07/12/2021 francesoir.fr  3 min #198974

La santé mentale fragilisée des Français devient un « problème de santé publique »

Unsplash

Différentes études confirment la hausse des taux d'anxiété et de dépression en France depuis mars 2020. C'est le cas du dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié le 23 novembre par l'agence Santé publique France (SPF), et consacré aux états anxieux et dépressifs des actifs. Le  rapport signale que les mesures de distanciation sociale et les nouvelles formes de travail à distance ont été des nouvelles sources de risque pour la santé mentale.

L'anxiété a fluctué au gré des vagues épidémiques

Pendant la première vague, les états anxieux et dépressifs ont explosé : au début du premier confinement, 30,5% des actifs présentaient une symptomatologie anxieuse, surtout ceux en situation d'arrêt de travail. La fragilité mentale des Français est ensuite retombée à 20% pour l'anxiété et 13 % pour la dépression, avec le déconfinement, l'allègement des mesures sanitaires. Elle est par contre repartie à la hausse de façon stable à partir du deuxième confinement en octobre 2020.

La santé mentale des artisans, commerçants et chefs d'entreprises durement affectée

Ces états de détresse psychologique ont été plus durement perçus par les artisans, commerçants et chefs d'entreprises, ainsi que parmi les employés. Sur les trois périodes, la dépression s'est manifestée davantage chez les personnes qui considéraient leur situation financière comme étant "juste" ou difficile, surtout chez celles qui avaient déjà été suivies pour des problèmes d'ordre psychologique avant mars 2020. Concernant l'impact du télétravail sur toutes les périodes, le risque d'état dépressif était plus faible pour les personnes pouvant travailler en dehors de leur domicile, car cela permettait de rompre un certain isolement et d'avoir davantage d'échanges avec autrui.

Culture, finance, assurances ont plus de risques d'anxiété et de dépression

Les secteurs de la finance, des assurances, et de la culture (arts, spectacle et divertissement) sont ceux dans lesquels les travailleurs ont le plus de risque de connaître de l'anxiété et des épisodes de dépression. Au contraire, les actifs des secteurs de la santé et de l'action sociale sont moins exposés. Concernant la dépression spécifiquement, les enseignants sont les plus à risque, et ce risque est le plus faible pour les travailleurs de la santé et de l'action sociale, de l'administration publique et des activités spécialisées et scientifiques. Il faut aussi signaler qu'aucune différence selon le genre n'était constatée en matière de dépression, là où les études trouvent généralement des prévalences plus importantes chez les femmes. En outre, des facteurs socio-économiques ont été pris en compte, comme les conditions de vie et de travail défavorables. Les résultats ont montré que les personnes vivant seules, dans un logement exigu, ou ayant un enfant de 16 ans ou moins au sein de leur logement, avaient un risque accru de présenter une symptomatologie anxieuse ou dépressive.

Une attention particulière pour la santé mentale des enseignants et des professionnels de la culture

L'anxiété est une réaction adaptative normale à cette situation exceptionnelle. Mais la poursuite des "politiques sanitaires" pendant de longs mois provoque le maintien dans le temps d'un niveau d'anxiété élevé touchant une partie non négligeable de la population, ce qui peut devenir un problème de santé publique, expliquent les auteurs. Ils recommandent pour cela d'être spécialement attentif à la situation des travailleurs du secteur des arts, spectacles et autres activités récréatives, et de l'enseignement, qui semblent être plus vulnérables psychologiquement face à une pandémie prolongée dans le temps.

 francesoir.fr

 Commenter