Rencontre pour les mesures d'accompagnement socio-économique des régions, 16 mars 2022.
Le Président a tenu une réunion, par visioconférence, sur le soutien socio-économique aux entités constitutives de la Fédération de Russie.
Source : en.kremlin.ru
Traduction : lecridespeuples.fr
Vladimir Poutine : Chers collègues, bonjour.
Notre réunion comprend les hauts responsables gouvernementaux, les envoyés présidentiels plénipotentiaires dans les districts fédéraux et les chefs des régions russes.
Nous nous réunissons dans une période compliquée alors que nos forces armées mènent une opération militaire spéciale en Ukraine et dans le Donbass. Je voudrais vous rappeler qu'au début, le matin du 24 février, j'ai annoncé publiquement les raisons et l'objectif principal des actions de la Russie. Il s'agit d'aider notre peuple du Donbass, qui a été soumis à un véritable génocide pendant près de huit ans de la manière la plus barbare, c'est-à-dire par le blocus, des opérations punitives à grande échelle, des attaques terroristes et des tirs d'artillerie constants. Leur seule culpabilité était d'avoir exigé le respect de leurs droits de l'homme fondamentaux : vivre selon les lois et les traditions de leurs ancêtres, parler leur langue maternelle et élever leurs enfants comme ils le souhaitent.
Voir la traduction intégrale de ce discours de Vladimir Poutine ici.
Au cours de ces années, les autorités de Kiev ont ignoré et saboté la mise en œuvre du paquet de mesures de Minsk pour un règlement pacifique de la crise et finalement, à la fin de l'année dernière, ont ouvertement refusé de le mettre en œuvre.
Elles ont également commencé à mettre en œuvre des plans pour rejoindre l'OTAN. De plus, les autorités de Kiev ont également annoncé leur intention de disposer d'armes nucléaires et de véhicules capables de transporter ces ogives nucléaires. C'était une vraie menace. Avec un soutien technique étranger, le régime pro-nazi de Kiev aurait obtenu des armes de destruction massive dans un avenir prévisible et, bien sûr, les aurait dirigées contre la Russie.
Il existait un réseau de dizaines de laboratoires en Ukraine, où des programmes biologiques militaires étaient menés sous la direction et avec le soutien financier du Pentagone, y compris des expériences avec des souches de coronavirus, d'anthrax, de choléra, de peste porcine africaine et d'autres maladies mortelles. Des tentatives frénétiques sont faites pour dissimuler les traces de ces programmes secrets. Cependant, nous avons des raisons de considérer que des composants d'armes biologiques ont été créés à proximité directe de la Russie sur le territoire de l'Ukraine.
Voir La Russie accuse le Pentagone d'avoir développé des armes biologiques en Ukraine
Nos nombreux avertissements selon lesquels de tels développements constituaient une menace directe pour la sécurité de la Russie ont été rejetés avec une arrogance ouverte et cynique par l'Ukraine et ses parrains, les États-Unis et l'OTAN.
En d'autres termes, tous nos efforts diplomatiques ont été totalement vains. Nous n'avons eu aucune alternative pacifique pour régler les problèmes qui se sont développés sans que nous en soyons responsables. Dans cette situation, nous avons été obligés de commencer cette opération militaire spéciale.
Voir L'ultimatum de la Russie aux pays membres de l'OTAN
Le mouvement des forces russes contre Kiev et d'autres villes ukrainiennes n'est pas lié à un désir d'occuper ce pays. Ce n'est pas notre objectif, comme je l'ai souligné ouvertement dans ma déclaration du 24 février.
Quant aux tactiques de combat élaborées par le ministère de la Défense de la Russie et l'état-major général, elle s'est pleinement justifiée. Nos camarades -soldats et officiers- font preuve de courage et d'héroïsme et font tout ce qu'ils peuvent pour éviter des pertes civiles dans les villes ukrainiennes.
