25/10/2021 2 articles dedefensa.org  8 min #196974

Extension du domaine de l'effondrement

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• Articles du 25 octobre 2021. • Une vision générale de la Grande Crise d'Effondrement du Système, désormais en situation d'une grande rapidité depuis le début de la crise-Covid. • Appréciation du fameux dessein du 'Great ReSet' pour "profiter de l'opportunité du Covid" : d'erreurs en échecs et d'échecs en erreurs. • Où en est-on : « Les économies et les sociétés s'effondrent lentement, puis un peu plus vite, puis d'un seul coup. Nous semblons être dans la période intermédiaire de cette trajectoire... » • Contributions : dedefensa.org et Alastair Crooke.

Alastair Crooke est toujours excellent mais cette fois, il l'est encore un peu plus. Il faut voir que la crise sans fin, la Grande crise, la crise qui se multiplie en un fourmillement de sous-crises, offre un champ si vaste à une analyse qui prétend embrasser l'entièreté de la scène du monde. L'analyse de Crooke passe en effet d'une crise l'autre avec un brio incomparable, montrant combien elle se rassemble, combien l'une ne va pas sans l'autre, combien chacune accouche de l'autre. Ce déchaînement a bien entendu commencé avec le Covid, cette étrange occurrence venue d'on ne sait où.

Cette expression, "venu d'on ne sait où", est de pure convenance pour introduire, disons un aspect de symbolisme conceptuel... Même si l'on connaît les circonstances, les causes probables et les conséquences certaines, les intentions que cette crise a fait naître, la façon dont elle se prête à merveille aux hypothèses enflammées des "conspis", la facilité avec laquelle elle sert de déclencheuse à de multiples effets pervers et catastrophiques, son origine logique, ontologique, dans le cadre crisique qui régnait au début de 2020 reste incompréhensible. Littéralement, ce n'est pas cette sorte d'incident crisique qu'il était logique d'attendre et de prévoir alors que nous venions d'assister à ce que nous avions nommé un «   assassinat métahistorique », celui du chef iranien Soleimani.

L'improbabilité et l'imprévisibilité du Covid ont pris tout le monde par surprise et, finalement, ont décidé tout le monde à se démasquer littéralement, - comme elles ont conduit à cette monstruosité de la nécessité complètement aléatoire du port du masque... En d'autres termes, Covid nous a rendus fous.

A partir d'une source bienvenue (Jeffrey Tucker, dans son article 'How Close Is Total Social and Economic Collapse ?'), Crooke détaille l'emballement crisique progressif qui nous a fait entrer dans un univers qui n'est que crisique, qui ne peut plus se constituer d'autre chose que la dynamique hystérique de la crise. Cela est dû à l'état du monde vécu comme un Système, c'est-à-dire à l'état du Système (de notre Système) qui s'embrase en une mécanique infernale, qui a soudain basculé en une mécanique soudain devenue infernale ; ce "tout fonctionne jusqu'à ce que plus rien ne fonctionne" qu'on trouve dans la citation ci-après est tout simplement admirable en ceci qu'il résume admirablement le cas, comme s'il avait été dessiné par un Léonard de Vinci :

« Tout fonctionne jusqu'à ce que, soudain, ce ne soit plus le cas. Comme le disait Minsky, la stabilité engendre l'instabilité. Le problème est que les systèmes complexes sont intrinsèquement fragiles. L'optimisation qui les fait rentables supprime également les redondances qui les font résilients. Les choses peuvent s'effondrer rapidement lorsqu'un événement imprévu se produit. Et ce n'est pas tout : la psyché collective du public est également un système complexe fragile et l'on ne peut pas le rétablir comme avant en appuyant simplement sur le bouton de réinitialisation. »

Nous avons donc le Covid, qui engendre le sacrifice de l'économie, qui s'accompagne du sacrifice de l'équilibre psychologique, qui conduit au(x) faux redémarrage, à des mesures de contrainte extrêmement variées, à l'affrontement vaccinal et à la dictature sanitaire, aux ruptures des chaînes d'approvisionnement, à la crise du prix de l'énergie, à l'extraordinaire embouteillage des porte-conteneurs chinois devant le port de Los Angeles, incapable de les accueillir, privé de dockers et de chauffeurs de calmions coupables de refuser le vaccin et privés d'emplois, - tout cela, bien entendu, à partir d'un terrain déjà fécondé par des années et des années, par des décennies de pression de l'impuissance et de la paralysie des pouvoirs politiques. Et certes, Crooke n'évite absolument pas le plus important écueil du récit, qui est celui du 'Great ReSet' confronté à la hargne furieuse des "conspis" et de leurs vertigineuses hypothèses de complots.

Bien sûr qu'il y a 'Great ReSet', bien sûr qu'il y a des projets formidables de changements, pour modifier en le révolutionnant le Système général qui nous a tous conduit jusqu'ici, au bord du vide qu'il a lui-même creusé, et lui-même hurlant qu'il faut un changement considérable pour ne pas tomber dans le vide, comme si quelque méchante troupe de facho-populistes avait elle-même creusé ce trou immense et songeait à l'y précipiter. Le Système s'y entend à faire des autres les responsables de ce qu'il a lui-même creusé, pour pouvoir mieux rechercher un autre trou noir, à creuser plus profond, à faire plus catastrophique, en alléguant qu'il va une fois de plus sauver l'humanité.

