31/10/2021 reseauinternational.net  35 min #197216

Raisonner contre la raison, un programme

par Sébastien Renault

Avec l'avancée de la « culture de l'annulation » (du déni de la réalité) axée sur le « signalement vertueux » (moyennant les plateformes numériques de la grande théâtralité narcissique universelle), la réappropriation génétique et genrée du discours et des objectifs politiques, et le sous-bassement philosophique orientant le plus grand nombre des études universitaires dans les voies de la « post-vérité », la surdétermination sémantique de la pensée dite aujourd'hui « admissible » (politiquement autorisée) nous oblige à faire l'effort d'en sortir autant que possible, pour nous efforcer de redonner à la pensée sa liberté première, d'essence d'abord rationnelle.

Exercice en réalité assez difficile, puisqu'on ne peut l'accomplir en prétendant s'affranchir du cadre linguistique inhérent à la pensée elle-même. En effet celle-ci, même lorsqu'elle se dit à elle-même, doit encore se dire effectivement, et implique donc déjà une certaine forme de langage, de verbe réflecteur de la pensée elle-même, médiateur en quelque sorte imitatif de celle-ci, la pensée fournissant le point d'appui exemplatif premier de celui-là.

La manipulation du langage et des concepts qu'il véhicule comme moyen de prise de contrôle sur la conception, l'orientation et l'élaboration des décisions politiques (celles donc qui affectent l'organisation et la régulation des affaires de la cité des hommes, au sens propre du terme grec sous-jacent de πόλις) est au cœur de la problématique programmative qui caractérise notre situation contemporaine, en proie à la normalisation du sanitarisme élitaire covidien et aux différentes tendances de la guerre culturelle ambiante qui se joue d'abord, à de nombreux égards, sur le terrain lexicologique. L'enjeu est ainsi clairement indiqué par l'importance qu'il faut accorder à chaque choix terminologique que nous posons pour donner un relief linguistique intelligible, c'est-à-dire d'abord rationnel, à la pensée que nous entendons par là véhiculer.

Le spectre politicien au sein duquel se décline la pensée démocratique contemporaine (se voulant toujours la norme centrale du progressisme indépassable) se réduit en substance aux enjeux dictés par la globalisation libérale et financière et par l'identitarisme communautariste. L'objectivisme structurel transpolaire (la dogmatique néolibérale tant gauchiste que droitiste) et le subjectivisme fractionniste victimaire y sont ainsi subsumés, pour mieux délimiter les frontières épistémiques et linguistiques de la narrativité jouissant aujourd'hui du pouvoir sans partage.

Au gré des pièges sémantiques, la révision subreptice de définitions comme celles du « racisme » et du « fascisme », en vue de faire accepter un argumentaire bien précis, participe de la réduction susmentionnée - celle du lien intime entre néolibéralisme, capitalisme mondialiste financier, et impératif identitaire victimaire.

C'est dans le contexte de cette réduction unificatrice que l'effort ultra-libéral de ré-imagination du réel à l'image d'aspirations sociales antidogmatiques aboutit en définitive au dogmatisme libéral qui règne aujourd'hui en maître sur la pensée bienpensante ambiante.

On remarquera, ce que nous abordons en deuxième partie de ce texte, que l'instauration aujourd'hui d'un régime de sanitarisation sans frein de la société participe du même effort de ré-imagination du réel à contre-courant de la raison, cette fois sur la base d'aspiration bio-sécuritaires totalitaires, au nom de la « protection de tous ». Le conditionnement infantilisant de la population à la servitude hygiéniste participative ne constitue dès lors ni un progrès moral vers la « liberté responsable » (de tout sacrifier au dieu santé, y compris la liberté elle-même), ni quelque solution réelle à une menace virale aujourd'hui relativement négligeable. La saine rationalité ne dicte-t-elle pas que les mesures de défense doivent être proportionnées à la réalité du danger ?

L'établissement d'une société de domestication hygiénique a voulu se légitimer sur la base d'un logiciel narratif entièrement piloté par l'administration étatique et la technostructure médico-sanitaire. La règle macronienne stipule, en conséquence, de diviser la population en deux camps : les fidèles (ceux qui obtempèrent pour jouer le jeu, avec ou sans conviction, de la domestication hygiénique) et les excommuniés (ceux qui réprouvent ce domptage étatique infligé à coups de pass sanitaire et d'injections géniques). La domestication reste pour autant une gageure, puisque les efforts liberticides de l'État total ne portent pas les fruits escomptés, au vu de l'étendue réelle des forces de résistance à l'œuvre à travers le territoire français - l'occasion, par ce texte, de saluer tous ceux et celles qui contribuent, au prix souvent très lourd de sacrifices personnels, à toutes les actions de riposte rationnelle et paisible à ce désordre discrétionnaire sans précédent.

Le contenu du programme en place n'est en aucun cas quelque chose de mystérieux : contrôler et injecter pour mieux imposer le règne de la redéfinition du réel sanitaire. L'idéologie hygiéniste covidique, comme l'idéologie raciale anti-suprémaciste, sont deux faces « antidiscriminatoires » d'un même pouvoir mentalement hégémonique s'exerçant sur la base de la manipulation médiatique, de la discordance accusatoire (par violence de nature auto-contradictoire), et de la révocation sémantique de la vérité objective. En raisonnant contre la raison, il impose une confusion autobloquante et souvent culpabilisatrice chez ses victimes plus ou moins disposées à être induites en erreur et manipulées, par paresse intellectuelle et frilosité morale.