En revanche, l'Ukraine fera l'objet de nombreuses enquêtes pour crimes de guerre
C'est ce que je voudrais dire pour la première fois : au tout début de l'opération dans le Donbass, les autorités de Kiev ont eu la possibilité d'éviter les hostilités, via différents canaux, en retirant simplement leurs troupes du Donbass comme alternative à l'effusion de sang. Elles n'ont pas voulu le faire. Eh bien, c'était leur décision ; maintenant, elles comprendront ce qui se passe dans la réalité, sur le terrain.
L'opération se déroule avec succès, en stricte conformité avec le plan approuvé.
Je dois noter qu'encouragée par les États-Unis et d'autres pays occidentaux, l'Ukraine se préparait délibérément à un scénario de force, un massacre et un nettoyage ethnique dans le Donbass. Une attaque massive contre le Donbass et plus tard la Crimée n'était qu'une question de temps. Cependant, nos forces armées ont brisé ces plans.
Kiev ne préparait pas seulement la guerre, l'agression contre la Russie - elle la conduisait. Il y a eu des tentatives sans fin pour mettre en scène des actes de subversion et organiser des mouvements terroristes clandestins en Crimée. Les hostilités dans le Donbass et les bombardements de quartiers résidentiels paisibles se sont poursuivis toutes ces années. Près de 14 000 civils, dont des enfants, ont été tués au cours de cette période.
Comme vous le savez, il y a eu une frappe de missile au centre de Donetsk le 14 mars. Il s'agissait d'un acte de terreur sanglant manifeste qui a coûté la vie à plus de 20 personnes. Les bombardements se sont poursuivis ces derniers jours. Ils frappent au hasard des square publics avec la ferveur des fanatiques et l'exaspération des condamnés. Ils agissent comme les nazis l'ont fait lorsqu'ils ont essayé d'entraîner avec eux autant de victimes innocentes qu'ils le pouvaient dans leurs tombes.
La TV les montrerait en boucle s'il ne s'agissait pas des victimes du régime néo-nazi de Kiev
Le naufrage moral de l'Occident est sans retour
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Mais ce qui est choquant dans son cynisme extrême, ce ne sont pas seulement les mensonges et les déclarations flagrantes de Kiev selon lesquelles la Russie aurait lancé ce missile à Donetsk (ils sont allés jusque-là), mais l'attitude du monde soi-disant civilisé. La presse européenne et américaine n'a même pas remarqué ce drame à Donetsk, comme si de rien n'était.
C'est ainsi qu'ils ont hypocritement fermé les yeux au cours des huit dernières années alors que des mères enterraient leurs enfants dans le Donbass, tandis que des personnes âgées étaient tuées. C'est simplement une dégradation morale, une complète déshumanisation.
📷 Par le photojournaliste Andy Rochelli, décédé sous le feu de l'armée ukrainienne avec son interprète
Il n'était plus possible de tolérer cette attitude scandaleuse envers les habitants du Donbass. Pour mettre fin à ce génocide, la Russie a reconnu les républiques populaires du Donbass et signé avec elles des traités d'amitié et d'entraide. Sur la base de ces traités, les républiques ont fait appel à la Russie pour une aide militaire afin de repousser l'agression. Nous avons rendu cette aide parce que nous ne pouvions tout simplement pas faire autrement. Nous n'avions pas le droit d'agir autrement.
Je voudrais insister sur ce point et attirer votre attention là-dessus : si nos troupes n'avaient agi qu'au sein des républiques populaires et les avaient aidées à libérer leur territoire, cela n'aurait pas été une solution définitive, cela n'aurait pas conduit à la paix et n'aurait en fin de compte pas éliminé la menace - pour notre pays, cette fois pour la Russie. Au contraire, une nouvelle ligne de front se serait étendue autour du Donbass et de ses frontières, et bombardements et provocations se seraient poursuivis. En d'autres termes, ce conflit armé se serait poursuivi indéfiniment. Il aurait été alimenté par l'hystérie revancharde du régime de Kiev, tandis que l'OTAN aurait déployé son infrastructure militaire encore plus rapidement et de manière plus agressive. Dans ce cas, nous aurions été confrontés au fait que l'attaque, les armes offensives de l'alliance se seraient déjà trouvées à nos frontières.
