08/03/2022 dedefensa.org  21min #203530

 Ukrisis-1 : Face à la folie et au Système

Ukrisis-5 : Wsws.org à la manœuvre

 Ouverture libre

• De nombreux textes de la presse dissidente décrivent l'état catastrophique, totalitaire, orwellien,  déterministe-narrativiste où se trouve plongé  le bloc-BAO, dans une 'Ukrisis' universelle comme dans une sphère de paroxysme. • Le site trotskiste 'WSWS.org', sorti d'une période de simulacre-idéologisée dont il a le secret, s'envole dans des textes extraordinairement critique de l'état de l'esprit du bloc-BAO. • La rigueur et la hargne de WSWS.org font merveille et pénètrent aisément la structure molle et peu cohérente de la 'demencia selenis' du Système.

Nous avons toujours eu des hauts et des bas avec le site trotskiste 'WSWS.org' qui se veut la voix officielle de la IVème Internationale, dont le travail et la documentation pour les sujets choisis, mis à part les couplets sempiternels et soûlants sur l'endoctrinement et la lutte des classes populaires, sont d'un sérieux et d'une rigueur exemplaires. D'autre part, certaines périodes où domine une narrative de fascisme et de putsch fasciste sont particulièrement sévères et épuisantes à suivre quand on s'y met par erreur, et donc, très-très vite abandonnées. Cela fait que durant toute la période des deux dernières années Trump, puis des remous autour de la grandiloquente et grotesquement absurde "insurrection" du 6 janvier 2021, nous avons laissé le site trotskiste 'WSWS.org' à ses fantasmes. Les derniers mois l'ont vu se plonger dans une sorte de 'micro management' de la  Grande Crise, allant de grève en grève souvent parcellaires aux USA comme l'on retourne aux sources. Pendant toutes ces périodes, 'WSWS.org' fut particulièrement assommant et abrutissant pour qui entend avoir une vision d'ensemble de la situation, disons une  vérité-de-situation.

Puis tout bascule avec l'"opération militaire spéciale" en Ukraine. Du jour au lendemain, 'WSWS.org' se déchaîne et multiplie les textes sur la crise, dénonçant essentiellement l'extraordinaire censure conformiste ou conformisme autocensuré qui s'abat comme une chape d'un plomb liquide (particularité de notre totalitarisme-soft et donc d'autant plus impudent), plomb collant et étouffant, qui façonne les esprits, - s'abattant sur le bloc-BAO, particulièrement sur les USA pour 'WSWS.org'. Du coup, les qualités techniques rendant insupportables certains sujets, deviennent ici incisifs, redoutablement efficaces, avec toujours une stricte documentation et une rigidité de logique implacable, et aussi une absence de la moindre crainte de dire tout ce qui doit être dit. (Un peu à l'image de la trotskiste française  Nathalie Arthaud.)

On s'attarde à ce cas de 'WSWS.org' parce qu'il s'agit d'un exemple, d'un aspect assez remarquable de la valse folle des positions des uns par rapport aux autres, de la relativité extrême des "lignes", de l'extrême vacuité des étiquettes volant dans tous les sens, de l'ami temporaire devenait ennemi pour la période, au rythme crisique fou de la communication ; la seule possibilité de stabilité du jugement étant de disposer d'une référence supérieure, fixe, ultime et hors des manigances de la folie humaine (pour nous, on s'en doute, Système et antiSystème, avec charge d'identifier les positions variant follement des acteurs.)

Du coup (suite), 'WSWS.org' devient une source privilégiée et très sûre, et une source amie, - ce qui ne doit pas l'enchanter s'il le savait ! Mais peu nous chaut puisqu'il ('WSWS.org') devient alors un instrument de notre bataille antiSystème comme nous savons faire d'un allié de circonstance temporaire à l'autre, sans le moindre souci de perdre notre âme car nous savons parfaitement montrer la souplesse qu'il faut au service d'un but intransigeant qui nous structure bien plus que tous les trotskiste du monde et autres alliés de circonstance... Jamais plus libre que lorsque nous utilisons à notre avantage cette sorte d'alliance de circonstance sans la moindre vulnérabilité au sabir idéologique, avec une tenue d'acier inexpugnable. Si les trotskiste ont une idéologie de fer, ce n'est que du fer-blanc comparée à notre référence qui est de la matière la plus forte et la plus admirable ; comme celle de Rodin vu par Daniel-Rops, si l'on veut :

« Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice... », notre "volonté créatrice" passe tout le reste, haut la plume.

