À Vilnius, Tallinn et Riga, le Premier ministre polonais est donc venu montrer que les quatre chefs de gouvernement sont bien sur la même longueur d'ondes en ce qui concerne la réponse à donner à la crise, souligne notre correspondante en Lituanie, Marielle Vitureau.
Mateusz Morawiecki l'a martelé : c'est le début d'une longue crise orchestrée par le dirigeant biélorusse et peut-être le Kremlin. "Aujourd'hui, la cible est la Pologne, mais demain, ce sera l'Allemagne, la Belgique, la France ou l'Espagne", a-t-il affirmé, dénonçant "le soutien par derrière de Vladimir Poutine", le président russe à son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko. Il en veut pour preuve la situation qui se tend en Ukraine avec le déplacement de détachements militaires russes à ses frontières ou encore la pression sur la Moldavie pour provoquer une crise énergétique.
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"Sur la frontière orientale de la Pologne, nous sommes confrontés à un nouveau type de guerre, une guerre dans laquelle les migrants sont des armes, la désinformation est une arme, une guerre hybride" contre l'Union europénne lancée par Alexandre Loukachenko, a dénoncé le chef du gouvernement polonais.
Sur Twitter, Mateusz Morawiecki est allé plus loin : "C'est la plus grande tentative de déstabilisation de l'Europe depuis 30 ans. La Pologne ne cédera pas au chantage et fera tout pour défendre les frontières de l'UE."
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Pour que cette "guerre hybride" cesse, il faut renforcer les pressions sur la Biélorussie, mais surtout et encore, les pays concernés ne doivent pas rester à l'écart des décisions, a précisé pour sa part la Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte. Depuis le 9 novembre, son pays a déclaré l'état d'urgence le long de la frontière. En Estonie, pour parer à toute éventualité, plus de 1 500 réservistes de l'armée ont été appelés pour une semaine d'exercices.
Détourner l'attention
Le chef du gouvernement polonais a fait ces déclarations au moment où il part pour une tournée en Europe, dans un contexte de tensions de plus en plus fortes avec Bruxelles qui accuse Varsovie de ne pas respecter ses engagements sur les principes démocratiques de l'UE et a menacé vendredi 19 novembre d'une éventuelle suspension de fonds européens.
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En Lituanie, Mateusz Morawiecki a appelé l'Europe à "ne pas laisser les problèmes qui sont discutés actuellement entre nous et Bruxelles éclipser l'énorme risque réel qui pointe à l'horizon".
Des observateurs estiment toutefois que la rhétorique de Varsovie sur cette crise est surtout destinée à détourner l'attention de ses réformes, dont l'UE estime qu'elles limitent l'indépendance de la justice. "C'est vrai que le problème à la frontière est sérieux et requiert une solidarité de la part de l'Europe occidentale, mais M. Morawiecki dramatise les choses pour détourner l'attention de sa violation de l'État de droit", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Marcin Zaborowski, directeur politique du think tank Globsec.