Il y a bien, dans les deux cas, prétention prométhéenne de redéfinition du réel, racial et sanitaire, au profit d'une idéologie et d'une mystique mondialiste d'aspiration transhumaine et pan-hygiénique. La menace d'une épidémie n'est dès lors plus déterminée par les données factuelles du réel empirique apolitique, mais bien par les mesures politiques de prévention et de contrôle imposées par le pouvoir étatique. De même, la menace raciale exercée par les populations blanches et la toxicité masculine homophobe n'est plus aujourd'hui déterminée par l'objectivité de faits sociétaux proprement attestés, mais bien par un agenda trans-racial et transsexuel des plus immondes, visant au remodelage artificiel de la nature et de la société humaines.

Congédier la raison « suprémaciste » : vers la « Grande narrative »

Le problème fondamental qui semble sous-tendre le pouvoir envahissant de ce libéralisme auto-contradictoire est celui dont parle E. M. Jones en termes de « rébellion contre le Logos »1. La raison humaine, qui par la syndérèse dispose et meut l'âme dans son activité spéculative et pratique, reflète par similitude ce Logos en tant que « règle » intérieure - base axiomatique de la pensée et de l'agir librement conformes à une finalité rationnelle. Les forces contraires au Logos pourraient être caractérisées, aujourd'hui comme hier, par ce que les penseurs médiévaux qualifiaient de « répugnant à la nature de l'être » (aliquid repugnat rationi entis

Les mouvements de réformes révolutionnaires postulant leur orientation cognitive fondamentale sur quelque négation de la réalité privilégient une approche utilitaire et idéologiquement pétrissable de la définition et de la fonction de la vérité. Dès lors qu'ils l'utilisent plutôt que de s'y conformer, les partisans d'une vérité d'acabit avant tout pragmatique peuvent confortablement justifier son élimination en tant que correspondance à la réalité (comme on peut le voir dans les domaines de prédilection des théoriciens sociaux contemporains). Rappelons au passage que la conception de la vérité en tant qu'adéquation de l'acte par lequel la connaissance surgit dans l'intelligence du sujet connaissant et de la réalité connue (adaequatio rei et intellectus) ne s'arrête nullement à l'application qu'ont pu en faire les penseurs scolastiques, notamment dans le cadre philosophique de leur réponse réaliste à la querelle des universaux. Les partisans de cette théorie épistémologique éprouvée comprennent encore, entre autres figures intellectuelles d'influence perdurable, des logiciens de la stature de Gottlob Frege, Bertrand Russell, Kurt Gödel et Alfred Tarski, traitant spécifiquement des conditions formelles de la vérité d'après le rapport de coïncidence que celles-ci entretiennent avec les structures du langage et les opérations de la pensée (la pensée assumant ici le rôle de la rei référentielle objective par rapport au langage).

Avec le remplacement de la théorie de la correspondance par la théorie de la vérité fondée sur le pragmatisme, la réalité et la vérité sont déterminées par des critères idéologiques plutôt qu'établies par les contraintes de la recherche empirique et les règles de l'interprétation et de la communication rationnelle - lesquelles reposent avant tout sur la logique et le sens réel des mots. Cela n'est nulle part plus manifeste que dans les échanges hypermédiatisées portant 1) sur la race - où la novlangue conceptuelle l'emporte désormais de manière systématique sur l'ordre des critères empiriques causatifs du phénomène d'inégalité raciale ; et 2) sur le genre - concept ayant aujourd'hui débouté la validité factuelle de l'ordre de la sexualité biologique naturelle.

Le pouvoir de l'opinionisme épistémique réside dans sa capacité socio-mentale à brouiller la distinction entre le fait et la fiction, et par là même à relativiser les normes fondamentales de la pensée et de l'action rationnelles. Dans un monde où la relativité des faits et des valeurs est présentée sous le mode auto-contradictoire de l'absolue, l'opinionisme est implicitement pensé et manié comme la seule règle « universelle » qui vaille et qui puisse se défendre pour maintenir une semblance d'objectivité régulatrice irréductible.

Rien n'est donc certain et tout est dès lors possible puisque le recours aux faits, que postulent les règles de la méthode rationnelle (celle qui, à une époque, avait cours en science), ne s'applique plus ici pour trancher quoi que ce soit face au rouleau compresseur de l'impératif opinioniste. Mais, paradoxalement, d'abord mis en œuvre en vue d'endiguer le pouvoir uniformisant des règles de la pensée et du discours rationnel, cet opinionisme ne s'accommode pas non plus de lui-même ! Le monde universitaire fait aujourd'hui office d'avant-garde de la suppression des opinions, donc de l'opinionisme lui-même, cela au nom (tacite) de ce même opinionisme. Il est en fait de coutume opinioniste de désinviter ou de supprimer la parole des conférenciers dissidents, phénomène aujourd'hui largement répandu sur les campus américains. Ou encore de congédier, par licenciement irrévocable, les enseignants qui feraient controverse (ne serait-ce que pour avoir twitté quelques remarques déviationnistes) ; ou encore de restreindre, sur des critères strictement opinionistes, les offres d'emploi ; ou encore d'écarter, par mise à l'index opinioniste, les articles équivoques ; ou encore de classer les différences d'opinion dans la catégorie du « harcèlement » et de la discrimination délictueuse, donc passible d'amende, voire d'emprisonnement.

Avec la volonté de plus en plus affichée de lutter contre le racisme, une nouvelle obsession de la race et des différences raciales émerge pour servir les besoins du mondialisme, en tant que vision du monde et même « mystique » trans-raciale (en cela également transhumaniste). Dans cette perspective, la victimisation identitaire, raciale ou sexuelle, est avant tout un mécanisme politique voué à un effort stratégique précis sur le grand échiquier de la guerre culturelle omniprésente. La focalisation actuelle sur l'oppression perçue des minorités ethniques et sexuelles et sur les droits qui leur incombent par contraste avec les privilèges « blancs », fonctionne de manière collectivement subliminale, donc principalement inavouée. Le but avoué étant, quant à lui, celui de la « justice sociale » (une finalité absolutisée et que l'on présente à l'envi comme indisputable), la société doit dès lors être radicalement transformée pour y parvenir.