Je le répète, pour notre autodéfense, pour assurer la sécurité de la Russie, nous n'avions pas d'alternative à cette opération militaire spéciale. Nous atteindrons les objectifs que nous nous sommes fixés. Nous assurerons certainement la sécurité de la Russie et de notre peuple et ne permettrons jamais à l'Ukraine d'être une tête de pont pour des actions agressives contre notre pays.
Nous restons prêts à discuter de questions d'une importance fondamentale pour l'avenir de la Russie au cours des pourparlers. Cela inclut le statut de l'Ukraine en tant que pays neutre, ainsi que la démilitarisation et la dénazification. Notre pays a fait tout ce qu'il a pu pour organiser et tenir ces pourparlers, sachant qu'il est important de saisir toutes les occasions pour sauver les gens et leur vie.
Mais à maintes reprises, nous avons vu que le régime de Kiev, que ses maîtres occidentaux ont chargé de créer une position agressive « anti-russe », ne se soucie pas de l'avenir du peuple ukrainien. Peu lui importe que des gens meurent, que des centaines de milliers, voire des millions de personnes aient dû fuir leur foyer, et qu'une terrible catastrophe humanitaire se déroule dans les villes contrôlées par les néonazis et les criminels armés qui ont été relâchés.
Voir Terreur à Marioupol : des centaines de milliers de civils pris en otage par les néo-nazis
De toute évidence, les patrons occidentaux de Kiev ne font que les pousser à poursuivre l'effusion de sang. Ils fournissent sans cesse à Kiev des armes et des renseignements, ainsi que d'autres types d'assistance, notamment des conseillers militaires et des mercenaires.
Ils utilisent comme armes des sanctions économiques, financières, commerciales et autres contre la Russie, mais ces sanctions se sont retournées contre eux en Europe et aux États-Unis où les prix de l'essence, de l'énergie et de la nourriture ont grimpé en flèche, tandis que les emplois dans les industries associées au marché russe ont été coupés. Alors, ne rejetez pas la faute sur nous et n'accusez pas notre pays de tout ce qui ne va pas dans vos pays.
Je veux que les occidentaux du quotidien m'entendent aussi. On vous dit constamment que vos difficultés actuelles sont le résultat des actions hostiles de la Russie et que vous devez payer les efforts pour contrer la prétendue menace russe de vos propres poches. Tout cela est un mensonge.
La vérité est que les problèmes auxquels sont confrontés des millions de personnes en Occident sont le résultat de nombreuses années d'actions de l'élite dirigeante de vos pays respectifs, de leurs erreurs, de politiques et d'ambitions à courte vue. Cette élite ne réfléchit pas à la manière d'améliorer la vie de ses citoyens dans les pays occidentaux. Ils sont obsédés par leurs propres intérêts égoïstes et leurs super profits.
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En témoignent les données fournies par les organisations internationales, qui montrent clairement que les problèmes sociaux, même dans les principaux pays occidentaux, se sont exacerbés ces dernières années, que les inégalités et le fossé entre les riches et les pauvres se creusent, et que les conflits raciaux et ethniques se font sentir. Le mythe de la société occidentale de bien-être, le soi-disant milliard d'or [expression russe pour désigner les pays riches], s'effondre.
Pour me répéter, la planète entière paie maintenant pour les ambitions de l'Occident et ses tentatives de maintenir sa domination indéfinissable par tous les moyens possibles.
L'imposition de sanctions est la suite logique et la distillation de la politique irresponsable et à courte vue des gouvernements et des banques centrales des États-Unis et des pays de l'UE. Ils ont eux-mêmes fait grimper l'inflation mondiale ces dernières années et, par leurs actions, ont provoqué une augmentation de la pauvreté mondiale et une plus grande inégalité à travers le monde. La question se pose maintenant : qui répondra pour les millions de personnes qui mourront de faim dans les pays les plus pauvres du monde en raison des pénuries alimentaires croissantes ?