Crooke s'y entend, de son côté, à énumérer les diverses occurrences qui peuvent être, qui sont aussitôt investies par les "conspis" comme étant le résultat de Grande Dessein qui avance inexorablement. Pourtant, à chaque occasion, impavide, Crooke observe sobrement : « Si c'est le cas, cela non plus ne fonctionne pas. » Et il est réellement un 'observateur', comme nous pourrions et devrions l'être tous finalement, - il suffit de ne pas se laisser emporter par la fièvre des 'conspis' ou de ne pas suivre la triste cohorte des zombis du Système, fascinés par le simulacre qui nous est offert en spectacle permanent. Ces deux tentations écartées, nous suivons Crooke comme nous en avons suivi d'autres également lucides, écartant sans nervosité ni le moindre jugement les hypothèses complexes des idéologues d'un bord et de l'autre, pour voir tel qu'en lui-même se déployer le spectacle de la 'Grande Crise de l'Effondrement du Système' ( GCES)...

Et cela donne cette sorte de circonstances qui est la nôtre depuis le Covid pour l'ultime séquence que nous vivons ; encore bien plus intensément, un certain nombre de catastrophes plus loin, que 9/11 qui apparaît dans cette citation comme l'acteur central, mais qui est maintenant si loin derrière nous, nous ayant simplement légué cette  méthode extraordinaire de la communication :

« Notre conviction, que nous espérons avec une force proche de la certitude effectivement fille de l'intuition et non pas pure calembredaine née de la pression et de la passion de notre "étrange époque", a de moins en moins d'hésitation à l'affirmer et à s'affirmer. Il nous semble désormais possible de voir et d'observer l'accomplissement de la GCES "en temps réel", au fil des événements extraordinaires qui secouent le cosmos et font trembler notre monde sous nos pieds.

» Nous insistons toujours sur ce fait... Encore une fois "il y a ceci" que nous signalons depuis 9/11, qui est ce qui fait le caractère extraordinaire et sans précédent de notre "époque étrange", et explique le développement en apparence incompréhensible (sinon par d'aléatoires et exotiques "complots") de certains événements. Il y a le phénomène puissamment psychologique de la connaissance instantanée de la chose et du choc qui l'accompagne. Il s'agit de cette extraordinaire faculté offerte par le système de la communication de voir les événements les plus colossaux se dérouler sous nos yeux, à l'instant où ils se déchaînent.

» Nous tenons beaucoup à cet argument, que nous proposons depuis longtemps. Il nous parait étonnant, sinon stupéfiant que personne ne s'y attache lorsqu'il s'agit de s'interroger sur les caractères complètement extraordinaires des événements de ce que nous désignons comme l'"époque étrange" :

» "D'abord, il y a ceci : en même temps que nous subissions cet événement d'une force et d'une ampleur extrêmes[l'attaque du 11-septembre], nous observions cet événement en train de s'accomplir et, plus encore, nous nous observions les uns les autres en train d'observer cet événement [en train de s'accomplir]." ('Chroniques de l'ébranlement', Philippe Grasset, éditions Mols, 2003).

» Il doit rester dans notre esprit que cette position singulière dont nous disposons tous est un élément fondamental du déroulement des crises, une explication évidente de leur diffusion souvent en apparence surprenante, un facteur révolutionnaire dans l'événement cosmique qu'est l'effondrement d'un système (du Système) qui, pour notre cas et pour notre compte, englobe effectivement une ("notre") civilisation devenue "contre-civilisation". »

Alastair Crooke nous restitue l'extraordinaire diversité et l'abondance de la Grande Crise, où nous ne sommes plus étonnés de trouver côte-à-côte, imbriqués dans le même enchevêtrement, une polémique sur la vaccination et une manœuvres de porte-avions de la VIIème Flotte au large de Taïwan. Et, comme une litanie, la description des projets qui s'empilent dans le catalogue du 'Great ReSet', comme s'il s'agissait de la saison des soldes, où l'on brade tous les grands projets révolutionnaires pour changer le monde en un inédit extraordinaire, tandis que les "erreurs" s'empilent sur les "échecs", tandis que les journalistes de la presseSystème s'empressent de courir d'une fausse FakeNews l'autre, comme le matelot débordé court d'une vraie voie d'eau à l'autre.

Ci-dessous, le texte d'Alastair Crooke du 22 octobre 2021, sous le titre « Waiting Upon Structures to Crack ».

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25/10/2021 dedefensa.org  12 min #196975

Extension du domaine de l'effondrement

En attendant les craquements de la fin

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Alastair Crooke

Jeffrey Tucker, dans un article intitulé 'How Close Is Total Social and Economic Collapse ?', écrit : « Les économies et les sociétés s'effondrent lentement, puis un peu plus vite, puis d'un seul coup. Nous semblons être dans la période intermédiaire de cette trajectoire [aux États-Unis]. La partie lente a commencé en mars 2020, lorsque les politiciens du monde entier ont imaginé que ce ne serait pas trop grave d'arrêter l'économie et de la redémarrer une fois que le virus serait parti ».