D'où la rébellion structurelle, passant par une déstructuration du Logos ontologiquement suprémaciste, et le pouvoir démiurgique (magique) que les ingénieurs sociaux s'accordent de concert à donner à la subjectivité révolutionnaire des pôles victimaires en présence - incarnés, pour les besoins de la narration officielle et de sa version d'une guerre inexpiable entre oppresseurs et opprimés, par les communautés LGBTQ+, les féministes, les peuples non-blancs, et toutes les catégories identitaires susceptibles d'être présentées comme victimes d'un même ennemi mono-racial et mono-culturel.

Le postulat fondamental des théoriciens de la justice sociale, à savoir que les homosexuels, les femmes et les gens de couleur sont des victimes désignées d'une discrimination universelle structurelle, si irréversiblement systémique qu'elle peut n'agir qu'invisiblement et n'avoir nul besoin d'exister de fait dans le réel, s'impose donc comme une donnée trans-réelle. Elle doit être là, encore et toujours, comme la Covid des covidistes forcenés. Et les pouvoirs médiatiques sont là pour y veiller, de concert, pour que nous n'oubliions pas.

Le besoin de justice sociale se légitimise ici de manière quasi automatique sur la perception en partie façonnée d'une malveillance routinisée trouvant son origine et sa pérennisation dans le suprématisme Blanc, le phallocentrisme, et l'homophobie.

L'activisme des suprémacistes du genre, qui cherchent à remplacer l'origine biologique de la sexualité par la catégorisation légalisée de l'autoidentification genrée, repose en premier lieu sur une prise de distance « culturelle » par rapport aux fondements ontologiques de l'organisation hétérosexuelle de la société. Cette prise de distance, moyennant une purification et restructuration bien ciblée du langage (notamment dans l'ordre pronominal), est finalement confiée à l'arbitrage du pouvoir médiatique de l'émotionnel, pour assoir le dogme nominaliste intrinsèque à la théorie du genre, à savoir que le sexe serait une construction sociale.

L'activisme des nouveaux suprémacistes raciaux, dont le projet suprémaciste ne s'avoue pas explicitement, puisqu'il s'inscrit d'abord dans une logique raciste anti-raciste justifiée par son propre discours victimaire, cherche quant à lui l'imposition d'une « justice sociale » mondialisée, donc un remplacement de la différenciation des groupes ethniques que l'on aurait jusqu'à présent sanctionné sur la base de principes injustes de hiérarchisation blanche patriarcale (d'inspiration masculine et religieuse monothéiste). L'égalité doit impérativement primer, mais à condition de renverser d'abord, en toute contradiction assumée, l'application de cette égalité aux anciens promoteurs d'une idéologie suprémaciste raciale de couleur blanche.

L'occasion, ici, de saluer les récents travaux de Lucien Cerise [2] cernant très bien les subterfuges psycho-cognitifs du discours médiatique en forme de « discrimination positive » des immigrants en terres européennes, ainsi que le ressort idéologique inavoué (mais pourtant manifeste) du protectionnisme unilatéral accordé aux droits des peuples autochtones sur leurs territoires d'origine - unilatéral, puisque ne s'appliquant pas aux peuples autochtones blancs en tant que ces derniers forment des structures nationalistes capables d'offrir une résistance à l'expansion de la dictature mondialiste.

De notre côté, comme nous l'avions déjà montré dans  Google-isme et BLM-isme, la problématique qui nous intéresse en premier lieu est celle du démantèlement progressif de la société occidentale (phénomène d'entropie civilisationnelle orientée vers des objectifs bien précis), grâce à l'application d'abord algorithmique (« google-iste ») d'un dispositif mental de subversion sociétale et de réinvention de l'histoire sur les bases de l'idiocratie victimaire globalisée (incarnée par la geste BLM-iste). C'est en outre ce que Vladimir Poutine lui-même reconnaît et dénonce avec justesse, fort d'un sens historique incontestable. Voir, sur Réseau International, le texte récent traduit et relayé sous le titre  Les réflexions de Poutine sur le « wokeness »  :

« La lutte pour l'égalité et contre la discrimination s'est transformée en un dogmatisme agressif »... et « l'a transformée en "discrimination inversée", c'est-à-dire en racisme inversé. »

Les règles que fournit, pour l'esprit pensant, la structure du réel impliable aux désirs et aux opinions humaines, lui permettent de pouvoir écarter, s'il le veut, les préjugés qui font obstacle à l'exercice de sa saine rationalité. Au contraire, l'imposition sournoise d'un conformisme politico-culturel, selon les lois de l'infection intellectuelle collective, va agir comme un substitut tout-à-fait inconscient aux règles dispensées par la réalité, en exploitant la faiblesse des biais cognitifs, des préjugés et des effets plus ou moins sévères de l'endoctrinement éducatif des agents rationnels que sont tous les hommes. La déstructuration raciale, sexuelle, et aujourd'hui également sanitaire, fournit un tel succédané, pour concourir à la volonté révolutionnaire de produire un « homme nouveau », plus exactement un « post-homme » récusant, en l'homme, la nature humaine qui le constitue (dérogeant à l'ordre racial, à celui de la différentiation sexuelle, et à celui de la santé ordonnée à autre chose qu'elle-même) - véritable antithèse, il convient de le souligner, de l'homme pascalien (d'inspiration augustino-bonaventurienne), lequel « passe infiniment l'homme » en ce qu'il acquiert la déiformité, mais le devient par-là au sens plénier du terme.

« Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-même.... apprenez que l'homme passe infiniment l'homme... » (Pensées)

Chez Pascal, l'homme est dit « passer infiniment l'homme », mais sans châtrer ni se défaire jamais de sa propre nature, caractérisée en premier lieu par la rationalité, laquelle le constitue en propre vers la transcendance de soi-même. À contrario, le projet trans-homme, donc également transrationnel, se propose de passer l'homme en le dénaturant, en le réifiant, en le déstructurant, et en l'indifférenciant. Passant outre les principes exigés par la conception pascalienne de l'homme, la démocratie marchande et l'existentialiste révolutionnaire prônent l'anarchisme ontologique à l'endroit de la nature humaine, pour « passer l'homme », sans l'homme

Pour justifier de telles dérives, redéfinitions et refontes conceptuelles, nous soutenons que les ingénieurs sociaux contemporains se proposent, en substance, de raisonner contre la raison ; au moins de soutenir par leurs efforts psycho-littéraires dé-constructeurs que la rationalité normative n'est plus nécessaire, qu'elle représente une forme de survivance culturelle de suprémacisme racial blanc et masculin en faveur d'une vision du monde aujourd'hui surmontée et dépassée par l'accession du « wokisme » - le mouvement de ceux qui se définissent par l' « éveil » (en bon anglais, awakening, du participe awaken, indiquant la forme passive adjectivale, et non la forme verbale du passé simple woke, de to wake) à une conscience « supérieure » d'acceptation des variations intra-humaines de factures ethnico-sociétales multi-plastiques (plus officiellement, le « wokisme » consiste à promouvoir la « sensibilisation aux inégalités sociales »).

Mais ce programme, raisonner contre la raison (raisonner sur une base de dénonciation « raciale » de la raison « suprématiste »), peut-il lui-même être tenu pour rationnel (ce qu'il doit être, dans tous les cas, pour justifier ce qu'il prétend ultimement induire, à savoir un raisonnement, c'est-à-dire le produit d'un acte de raisonner) ? Immanquablement, le fait même de mettre en doute le bien-fondé de la rationalité à l'aide de la rationalité présuppose sa validité fondamentale.

Un vieux sophisme logique, qui continue peu ou prou de tourmenter les esprits, se présente ici sous la forme d'une question portant sur l'origine de l'objet considéré, à savoir le bien-fondé de la raison, question visant donc à établir la raison ultime de la raison elle-même (sans laquelle nous ne pourrions revendiquer ni exiger la moindre validité d'ordre rationnel) ; question qui, selon la méprise logique susmentionnée, peut toujours être réitérée ad nauseam par requête indéfiniment régressive de fournir une raison à la raison...

Manière de raisonner qui nous place donc en présence du problème de l'engrenage régressif sans solution que la pensée discursive tend à projeter naturellement sur la question des origines. La seule façon d'en réchapper tient dans la postulation logique d'une raison axiomatique irréductible, c'est-à-dire première - de la même manière que la saine logique oblige finalement la pensée à postuler, dans l'ordre causal universel méta-discursif, une cause qui n'est pas elle-même l'effet d'une autre cause, autrement dit une cause première.

D'aucuns objecteront à ce recours logique, pourtant complètement justifié, en alléguant quelque redéfinition de la notion de causalité (d'inspiration humienne ou russellienne), ainsi que de la nature et finalement de la fonction de la rationalité - conçue en tant que dispositif résultant de l'évolution, ce deus ex machina naturaliste, et en cela strictement réductible à ses conditions de formation et d'adaptation telles que dictées par la sélection naturelle. L'objection en appellera en outre aux présuppositions du scepticisme, particulièrement prisé lorsque la mode intellectuelle et morale porte les gens d'une époque comme la nôtre sur les flots indéfinis du penser opinioniste - du penser vécu et pratiqué sur le mode du sentir.

Les sceptiques se font une règle de ne rien assumer, pour bâtir une argumentation se voulant rationnelle sur cette absence même, craignant toute adhésion à quelques principes premiers indémontrables, et qui dès lors impliquerait d'assentir à une donnée assumée, tel un objet de croyance. Pour eux la connaissance, en sa racine, doit donc relever d'un point de départ entièrement démontrable, ou bien n'être jamais réellement possible. Et, selon cette seconde proposition, laquelle prévaut chez les théoriciens postcartésiens du doute dé-constructeur de principe, l'horizon épistémologique ne peut s'étendre au-delà de l'opinion, puisqu'il est interdit d'assumer la moindre donnée, en cela même qu'elle serait par définition donnée, donc irréductible à la démiurgie du doute relativiste principiel.

C'était le cardinal John Henry Newman qui, dans son An Essay in Aid of a Grammar of Assent (1870) [3]

Newman remarque d'abord que « le droit de poser des assomptions a été contesté », et concède que certaines formes d'assomptions injustifiées (comme celles qui ont cours, parfois, dans le cadre des recherches historiques) peuvent certes porter préjudice à l'établissement de la connaissance. Il poursuit cependant en montrant que les dérives qui emportent la méthodologie de la défiance épistémique totale l'emportent « au-delà du scepticisme raisonnable » :

« ... il y a des auteurs qui semblent être allés bien au-delà de ce scepticisme raisonnable, en posant comme proposition générale que nous n'avons pas le droit, en philosophie, de poser quelque assomption que ce soit, et que nous devrions commencer par un doute universel. Or, de toutes les assomptions, celle-ci est la plus grande, et interdire les assomptions universellement, c'est interdire celle-ci en particulier. Le doute lui-même est un état positif, il implique une certaine habitude de l'esprit et, par conséquent, un système de principes et de doctrines qui lui est propre. De plus, si rien ne doit être assumé, quelle est notre méthode de raisonnement, sinon [elle-même] une assomption ? » [4]

On le voit, à l'encontre des égarements et des prétentions d'une pensée insurrectionnelle à la mode (au sens « wokiste » du terme), il est en définitive impossible de se départir de la raison, quand bien même on voudrait faire œuvre de déconstruction (raciale ou autre) à son égard.