Permettez-moi de répéter que l'économie mondiale et le commerce mondial dans son ensemble ont subi un coup dur, tout comme la confiance dans le dollar américain en tant que principale monnaie de réserve.
Le gel illégitime d'une partie des réserves de change de la Banque de Russie marque la fin de la fiabilité des actifs dits de premier ordre. En fait, les États-Unis et l'UE ont manqué à leurs obligations envers la Russie. Maintenant, tout le monde sait que les réserves financières peuvent tout simplement être volées. Et de nombreux pays pourraient commencer dans un avenir immédiat - je suis sûr que c'est ce qui arrivera - à convertir leurs actifs papier et numériques en véritables réserves de matières premières, de terrains, de nourriture, d'or et d'autres actifs réels, ce qui ne fera qu'aggraver les pénuries dans ces marchés.
Permettez-moi d'ajouter que la saisie d'actifs et de comptes étrangers d'entreprises et de particuliers russes est également une leçon pour les entreprises nationales qu'il n'y a rien de plus fiable que d'investir dans son propre pays. Personnellement, je l'ai dit à plusieurs reprises.
Nous apprécions la position de ces entreprises étrangères qui continuent à travailler dans notre pays malgré la pression éhontée des États-Unis et de leurs vassaux. Ils sont sûrs de trouver d'autres opportunités de croissance à l'avenir.
Nous connaissons également ceux qui ont lâchement trahi leurs partenaires et oublié leur responsabilité envers les employés et les clients en Russie, se précipitant pour gagner des dividendes illusoires en rejoignant la campagne anti-Russie. Cependant, contrairement aux pays occidentaux, nous respecterons les droits de propriété.
Voici ce que je voudrais souligner. Nous devons clairement comprendre qu'un nouveau paquet de sanctions et de restrictions nous aurait été imposé quoi qu'il arrive. Je tiens à souligner cela. Pour l'Occident, notre opération militaire en Ukraine n'est qu'un prétexte pour nous imposer davantage de sanctions. En effet, cette fois elles sont particulièrement concentrées. De la même manière, l'Occident a utilisé le référendum en Crimée comme prétexte, qui a d'ailleurs eu lieu le 16 mars 2014, il y a huit ans aujourd'hui, lorsque les habitants de Crimée et de Sébastopol ont fait le libre choix de ne faire qu'un avec leur patrie historique.
Je le répète, ce ne sont que des prétextes. La politique d'endiguement et d'affaiblissement de la Russie, y compris par l'isolement économique, un blocus, est une stratégie préméditée à long terme. Les dirigeants occidentaux ne cachent plus que les sanctions ne sont pas dirigées contre des individus ou des entreprises. Leur objectif est de porter un coup à toute notre économie, à notre sphère sociale et culturelle, à chaque famille et à chaque citoyen russe.
En fait, les mesures conçues pour aggraver la vie de millions de personnes ont tous les attributs d'une agression, d'une guerre par des moyens économiques, politiques et informationnels, et elles sont de nature globale et flagrante. Là encore, les hautes sphères politiques occidentales n'hésitent même pas à en parler ouvertement.
Les oripeaux verbaux du politiquement correct, de l'inviolabilité de la propriété privée et de la liberté d'expression ont été emportés du jour au lendemain. Même les principes olympiques ont été bafoués. Ils n'ont pas hésité à régler leur compte par l'intermédiaire des athlètes paralympiques. Voilà ce qu'il en est du principe « séparer le sport de la politique ».
Après avoir harcelé les athlètes russes avec de fausses histoires de dopage, dont la pauvre Kamila Valieva, 15 ans, brisée par l'Empire (juste pour avoir 2 russes sur le podium au lieu de 3), c'est pas plus mal de tomber le masque.
