11/11/2021 infomigrants.net  4min #197730

Calais : une semaine après l'ouverture du nouveau sas, « les expulsions en flagrance continuent »

Des gendarmes démantèlent un campement de migrants à Calais, en octobre 2019. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Une semaine après son ouverture, près de 1 400 personnes ont été accueillies dans le "centre d'accueil temporaire" ouvert à Calais, soit en moyenne 197 personnes chaque nuit, selon la préfecture. De grandes tentes blanches et 300 lits de camps ont été installées pour abriter les migrants, acheminés en bus après leur expulsion d'un campement.

Sur place, ils disposent d'une collation, de prises électriques pour recharger leur téléphone, de sanitaires, d'une brosse à dents ou encore d'une paire de tongs, détaille l'AFP. Sur les murs, des affiches rappellent les dangers liés à la traversée de la Manche en bateau.

"Pour ceux qui le souhaitent, des personnes de l'association locale mandatée sur place leur expliquent les démarches à suivre pour déposer une demande d'asile", avait indiqué le directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), Didier Leschi, à  InfoMigrants.

Ce nouveau sas est une des mesures appliquées par l'État à la suite de la médiation menée avec  les grévistes de la faim. Situé à 4 km du centre-ville, dans la zone des dunes, le hangar avait déjà accueilli, ponctuellement, des exilés lors des périodes de grand froid.

Le sas, d'une capacité de 300 places, est situé dans la zone des dunes, à Calais. Crédit : DR

Les migrants peuvent désormais y passer la nuit, mais doivent quitter les lieux à 8h30. Ils sont ensuite redirigés vers des hébergements plus pérennes en dehors de Calais, dans "des foyers ou des centres d'accueil", "essentiellement dans les Hauts-de-France", avait précisé le directeur de l'Ofii. Pour autant, "tous ne souhaitent pas être conduits dans ces hébergements". Dans ce cas, ils sont alors contraints de quitter le bâtiment, et repartent dans le Calaisis.

La structure, d'une capacité de 300 places, a été mise en avant et défendue par Didier Leschi pour convaincre les militants de cesser la grève. Selon lui, "les revendications ont été prises en compte et des réponses ont été apportées" par l'État, a-t-il insisté auprès de l'AFP.

"Les évacuations en flagrance" continuent

Mais pour les grévistes Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, comme pour les associations qui les soutiennent, le sas et la fin annoncée des "évacuations surprises" ne suffisent pas. "Nous ne nous opposons pas à la structure en soi. Mais celle-ci ne répond pas à notre revendication principale : l'arrêt des traitements inhumains et dégradants sur les exilés, et une trêve des expulsions de cinq mois, pour l'hiver", explique Clara Houin, leur porte-parole.

D'après la militante, les "évacuations en flagrance, sans proposition de mises à l'abri" continuent dans le Calaisis, malgré la mise en place du sas. "Les affaires personnelles et les tentes des exilés sont toujours confisquées, affirment-elle. La seule chose qui ait changé, c'est que ces expulsions ont lieu tous les trois jours, au lieu de deux auparavant". Dimanche 7 novembre, un camp a été démantelé à Calais, lors duquel "police et CRS sont passés en force, gazant et nassant le groupe. Aucune sommation, aucune base légale, aucune traduction. Opération illégale", dénonce Utopia 56.

Nouvelle expulsion de campement ce matin à Calais, 50 militant·es tentent de l'empêcher pacifiquement, sur le même lieu que jeudi dernier. Police et CRS sont passés en force, gazant et nassant le groupe. Aucune sommation, aucune base légale, aucune traduction. Opération illégale

"À chaque évacuation ou démantèlement, des mises à l'abri sont proposées, insiste de son côté Didier Leschi. Les migrants sont conduits au sas, s'ils le souhaitent. Tous ne l'acceptent pas".

Des migrants "affamés"

Un mois après le début de la grève, le dialogue est dans l'impasse. Le 8 novembre, les associations ont d'ailleurs décliné l'invitation de la sous-préfète Véronique Deprez à une réunion sur la question, en présence du directeur de l'Ofii.

En cause ? La poursuite des expulsions, donc, mais aussi "l'arrêt des distributions d'eau et de nourriture depuis le 4 novembre" à Marck, "où survivent plusieurs centaines de personnes exilées", affirme Utopia 56 dans une lettre ouverte à la sous-préfète. D'après l'association, certains migrants, "affamés", n'ont pu accéder aux distributions de l'État "depuis sept jours".

" Entre 700 à 900 repas sont distribués chaque jour aux exilés par La Vie active, répond Didier Leschi,  la seule association mandatée par l'État pour la distribution de nourriture dans le centre-ville de Calais. Où près de 2 000 migrants patientent dans l'espoir de traverser la Manche.

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