 octobre pour briser le blocus du port de Trieste par les dockers. Les manifestants se sont en effet à nouveau mobilisés le 19 octobre pour la cinquième journée consécutive. Ils ont notamment occupé le centre de Trieste où ils ont interpellé les policiers pour leur usage des canons à eau tout en scandant «Liberté». Certains ont même passé la nuit sur la Piazza Unità d'Italia, l'un des lieux emblématiques de la ville.
Une opposition contre le green pass désormais incarnée par un mouvement
Stefano Puzzer, chef de la CLPT (le comité des travailleurs du port de Trieste), a profité du rassemblement pour annoncer la création d'un mouvement chargé de représenter les opposants au pass sanitaire : Coordinamento (Coordination) 15/10. «Nous ne reculerons pas d'un pouce», a-t-il lancé déterminé à la foule.
Ce mouvement se veut pacifique, inspiré par Gandhi et son principe de non-violence. Il a l'ambition de représenter les citoyens opposés au green pass et compte deux porte-paroles : Stefano Puzzer et Dario Giacomini, médecin de Vicenza et président de l'association Contiamoci, créée pour les professionnels de santé suspendus.
«Ne pensez pas que quelqu'un dicte la ligne, nous ne faisons qu'organiser», a assuré Stefano Puzzer. «Nous allons continuer de protester. Nous attendons samedi [le 23 octobre] l'arrivée du ministre de l'Agriculture Stefano Patuanelli et vendredi [le 22 octobre] il y aura une manifestation», a-t-il ajouté.
La situation à Trieste s'invite dans le débat national
Luciana Lamorgese, la ministre italienne de l'Intérieur, a elle-même commenté les évènements dans la matinée du 19 octobre à la chambre basse du Parlement. Revenant sur l'intervention musclée de la police antiémeute la veille, elle a estimé que les forces de l'ordre avaient fait leur devoir malgré les tensions qui avaient ponctué la journée.
«Il est clair qu'il n'a pas été possible de contenir toutes les intentions criminelles issue de la part violente des manifestants, notamment celles instiguées par des éléments plus politisés», a-t-elle ainsi déclaré. Elle a également souligné «le déficit sécuritaire causé par la situation qui a dépassé toutes les attentes raisonnables», dans des propos repris par l'agence ANSA.
Luciana Lamorgese a rejeté toute accusation de bavure au sujet des méthodes de dispersion employées par les policiers. Celles-ci avaient fait vivement réagir la classe politique. «C'est une accusation injuste, qui jette une ombre inacceptable sur le travail des forces de police», a-t-elle fermement lancé à l'hémicycle qui n'a pas manqué de faire entendre des protestations. «Je rejette les accusations de stratégie de tension», a-t-elle encore déclaré.
Des manifestants avaient en effet battu le pavé dans l'après-midi du 18 octobre et des travailleurs portuaires ont notamment demandé à «parler avec le gouvernement». Certains protestataires se sont rendus sur la Piazza Unità d'Italia tandis que d'autres avaient gagné le Vieux-Port, en accord avec les autorités, a rapporté l'agence ANSA.
Calme un premier temps, la situation a dégénéré aux alentours de 18h en ville alors que la police anti-émeute a fait usage de canons à eau tandis que des manifestants leur envoyaient des projectiles.
Au Vieux-Port également, peu avant 20h, la police a pareillement été mobilisée pour surveiller la porte 4 du port où les forces de l'ordre étaient intervenues dans la matinée. Là aussi des canons à eau ont été utilisés, ainsi que des gaz lacrymogènes.
Le pass sanitaire est obligatoire en Italie pour se rendre sur son lieu de travail, toutes professions confondues. Depuis sa mise en place le 15 octobre, des manifestations, grèves et blocages ont éclaté dans toute la péninsule, notamment au port de Trieste.
Lire aussi Italie : évacuation par la force du port de Trieste, bloqué depuis plusieurs jours par des anti-pass