Remarquons enfin que la focalisation a priori contre-rationnelle de l'argumentaire politicien officiel sur la race, le genre, la préférence sexuelle, le climat, et la pandémie - focalisation ressortant en réalité de la méthode qui sous-tend le programme dont nous soulignons ici la cohérence disruptive propre -, se manifeste encore comme rationalité victimaire. Son enracinement dans l'intérêt politicien machiavélique de façonner et de manipuler des groupes entiers de victimes pour se gagner le soutien des électeurs, consommateurs insatiables de fiction politique (de concurrence et de sentimentalisme hypertrophiés), établit qu'elle relève bien du domaine de la préméditation soigneusement ordonnée à un projet bien défini.

Le détournement captateur de la souffrance et la course (électorale) à la compassion de parade jouent donc un rôle stratégique important dans l'élaboration du pouvoir politique en tant qu'il se targue de militer en faveur des personnes socialement lésées et discriminées. Il s'agit bien là d'une catégorie de la rationalité substitutive dont nous parlons ici, puisqu'il est question de tirer un profit politique calculé du phénomène de victimisation endémique, pour battre le rappel promotionnel et s'assurer le soutien de l'électorat. En contrepartie, la posture victimaire assure de plus en plus un statut social de faveur et garantit en conséquence une certaine protection des victimes, réelles ou affectées, et dès lors une certaine immunité des « victimes » parfois criminelles [cas célèbre] de l' « agression » de l'acteur et chanteur américain Jussie Smollett, noir et homosexuel (et incarnant à la télévision, à l'époque de ses prouesses auto-victimaires, un personnage « queer »). Il s'est avéré, en fin de compte, que Smollett avait lui-même orchestré le « crime de haine » dont il s'était présenté au monde entier comme la malheureuse victime, incriminant, dans une prestation digne d'un Oscar, le « suprémacisme Blanc » d'inspiration trumpiste (pour être original, il fallait certes y penser). Voir également l'article d'Israël Adam Shamir sur l'inspiration juive de l'imposteur Jussie Smollet au lien suivant :  plumenclume.org5

Dans son raisonnement contre la raison dérivée du Logos, la rationalité de substitution du trans-homme post-racial, transsexuel et covidé n'incarne en définitive rien d'autre que le programme du Forum de Davos [Mckinsey & Company], consacré au soutien de « la mission du Forum économique mondial, qui consiste à améliorer l'état du monde » : « Climate Change, Diversity, Equity, Inclusion & Social Justice, Sustainable Mobility, Pandemic » Le programme messianique des ingénieurs sociaux davosiens, sous la direction de Klaus Schwab, se consacre « à la mobilisation pionnière des dirigeants mondiaux pour définir les principes, les politiques et les partenariats nécessaires » de la Grande réinitialisation. À titre d'exemple, prenons le sujet de la « parité des sexes », placé par le Forum de 2021 « au cœur de la relance » (comprendre de la remise à zéro sur le fondement de laquelle doit reposer tout le programme de la « nouvelle normalité ») :  weforum.org6. Ce programme n'exprimant lui-même rien d'autre que la rationalité « novatrice » du grand dessein mondialiste, lequel constitue une révolution bimillénaire contre le Logos incarné et contre tout ce qui « par Lui a été fait » (cf. Jn 1, 3). En termes de répercussion théologique inéluctable (que l'on ait ou non la foi, là n'est pas ici la question), nous irons par conséquent jusqu'à affirmer que cette rétractation par rapport au Logos (rétractation révolutionnaire mais se voulant rationnelle dans son ordre inversé propre [7]) vise à proscrire, autant que faire se peut, la référence à la ressemblance exemplaire de toutes les réalités constituant le monde créé (réalités actuelles et possibles), c'est-à-dire à l'essence divine elle-même en tant qu'Expression - en tant que Verbe

Il est intéressant de noter, pour conclure cette première partie, que la Grande réinitialisation (ou remise à zéro) annonce précisément se prolonger aujourd'hui en « Grand récit », ou  « Grande narrative » [8]. Ayant fait table rase de la réalité du « monde d'avant » et de l'Exemplarité qui y préside (du Verbe qui le raconte ou le parle dans l'existence), l'initiative « Grande narrative » (on pourrait encore dire « Grande verbalisation ») est donc à l'ordre du jour. Il ressort que son objectif exprès soit de « contribuer à guider la création d'une vision plus résiliente, inclusive et durable de notre avenir collectif », dixit Klaus Schwab. Et de continuer :

« La pandémie a révélé l'extrême nécessité de se concentrer sur l'avenir et la santé à long terme de nos sociétés. L'initiative Grande narrative [Great Narrative] et la réunion de Dubaï [devant se tenir des 10 au 13 novembre prochains] seront un puissant catalyseur pour définir les contours d'un avenir plus prospère et inclusif pour l'humanité, qui soit également plus respectueux de la nature. »

Il s'agit bel et bien de fournir la donne idéologique de ce que doit être le monde nouveau, habité par une humanité nouvelle (novelle d'abord par sa santé réduite aux nouveaux « vaccins »), d'en pourvoir une narrative nouvelle, à prétention créatrice, pour édifier un ordre nouveau, expression mondialisée d'une volonté technocratique toute-puissante. Voici donc la « théologie » de la « Parole » (de la Grande narration) du Nouvel Ordre Mondial.