Dans de nombreux pays occidentaux, des personnes sont persécutées simplement parce qu'elles sont originaires de Russie. On leur refuse les soins médicaux, leurs enfants sont expulsés des écoles, les parents perdent leur emploi et la musique, la culture et la littérature russes sont interdites. Dans ses tentatives pour « annuler » [« cancel »] la Russie, l'Occident a arraché son masque de décence et a commencé à agir grossièrement en montrant ses vraies couleurs. On ne peut s'empêcher de se souvenir des pogroms nazis antisémites en Allemagne dans les années 1930, puis des pogroms perpétrés par leurs sbires dans de nombreux pays européens qui se sont joints à l'agression nazie contre notre pays pendant la Grande Guerre patriotique.
Une attaque massive contre la Russie a également été déclenchée dans le cyberespace. Une campagne de désinformation sans précédent a été lancée à travers les réseaux sociaux mondiaux et tous les médias occidentaux, dont l'impartialité et l'indépendance se sont avérées être un simple mythe. L'accès à l'information est restreint et les gens sont matraqués de toutes sortes de fausses histoires, de propagande et de fabrication, ou tout simplement de poudre de perlimpinpin. Cela en est même arrivé au point où les sociétés américaines de réseaux sociaux ont déclaré sans détour qu'il était possible de publier des appels au meurtre de ressortissants russes.
On se rend compte des ressources dont dispose cet « Empire du mensonge » mais, tout de même, face à la vérité et à la justice, il est impuissant. La Russie ne cessera jamais d'essayer de faire comprendre sa position au monde entier. Et notre position est honnête et ouverte, et un nombre croissant de personnes l'entendent, la comprennent et la partagent.
Je veux être le plus direct possible : des desseins géopolitiques hostiles se cachent derrière les discours hypocrites et les actions récentes du soi-disant Occident collectif. L'Occident n'a que faire - il n'en a tout simplement aucune utilité - d'une Russie forte et souveraine, et ils ne nous pardonneront pas notre politique indépendante ou la défense de nos intérêts nationaux.
Nous nous souvenons encore comment ils ont soutenu le séparatisme et le terrorisme en encourageant les terroristes et les bandits dans le Caucase du Nord. Comme dans les années 1990 et au début des années 2000, ils veulent tenter à nouveau de nous porter le coup de grâce, de nous réduire à néant en faisant de nous un pays faible et dépendant, en détruisant notre intégrité territoriale et en démembrant la Russie comme bon leur semble. Ils ont échoué alors et ils échoueront aussi aujourd'hui.
Oui, bien sûr, ils soutiendront la soi-disant cinquième colonne, les traîtres nationaux - ceux qui gagnent de l'argent ici dans notre pays mais vivent là-bas, et y « vivent » non pas au sens géographique du mot mais dans leur esprit, dans leur mentalité servile.
Je ne condamne nullement ceux qui ont des villas à Miami ou sur la Côte d'Azur, qui ne peuvent se passer de foie gras, d'huîtres ou de « liberté de genre » comme ils disent. Là n'est pas le problème, pas du tout. Le problème, encore une fois, est que bon nombre de ces personnes sont, essentiellement, là-bas dans leur esprit et non ici avec notre peuple et avec la Russie. A leur avis - à leur avis ! - c'est un signe d'appartenance à la caste supérieure, à la race supérieure. Des gens comme ça vendraient leurs propres mères juste pour être autorisés à s'asseoir sur le banc d'entrée de la caste supérieure. Ils veulent être comme eux et les imiter en tout. Mais ils oublient ou ne voient tout simplement pas que même si cette soi-disant caste supérieure a besoin d'eux, elle en a besoin comme matière première consommable pour infliger un maximum de dégâts à notre peuple.
L'Occident collectif essaie de diviser notre société en utilisant, à son avantage, les pertes au combat et les conséquences socio-économiques des sanctions, et de provoquer des troubles civils en Russie, utilisant sa cinquième colonne pour tenter d'atteindre cet objectif. Comme je l'ai mentionné plus tôt, leur objectif est de détruire la Russie.