L'Ukraine et sa 'Ukrisis' donc, avec son 'Ukhubris'... Voici deux texte de 'WSWS.org' qui tracent un véridique portait catastrophique de l'Amérique, esprit et hystérie fusionnés, bellicisme monstrueux et affichée sinon revendiquée pour le coup, crûment décrit comme brutalement renversée dans la narrative du totalitarisme-soft devenu d'une brutalité terrifiante, avec ses monstrueux débordements.

Pour ce qui est du sens, cela contraste totalement, absolument avec la situation dans nombre de pays hors-BAO, rassemblant la zone Sud du bloc atlantiste qui se rassemble de plus en plus dans un extrémisme contraire. L'exemple du président pakistanais ayant reçu une lettre collective signée de la représentation de douze pays du bloc-BAO au Pakistan le pressant sous la menace de s'aligner sur les USA, répondant  avec colère et mépris :

« Que croyez-vous que nous sommes ? Que nous sommes vos esclaves ?... Croyez-vous que tout ce que vous nous enjoignez de faire, nous le ferons ? » (Le Pakistan a évidemment, comme bien d'autres, refusé de condamner-sanctionner la Russie à l'ONU.)

Il ne fait aucun doute que la fantastique guerre de la communication menée par le bloc a installé dans les pays atlantistes une perception, sinon une narrative absolument extrême projetant toute la responsabilité, jusqu'aux origines, de la situation sur la Russie, alimentée par un courant de haine hystérique sans précédent. Ce problème est immense, parce qu'il fait s'interroger sur la possibilité du rétablissement d'une certaine perception commune entre les deux antagonismes, au niveau des directions et des opinions publiques, nécessaire à une orientation vers une sorte d'arrangement mettant fin à l'extrême tension actuelle. C'est l'enjeu de loin le plus grave aujourd'hui, parce qu'il conditionne la possibilité d'une extension du conflit aux affrontements les plus catastrophiques, à moins que, selon un "d'ici là" hypothétique, des prolongements catastrophiques des structures économiques et financières du bloc-BAO provoquent des effets inattendus.

Les deux textes de 'WSWS.org' donnent justement une observation très réaliste, et extrêmement vigoureuse, à-la-trotskiste, de cette situation intérieure de perception et de communication aux USA.
• Le premier, publié sous le texte initial de « La campagne antirusse hystérique et la volonté des États-Unis et de l'OTAN de faire la guerre à la Russie », du  5 mars 2022.
• Le second, publié sous le titre de « Les demandes pour une guerre entre les États-Unis et la Russie se multiplient à Washington », du  7 mars 2022, est essentiellement une revue des déclarations publiques de responsables à Washington D.C.

(Nous avons modifié les titres, en gardant complètement leur sens, pour les habituelles raisons dites technico-esthétiques.)

dedefensa.org

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L'hystérie antirusse et la volonté de guerre

Les campagnes de propagande idéologique menées pour justifier les guerres impérialistes du passé reposaient invariablement sur des déformations, des fabrications et des mensonges purs et simples. Comme l'a observé l'écrivain Stefan Zweig dans ses souvenirs du déclenchement de la Première Guerre mondiale,

« Toutes les nations belligérantes étaient déjà dans un état de surexcitation et la pire rumeur était immédiatement transformée en vérité, la calomnie la plus absurde était crue. »

C'est ainsi que pendant la semaine qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par Poutine, la campagne antirusse hystérique menée par les médias [de la presseSystème] et des sections de la classe moyenne dans le but de légitimer la volonté de guerre des États-Unis et de l'OTAN a pris des proportions horrifiantes. Des chanteurs, des artistes, des chefs d'orchestre, des produits et même des chats sont exclus ou bannis uniquement en raison de leur nationalité ou de leur origine russe.

Mardi, le maire de Munich, Dieter Reiter, a annoncé le licenciement immédiat du chef d'orchestre russe Valery Gergiev de son poste de chef d'orchestre principal du Philharmonique de Munich. Reiter, un social-démocrate, a lancé un ultimatum à Gergiev peu après l'invasion de l'Ukraine par Poutine : soit il critiquait publiquement le gouvernement russe, soit il était licencié. Gergiev n'ayant pas répondu, Reiter a annulé tous les contrats avec le chef d'orchestre mondialement connu, avec effet immédiat.