Ce collectivisme technologique, tel qu'il est envisagé sous le mode d'une solution progressiste impérieuse par le Forum économique mondial, est intimement lié à la panique sanitaire provoquée par la crise covidienne et ses implications économiques dévastatrices. C'est sur les ruines de ce ravage savamment coordonné que les nouveaux maîtres de la parole, les princes et les détenteurs du nouveau logos « créateur », se proposent de reconstruire Babel, et de lui donner, comme principes d'organisation interne, la primauté sanitariste (vaccination, décarbonisation, stérilisation,...), le racialisme, et l'hyper-sexualisme multi-genré (et multigénérationnel). Voici le retour de l'hubris babélien prototypique (Gn 11, 6), portant aujourd'hui encore sur l'érection et l'imposition d'un discours universel paralogique (postiche, égarant, corrupteur de concepts, et abolisseur de sens). Voici donc la Babel nouvelle, celle qui descend du « ciel » [9] de la bouche des grands chantres de la « Grande narrative » oligarchique se proposant de régner sur les corps et sur les esprits, pour le « bien » et la « concorde » des nations

Manichéisme fonctionnel : le mode de penser covidien

L'extension débridée de l'emprise étatique et technocratique sur la société au moyen de la crise sanitaire n'est certes plus à démontrer, tant le cauchemar est aujourd'hui solidement implanté au sein des populations et prédominant sur le plan pratique et psychologique. À l'heure où nous rédigeons ces lignes, il n'est pas question de la part du gouvernement français de mettre un terme à l'état d'urgence sanitaire et à toutes les dérives auxquelles donne lieu le maintien de ce régime démesuré, au regard d'une épidémie pourtant inexistante. Non qu'il n'y ait pas de virus, désigné sous le nom de SARS-CoV-2. Mais il faut être maintenu sous hypnose, ou simplement prêt à accepter une contrevérité amplement documentée [https://www.sentiweb.fr/document/5442]10

Les « parias » qui résistent encore à l'injection mondialiste, dont nous sommes et serons toujours, ont été tournés en ridicule et conspués comme les pires dangers publics depuis le début de l'enivrement « vaccinal » au service de l'entérinement du doctrinarisme sanitaire d'État, parce que nous désavouons la narrativité des pouvoirs propagandistes et plaidons pour la raison, ses principes, son universalité, etc.

Ce qui perdure malheureusement, au-delà même de ce spectacle consternant d'une France livrée à l'incompétence affichée et au mépris de ses dirigeants revendiquant l'apanage de la raison [11]

L'instauration du mode de penser covidien repose simplement sur une division de l'univers politico-social français en deux camps de citoyens : il y a ici les personnes qui se conforment, et là-bas celles qui ne le font pas ; les personnes vaccinées et les antivaccins. La prémisse tacticienne de ce manichéisme rudimentaire tient, non dans le fait de la division elle-même, mais dans celui de revendiquer, presque de pétitionner - ne serait-ce qu'implicitement, en jouant considérablement sur le pouvoir de l'émotionnel - l'injection pour tous (comme pour magiquement récuser l'existence de la fracture déclenchée par la division intentionnelle susmentionnée) pour mieux consacrer un règne visant à sa prolongation prochaine sur la base du protectionnisme sanitaire (un hygiénisme politique psycho-mental qui peut se prévaloir d'une emprise subconsciente, presque occulte, sur les masses en cela doublement inoculées).

Pourquoi faire reposer cet objectif sur une manœuvre a priori si désespérée, voire même complètement suicidaire ? N'oublions pas que les mesures politiques de préventions coercitives du modèle français de gestion de la crise Covid ont largement révélé l'an dernier l'étendue de la faillite sur laquelle n'a cessé de présider un Macron arrogant, tartufe et réprimeur. État de choses copieusement confirmé en 2021. Mais à ses propres yeux, Macron le pervers narcissique ne peut s'empêcher d'assumer et de revendiquer le rôle de sauveteur de la nation, quels que soient ses succès réels en tant que chef de l'État depuis 2017.

C'est comme si plus l'homme se dévoilait, plus la lumière se faisait sur le mensonge qu'est Macron lui-même, et plus il croyait et embrassait lui-même ce mensonge pour le voir finalement, comme par magie, encore davantage consacré (à ses propres yeux comme aux yeux de ceux qui participent activement à ce mensonge, à commencer par « Brigitte » [12]). D'où le côté et les ramifications occultes d'un tel phénomène, nous semble-t-il.

D'où, également, le phénomène particulier de mégalomanie macronienne, complexe paternaliste mal contrôlé, mais nécessaire à l'exercice d'un pouvoir ordonné à replacer la France et les Français sous l'égide toujours plus inclusive de l'État providence.

La nouvelle dimension covidique, qui englobe et conditionne toutes les autres dimensions de la vie depuis mars 2020, correspond bien à la manière césariste de penser et d'opérer de l'esprit macronien. Le directivisme sans regrets de l'ancien banquier d'affaires rothschildien se trouve ici conforté, par l'entremise d'une crise qui favorise à dessein, depuis le départ, le bâillonnement des libertés les plus fondamentales. Macron aime à l'asséner : « Quoi qu'il en coûte ! ». Certes, l'ancien bankster en sait quelque chose. Et l'autoritarisme politique consubstantiel au macronisme toujours en marche n'en déroge pas, pour motiver et consacrer, « quoi qu'il en coûte », toutes les dérives autocratiques qu'il estime justifiables pour raison d'état d'urgence sanitaire.