La soprano vedette Anna Netrebko a subi un sort similaire au Metropolitan Opera de New York. Après une campagne soutenue du New York Times sur les « liens avec Poutine » de Netrebko, c'est-à-dire sa nationalité russe, Netrebko a renoncé à ses prochains engagements au Met et au Staatsoper de Berlin. Dans une déclaration affirmant son opposition à la guerre, Netrebko a déclaré :

« Il n'est pas juste de forcer les artistes, ou toute autre personnalité, à exprimer leurs opinions politiques en public et à dénoncer leur patrie. »

Un traitement tout aussi brutal a été réservé aux cinéastes russes, qui ont effectivement été interdits de festivals internationaux de cinéma, et aux athlètes, qui se sont vus interdire de participer aux Jeux paralympiques, à la Coupe du monde de football et à d'autres compétitions sportives. Les détaillants d'Amérique du Nord et d'Europe ont retiré les produits russes de leurs rayons. Une université italienne est allée jusqu'à tenter d'interdire un cours de littérature basé sur les romans de Fiodor Dostoïevski, romancier russe mort en 1881 après avoir écrit des œuvres emblématiques de la littérature mondiale comme 'Crime et châtiment' et 'Les Frères Karamazov'. L'université de Milano Bicocca n'a cédé qu'après un tollé général.

Cette campagne chauvine est menée par une partie de la classe moyenne supérieure infectée par la fièvre de la guerre. Des médias, des universitaires et des scientifiques qui devraient être mieux informés ont avalé la propagande pro-guerre de l'impérialisme américain et des puissances de l'OTAN, selon laquelle le monde était un paradis pacifique jusqu'à ce que le génie du mal Vladimir Poutine envoie des troupes russes en Ukraine le 24 février 2022. Ils ont applaudi les sanctions imposées à la Russie, qui équivalent à une guerre économique et dévasteront la population, et applaudi le renforcement militaire massif des puissances de l'OTAN dans toute l'Europe de l'Est.

Il ne semble être venu à l'esprit d'aucun d'entre eux qu'il existe une base de principe, de gauche, pour s'opposer à l'invasion réactionnaire de l'Ukraine par Poutine, qu'il a justifiée en invoquant le chauvinisme russe de droite.

Cette opposition, enracinée dans la lutte pour unifier les travailleurs en Ukraine, en Russie et au niveau international dans un mouvement anti-guerre mondial, n'exige pas que l'on s'adapte aux intérêts prédateurs des puissances impérialistes ou que l'on dissimule le rôle du fascisme en Ukraine. Cela ne nous oblige pas à garder un silence honteux sur le fait que parmi les alliés des puissances de l'OTAN dans leur bataille pour une "Ukraine démocratique et indépendante" se trouvent des nationalistes d'extrême droite et des fascistes dont les ancêtres politiques ont collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Parmi ces couches complaisantes de la classe moyenne, aucun examen critique de ces questions historiques et politiques soulevées par la guerre Ukraine-Russie n'est autorisé. Comme le notait hier le 'World Socialist Web Site',

« ... [D]ans les reportages sur le conflit, la distinction entre journalisme et propagande a été effacée. Tout est présenté en noir et blanc, et les médias ne laissent aucun espace au cerveau pour travailler. Selon le récit universel, la Russie a envahi l'Ukraine parce qu'il y a un monstre appelé Poutine, tout comme il y avait des monstres nommés Saddam Hussein, Oussama Ben Laden et Slobodan Milosevic.

» Les universitaires érudits, - même ceux qui se sont attaqués pendant des décennies au problème complexe de la causalité historique, - sont dans un état d'effondrement intellectuel et se contentent de laisser CNN, MSNBC et, bien sûr, le New York Times, penser pour eux. »

En écoutant les conférences des directeurs de compagnies d'opéra, des responsables sportifs et des universitaires qui tentent de justifier le bannissement de tout ce qui est russe, on ne réaliserait jamais que l'impérialisme américain et ses alliés de l'OTAN ont mené une guerre ininterrompue au cours des trois dernières décennies. Aucune de ces personnes ou institutions n'a demandé aux musiciens ou artistes américains de répondre des horribles crimes de guerre des administrations Clinton, Bush ou Obama, notamment le bombardement sauvage de la Serbie, l'invasion de l'Irak, les programmes de torture dans les 'black sites', les assassinats du "mardi de la terreur" et le massacre de civils en Afghanistan, en Libye, en Syrie et ailleurs.

Aucun artiste qui a accepté un prix du gouvernement américain, qui s'est produit à la Maison Blanche ou qui a servi de conseiller universitaire ou scientifique au gouvernement n'a été menacé d'exclusion et de la fin effective de sa carrière professionnelle en raison des guerres de pillage de l'impérialisme américain, qui, selon des estimations prudentes, ont entraîné la mort de quelque quatre millions de personnes.

Bon nombre des mêmes personnes qui s'emploient à attiser l'hystérie antirusse n'ont pas été moins véhémentes dans leurs dénonciations des interdictions imposées aux universitaires israéliens pour protester contre l'oppression brutale des Palestiniens par le régime sioniste. Dans la bande de Gaza, la population appauvrie est confrontée à la violence aveugle de l'armée israélienne dans des conditions que les organisations humanitaires ont comparées à une prison à ciel ouvert. Pourtant, lorsque les partisans de la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) demandent la suspension des liens avec les universitaires israéliens et l'interdiction des produits israéliens, ils sont régulièrement vilipendés comme "antisémites". En 2019, 27 États américains avaient adopté des lois interdisant aux agences gouvernementales et aux employés de faire des affaires avec toute personne soutenant le boycott d'Israël.

Les couches pro-guerre de la classe moyenne supérieure ne voient rien de mal dans ces deux poids deux mesures grossiers, car elles ont depuis longtemps fait leur paix avec l'impérialisme américain et européen. Pendant la guerre aérienne de l'OTAN contre la Serbie en 1999, au cours de laquelle l'armée de l'air allemande a participé pour la première fois à une guerre depuis la Seconde Guerre mondiale, il ne manquait pas d'intellectuels et d'anciens politiciens radicaux prêts à justifier le massacre d'hommes, de femmes et d'enfants serbes par un blabla hypocrite sur la protection des "droits de l'homme" par les avions de guerre de l'OTAN.

Expliquant les racines matérielles de ce phénomène, le président du comité de rédaction de WSWS International, David North, écrivait en 1999 :

« La structure sociale et les relations de classe de tous les grands pays capitalistes ont été profondément affectées par le boom boursier qui a débuté au début des années 1980. La hausse constante de la valeur des actions, et en particulier l'explosion des valorisations boursières depuis 1995, a permis à une partie importante de la classe moyenne, - en particulier parmi l'élite professionnelle - d'accéder à un degré de richesse qu'elle n'aurait pu imaginer au début de sa carrière. Ceux qui se sont effectivement enrichis représentent un pourcentage relativement faible de la population. Mais en termes de fortune, les "nouveaux riches" représentent une strate sociale importante et politiquement puissante. » ['After the Slaughter : Leçons politiques de la guerre des Balkans', inclus dans 'A Quarter Century of War : The US Drive for Global Hegemony, 1990-2016'].

Cette couche sociale est maintenant déterminée à fournir la justification idéologique d'une guerre catastrophique entre l'alliance de l'OTAN dirigée par l'impérialisme américain et la Russie, - un conflit qui serait mené avec des armes nucléaires. En effet, la sauvagerie de la campagne anti-Russie qu'ils mènent ne peut être comparée qu'à la diabolisation des nations ennemies en état de guerre.

Même le quotidien canadien de droite National Post, qui soutient fermement la campagne de guerre de l'OTAN contre la Russie, a écrit quelque peu nerveusement vendredi :

« Tout cela ressemble un peu aux premiers mois de la Première Guerre mondiale, lorsque le Canada et l'Empire britannique au sens large ont fébrilement renommé tout ce qui avait ne serait-ce qu'un soupçon d'association avec l'Allemagne. Berlin, en Ontario, a été rebaptisée Kitchener. Les communautés albertaines de Bingen, Carlstadt et Dusseldorf ont toutes reçu des noms plus patriotiques. Et la famille royale a même changé son nom, passant de la Maison de Saxe-Cobourg et Gotha à la très britannique Maison de Windsor. »

Mais si la fièvre de la guerre a une emprise ferme sur les couches privilégiées de la classe moyenne, la crise actuelle est perçue très différemment par la grande masse de la population, - la classe ouvrière. Après trente ans de guerre sans fin et une baisse constante de leur niveau de vie, les travailleurs n'ont aucune envie d'être entraînés dans une conflagration mondiale désastreuse. Et après plus de deux ans d'une pandémie dans laquelle les travailleurs ont été forcés par les gouvernements du monde entier à sacrifier leur santé et leur vie pour protéger les profits des entreprises, ils traitent avec scepticisme ou carrément avec mépris les prétentions de l'élite politique et de ses acolytes de la classe moyenne supérieure à se battre pour la "démocratie" et au nom du "monde libre".