Ce pourquoi l'antilibéralisme macronien rime au demeurant si bien avec l'antiviralisme de son programme sanitaire acharné. Le centralisme bureaucratique y règne en maître de cérémonie, pour protéger la mise en œuvre toujours plus autocratique de raisonnements liberticides autojustifiés. L'accaparement de la « raison scientifique » vient couronner l'auto-bénédiction de l'État providence tel que personnifié par la figure de Macron lui-même, flanqué de son Conseil constitutionnel, de son Conseil d'État, et même de son « Conseil scientifique ».

La méthode Macron, c'est la méthode de l'état d'exception indéfini, de la marche vers le prolongement sans fin du passe sanitaire, vers l'incitation accentuée à faire goûter la piqûre mondialiste aux « obscurantistes » récalcitrants non-vaccinés, quand bien même la pandémie ne constitue plus une menace véritable. C'est la méthode liberticide décomplexée d'un homme se gargarisant simultanément des Droits de l'Homme et du Citoyen, dont il se considère comme le plus grand garant (ce qui serait certes la prérogative de son état présidentiel).

Le cas Macron illustre donc à lui seul le propos de notre texte : partant à la défense des valeurs des démocraties libérales, au moins en paroles, le président de la République française ne craint pas la chute dans le dirigisme sanitaire infantilisant pour circonscrire les libertés publiques de son peuple, quand bon lui semble. Macron le dirigeant pragmatique et chantre fervent des Lumières rationalistes ne craint pas plus la chute régulière dans l'irrationalisme sanitaire. Certes, « Lumières » et « liberté » sont deux maîtres mots du credo macronien. Et pourtant... Tel est l'esprit de contradiction reptilien de ces esprits rompus à la duplicité impudente.

Comme le covidisme, le macronisme n'est qu'un produit entièrement politique de sélection oligarchique. Mais, comme le covidisme encore, il est à craindre qu'il persistera, au-delà de ce premier et navrant quinquennat

Conclusion : une nouvelle rationalité pour un « homme » nouveau

La foi en la raison, fondement et instrument de la pensée dite « libérale », a donné naissance à l'humanisme au nom duquel tant d'inhumanités ont été commises depuis la Révolution française jusqu'à aujourd'hui. La Révolution organisée et menée contre l'influence du Logos est encore d'un autre ordre, en ce qu'elle ne cherche pas les « Lumières » de l'hubris rationaliste, qu'elle suppose déjà, de droit, en sa possession. Il s'agit aujourd'hui d'aller beaucoup plus loin, de donner naissance à un nouveau « Discours », à une nouvelle « Parole » de « création » visant à légitimer un nouveau « Logos » opérant contre la raison connaturelle à la nature humaine.

Le mondialisme, compris ici comme ce nouveau « Logos » fondateur de sens alternatif et d'organisation subversive du monde, incorpore en lui-même les mécanismes fondamentaux du socialisme et du capitalisme. C'est lui, « Principe » régulateur nouveau, qui prescrit les règles de la gouvernance mondiale, c'est-à-dire de la gestion centralisée et du contrôle législatif, politique et monétaire sur des fondements supranationaux. De lui sort donc la nouvelle société universelle, celle de l'assimilation de la culture, de la politique et du marché économique sans frontières. Ce « Logos » ne différencie plus, il assimile, pour imposer une uniformité de pensée et de comportement (une « Grande narrative ») à travers tout son empire.

Le phénomène du multiculturalisme manifeste cette unification programmative vers ce que nous avons appelé ici le « trans-homme », l'homme qui passe l'homme sans l'homme, notamment au moyen du façonnement d'hommes génétiquement modifiés, transsexualisés et trans-raciaux.

Pour parvenir à normaliser effectivement l'idéologie du multiculturalisme, il était nécessaire au « Logos » mondialisant de définir une « nouvelle moralité », un système de valeurs et de croyances dérivées des principes de l'hégémonie culturelle progressiste. En pratique, ce système repose sur ce que nous avons appelé ici, comme dans d'autres textes, l'opinionisme.

Ayant accepté cet outil d'oppression et de confusion intellectuelle pour faire de la « justice sociale » au nom d'enjeux politiques identitaires, on finit sans tarder par s'enfoncer dans ses contradictions internes inéluctables. Et tel est le propre du mode de penser (covidien et autres) imposé aujourd'hui par la tyrannie du politiquement correct au service du « Logos » de l'indifférenciation mondialiste : la soumission servile à la classe dirigeante.

Or la conformation de la population au programme de la « Grande narrative » des utopistes de la « Grande remise à zéro » ne signifie rien d'autre que la fin de la civilisation telle qu'elle repose sur les critères du Logos à proprement parler - la mise à mort du « monde d'avant » pour forger, moyennant le « Logos » révolutionnaire de l'inversion systématique (proprement luciférienne), une nouvelle réalité (historique, raciale, sanitaire) reposant sur les critères de l'antiracisme, de LGBT-isme, de la reproduction artificielle (contrôlée de manière techno-scientifique), de l'environnementalisme post-industriel, et de l'hygiénisme totalitaire.

C'est cette fausse rationalité, destinée à guider l' « homme » nouveau jusqu'aux fonds des enfers de l'hubris et de l'absurde, que nous rejetons de toutes nos forces.

Demeure sauve, à contrario, la vraie et pérenne rationalité, prenant une part active et libre dans tout acte authentiquement humain de connaissance et d'affinité harmonieuse aux « raisons exemplaires » (rationes exemplares), dirait un saint Bonaventure. En effet, la ressemblance exemplaire par laquelle les formes intelligibles et sensibles du monde expriment leurs natures respectives se rapporte, en dernière instance, à l'essence divine elle-même, qui est une avec le Logos véritable. Là réside la liberté ultime de l'esprit proprement rationnel, à savoir dans son adhésion cognitive à la règle de « l'Art suprême en tant que lumière et vérité » [13].