La tâche critique consiste maintenant à transformer cette opposition latente à la guerre au sein de la classe ouvrière internationale en une lutte politique consciente pour le socialisme.

Jordan Shilton

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Éruption belliciste à Washington D.C.

Alors que la guerre entre la Russie et l'Ukraine entre dans son 10e jour, le conflit s'intensifie rapidement. Alors que l'armée russe poursuit son avancée vers la capitale ukrainienne, Kiev, les demandes d'intervention militaire directe des États-Unis pour viser les forces russes en Ukraine se multiplient.

Jeudi, le sénateur américain Lindsay Graham, un influent sénateur républicain, a appelé à l'assassinat du président russe Vladimir Poutine.

« Y a-t-il un Brutus en Russie ? », a demandé Graham, faisant référence à l'assassinat de l'empereur romain Jules César par Marcus Brutus et prônant ainsi ce qui est, selon le droit international, un crime de guerre.

« La seule façon de mettre fin à cela est que quelqu'un en Russie élimine ce type. Vous rendriez un grand service à votre pays et au monde entier. »

Les commentaires de Graham n'étaient que l'exemple le plus extrême d'une clameur qui croît au sein de l'establishment politique américain en faveur d'une plus grande escalade militaire. Nombre d'entre eux ont appelé à la destruction de tous les avions russes qui opèrent au-dessus de l'Ukraine, ce qu'ils appellent imposer une « zone d'exclusion aérienne » ('no-fly zone'). « Le débat sur la zone d'exclusion aérienne en Ukraine s'intensifie », écrit 'The Hill'.

« C'est le bon moment pour renouveler mon appel à une zone d'exclusion aérienne, à l'invitation du gouvernement ukrainien. Je crains que si cela continue, nous devions intervenir de manière plus importante », a tweeté Adam Kinzinger (républicain d'Illinois), un pilote de la Garde nationale aérienne, quelques heures après l'appel de Graham.

Le sénateur Roger Wicker (républicain du Mississippi), qui siège à la commission des forces armées du Sénat, a déclaré au 'Huffington Post' qu'une zone d'exclusion aérienne devrait être « sérieusement envisagée ».

Dans un message préenregistré, le président ukrainien Zelenski a qualifié l'OTAN de « faible », parce qu'elle n'a pas imposé la zone d'exclusion aérienne, affirmant :

« L'OTAN a sciemment approuvé la décision de ne pas fermer le ciel de l'Ukraine. Nous pensons que les pays de l'OTAN eux-mêmes ont créé un récit selon lequel la prétendue fermeture du ciel au-dessus de l'Ukraine provoquera une agression directe de la Russie contre l'OTAN.

» Toutes les personnes qui mourront à partir de ce jour mourront aussi à cause de vous, à cause de votre faiblesse, à cause de votre manque d'unité. »

Pour l'instant, la Maison-Blanche et l'OTAN ont déclaré qu'ils n'envisageaient pas d'imposer une zone d'exclusion aérienne et d'entrer ainsi dans un conflit militaire direct avec la Russie, une grande puissance dotée de l'arme nucléaire.

« Cela signifierait essentiellement que l'armée américaine abattrait des avions, - des avions russes. C'est définitivement une escalade. Cela nous mettrait potentiellement dans une situation de conflit militaire avec la Russie. Ce n'est pas quelque chose que le président veut faire, Nous n'allons pas avoir une guerre avec la Russie avec des troupes américaines. » (Jen Psaki, porte-parole de la Maison-Blanche, sur MSNBC lundi.)

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a fait écho à ces déclarations, en disant : « L'OTAN est une alliance de défense... L'OTAN ne cherche pas à entrer en guerre avec la Russie. »

Si les premiers appels à un affrontement direct émanaient des républicains, ils ont été repris par des membres du Parti démocrate.

Le lieutenant-colonel Alexander Vindman, un démocrate et une figure clé de la première destitution du président américain Donald Trump, a approuvé les déclarations de Kinzinger, bien qu'il soit venu à côté d'une légende de CNN qui avertit que la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne pourrait conduire à une «guerre à part entière».

« Il met certainement en évidence un point intéressant », a déclaré Vindman à propos de Kinzinger. « Il n'existe pas d'option sans risque, à ce stade. Il n'y a que des options calibrées et informées des risques

L'ancien secrétaire à la Défense Léon Panetta, également démocrate, a déclaré à 'The Hill' que

« l'option d'une zone d'exclusion aérienne ne devrait pas être retirée de la table.

» Je pense simplement que c'est important de protéger en quelque sorte toutes vos options. Et même si elles se sont exprimées publiquement, je soupçonne que certaines personnes réfléchissent encore à une approche plus limitée si elle est nécessaire. »

Le général de brigade à la retraite Kevin Ryan a déclaré à 'The Hill' qu'il avait « suggéré » que

« les États-Unis et l'OTAN pourraient établir une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la partie occidentale du pays où les troupes russes ne sont pas arrivées ».

Au cours du week-end, le général quatre étoiles de l'armée de l'air américaine, Philip Breedlove, qui a dirigé les forces américaines en Europe et a occupé le poste de commandant suprême des alliés de l'OTAN de 2013 à 2016, a exigé que les États-Unis et l'OTAN établissent une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine. Il a admis que cela constituerait « un acte de guerre » contre la Russie.

Foreign Policy : « Pourtant, malgré tout cela, vous avez dit que vous soutiendriez réellement l'idée d'une zone d'exclusion aérienne »?

Breedlove : « Allons-nous rester assis et regarder une puissance mondiale envahir, détruire et subjuguer une nation souveraine ? Allons-nous simplement regarder ? »

Breedlove a poursuivi en expliquant exactement ce que cela signifierait:

« On met une zone d'exclusion aérienne dans l'est de l'Ukraine et nous allons faire voler des avions de la coalition ou de l'OTAN dans cette zone d'exclusion aérienne. Nous devons alors éliminer toutes les armes qui peuvent tirer dans notre zone d'exclusion aérienne et causer des dommages à nos avions. Cela signifie donc bombarder les radars et les systèmes de missiles ennemis de l'autre côté de la frontière. Et vous savez ce que cela signifie, non ? C'est l'équivalent d'une guerre. Donc, si nous déclarons une zone d'exclusion aérienne, nous devons supprimer la capacité de l'ennemi à tirer dans notre zone d'exclusion aérienne et à la perturber. »

D'autres appels à l'escalade militaire sont venus du Washington 'Post' sous la forme d'un éditorial.

« Hélas, les Russes gagnent du terrain dans le sud du pays, le long de la côte de la mer Noire, menaçant de couper les forces ukrainiennes. Raison de plus pour que les États-Unis et les alliés européens accélèrent... l'armement de son armée, sinon Poutine va réellement l'emporter. »

Ces déclarations extrêmement belliqueuses interviennent dans un contexte de renouveau des avertissements sur la dangerosité de la situation.

« L'alerte nucléaire de la Russie signifie que l'OTAN doit faire preuve de prudence », note une colonne du 'Financial Times.... « dans le « scénario actuel, les dirigeants russes sont les plus susceptibles d'utiliser une arme nucléaire tactique pour empêcher ou mettre fin à l'intervention de l'OTAN.

» Les dirigeants russes, par exemple, pourraient considérer les volontaires des pays de l'OTAN qui s'infiltrent en Ukraine comme des avant-gardes secrètes en vue d'une intervention à grande échelle. Ils pourraient considérer les convois d'armes en provenance des pays de l'OTAN vers l'Ukraine comme l'équivalent fonctionnel d'une intervention. »

L'article concluait : « Si les dirigeants occidentaux n'ont vraiment pas l'intention d'intervenir, ils devraient s'assurer que leurs forces agissent de manière à en convaincre les dirigeants russes. Le monde pourrait en dépendre. »

En réalité, Washington prend des mesures extraordinairement provocatrices, cherchant non pas un règlement négocié pour mettre fin au conflit, mais à l'intensifier et à l'enflammer.

Vendredi, 'Voice of America', une radio publique des États-Unis a publié un article intitulé « Des vétérans américains se portent volontaires pour combattre en Ukraine », qui rapporte:

« Un représentant de l'ambassade d'Ukraine à Washington a déclaré à VOA que 3.000 volontaires américains ont répondu à l'appel de la nation pour servir dans un bataillon international qui aidera à résister aux forces d'invasion de la Russie. »

L'article a ensuite été supprimé sans explication.

André Damon

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