« Haec autem portio superior est illa, in qua est imago Dei, quae et aeternis regulis inhaerescit et per eas quidquid definit certitudinaliter iudicat et definit ; et hoc competit ei, in quantum est imago Dei. » [14]

C'est ce que dira lui aussi, à sa manière, le poète Rilke, en ces termes :

« "Le sentiment que l'on est créateur..." [donc libre] n'est rien sans cette confirmation perpétuelle et universelle du monde, sans l'approbation mille fois répétée des choses et des animaux... Dans le profond tout est loi [règle, logos]. » [15]

Puis, en référence à Dieu, que l'on attend - comme un enfant - dans l'acte de s'unir le réel en état de donation gratuite (dans l'acte de connaissance du monde où se manifeste, pour l'intelligence, la trace de son Créateur) :

« Le moins que nous puissions faire, c'est de ne pas plus Lui résister que ne résiste la Terre au Printemps, quand il vient. » [16]

  1. Eugene Michael Jones,  L'esprit révolutionnaire juif, et son impact sur l'histoire du monde, aux Éditions Saint-Remi, 2020.
  2. Lucien Cerise,  Le suprémacisme blanc - Peuples autochtones et Great Reset, aux éditions Culture et racines, 2021.
  3. En français, Grammaire de l'assentiment.
  4. "there are writers who seem to have gone far beyond this reasonable skepticism, laying down as a general proposition that we have no right in philosophy to make any assumption whatever, and that we ought to begin with a universal doubt. This, however, is of all assumptions the greatest, and to forbid assumptions universally is to forbid this one in particular. Doubt itself is a positive state, and implies a definite habit of mind, and thereby necessarily involves a system of principles and doctrines all its own. Again, if nothing is to be assumed, what is our very method of reasoning but [itself] an assumption?" John Henry Newman, An Essay in aid of a Grammar of Assent, University of Notre Dame Press, 1979, p. 294.
  5. Par exemple, le cas célèbre de l' « agression » de l'acteur et chanteur américain Jussie Smollett, noir et homosexuel (et incarnant à la télévision, à l'époque de ses prouesses auto-victimaires, un personnage « queer »). Il s'est avéré, en fin de compte, que Smollett avait lui-même orchestré le « crime de haine » dont il s'était présenté au monde entier comme la malheureuse victime, incriminant, dans une prestation digne d'un Oscar, le « suprémacisme Blanc » d'inspiration trumpiste (pour être original, il fallait certes y penser). Voir également l'article d'Israël Adam Shamir sur l'inspiration juive de l'imposteur Jussie Smollet au lien suivant :  plumenclume.org.
  6.  weforum.org. Une vue détaillée de la plate-forme programmatique du Forum économique mondial est ici donnée par l'un de ses partenaires stratégiques,  Mckinsey & Company, consacré au soutien de « la mission du Forum économique mondial, qui consiste à améliorer l'état du monde » : « Climate Change, Diversity, Equity, Inclusion & Social Justice, Sustainable Mobility, Pandemic » Le programme messianique des ingénieurs sociaux davosiens, sous la direction de Klaus Schwab, se consacre « à la mobilisation pionnière des dirigeants mondiaux pour définir les principes, les politiques et les partenariats nécessaires » de la Grande réinitialisation. À titre d'exemple, prenons le sujet de la « parité des sexes », placé par le Forum de 2021 « au cœur de la relance » (comprendre de la remise à zéro sur le fondement de laquelle doit reposer tout le programme de la « nouvelle normalité ») :  weforum.org.
  7. Et par-là stricto sensu satanique.
  8.  weforum.org.
  9. Par opposition à la Jérusalem nouvelle, la cité sainte descendant du Ciel « d'auprès de Dieu, préparée comme une épouse parée pour son Époux... » (Apo 21, 2)
  10. Voir les dernières données observées par la  surveillance Sentinelles pour la semaine 42 de l'année 2021, du 18 au 24/10/21, en ce qu'elles se rapportent aux infections respiratoires aiguës (IRA), comprenant la « Covid-19, la grippe et les autres virus respiratoires » :  sentiweb.fr.
  11. C'est bien cette auto-gratification d'un gouvernement pourtant en pleine faillite avérée de la raison (au nom véridique) qui a pu faire dire à un Macron, toujours lyrique et façonnier : « Nous sommes le pays des Lumières et de Pasteur, la raison et la science doivent nous guider ». Les représentants de la classe politico-médiatique élitaire, ne pouvant contenir leur complexe de supériorité inspiré de « la raison et de la science » (sic), n'ont pas manqué en conséquence de cracher sur les Français mobilisés contre le passe sanitaire, et de les brosser, entre autres qualifications injurieuses, comme des « égoïstes » et des « incultes obscurantistes ». Pour ce qui est d'argumenter rationnellement (les « Lumières et Pasteur » n'y obligent-ils pas ?), on est en droit ici de se demander si ces élites sont conscientes ou non qu'un tel exercice nécessite tout de même un peu plus de travail que la simple profération de caricatures et d'insultes de collégiens rancuniers.
  12. Voir le dernier numéro (501) de  Faits & Documents, qui présente le cinquième volet d'une enquête consacrée au « Mystère Brigitte Macron ».
  13. « ... artem supernam ut ad lucem et veritatem...» Saint Bonaventure, Quaestiones disputatae de scίentia Christi, q. 4.
  14. « C'est la partie supérieure de l'âme, image de Dieu, qui adhère aux règles éternelles et qui, grâce à elle, juge et détermine tout ce qu'elle définit. Et cela lui revient en tant qu'elle est image de Dieu. » Ibid.
  15. Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, IVe lettre,  16 juillet 1903.
  16. Ibid., VIe lettre,  23 décembre 1903.

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