Mais toute nation, et plus encore le peuple russe, sera toujours capable de distinguer les vrais patriotes des racailles et des traîtres et les recrachera simplement comme un insecte entré dans la bouche, les recrachera sur le trottoir. Je suis convaincu qu'une telle auto-désintoxication naturelle et nécessaire de la société renforcerait notre pays, notre solidarité et notre cohésion ainsi que notre capacité à répondre à tout défi.
Le soi-disant Occident collectif et sa cinquième colonne sont habitués à mesurer tout et tout le monde selon leurs propres normes. Ils croient que tout est à vendre et que tout peut être acheté, et donc ils pensent que nous allons nous effondrer et reculer. Mais ils ne connaissent pas assez bien notre histoire et notre peuple.
En effet, de nombreux pays à travers le monde supportent depuis longtemps de vivre le dos courbé, acceptant obséquieusement toutes les décisions qui émanent de leur souverain, le regardant d'un air servile. C'est ainsi que vivent de nombreux pays. Malheureusement, en Europe aussi.
Mais la Russie ne sera jamais vue dans une situation aussi misérable et humiliée, et le combat que nous menons est le combat pour notre souveraineté et l'avenir de notre pays et de nos enfants. Nous nous battrons pour le droit d'être et de rester la Russie. Le courage et la force de nos soldats et officiers, fidèles défenseurs de la Patrie, doivent nous inspirer.
Chers collègues,
De toute évidence, les développements en cours tirent un trait sur la domination mondiale des pays occidentaux en politique et en économie. De plus, ils remettent en cause le modèle économique qui s'est imposé aux pays en développement et au monde entier au cours des dernières décennies.
Il est important de noter que l'obsession des États-Unis et de ses partisans pour les sanctions n'est pas partagée par les pays qui abritent plus de la moitié de la population mondiale. Ces États représentent la partie la plus dynamique et la plus prometteuse de l'économie mondiale, dont fait partie la Russie.
Certes, les choses sont difficiles pour nous en ce moment. Les sociétés financières russes, les grandes entreprises, les petites et moyennes entreprises sont confrontées à une pression sans précédent.
Le système bancaire a été le premier à faire l'objet de sanctions, mais nos banques ont relevé ce défi. Elles travaillent littéralement 24 heures sur 24 pour effectuer des paiements et des règlements entre clients individuels et pour assurer le fonctionnement des entreprises.
La deuxième vague de sanctions visait à semer la panique dans le secteur du commerce de détail. Selon les estimations, au cours des trois dernières semaines, la demande supplémentaire de biens a dépassé mille milliards de roubles [9 milliards d'euros]. Cependant, nos fabricants, fournisseurs, entreprises de transport et de logistique ont fait tout ce qui était humainement possible pour éviter des pénuries majeures dans les chaînes de distribution.
Je tiens à remercier la communauté des entreprises et les équipes des entreprises, des banques et des organisations, qui non seulement répondent efficacement aux défis liés aux sanctions, mais jettent également les bases d'un développement durable et continu de notre économie. Je voudrais mentionner spécialement le gouvernement, la Banque de Russie, les gouverneurs régionaux et les équipes régionales et municipales. Dans les conditions difficiles actuelles, vous assumez admirablement vos responsabilités.
Lavrov a trouvé la meilleure définition du mot "sanctions". Avec les marionnettes atlantistes qui se succèdent à la tête de la France, pas d'inquiétude à avoir, on ne payera jamais cette taxe !
De toute évidence, les tentatives d'organiser un blitzkrieg économique contre la Russie, de démoraliser notre société et de nous bousculer ont échoué, et nous sommes donc sûrs de voir des tentatives d'exercer une pression encore plus forte sur notre pays. Mais nous surmonterons également ces difficultés. L'économie russe s'adaptera aux nouvelles réalités. Nous renforcerons notre souveraineté dans les sciences et la technologie, allouerons des ressources supplémentaires pour soutenir l'agriculture, l'industrie de transformation, les infrastructures et le logement, et continuerons à développer des liens commerciaux avec l'étranger pour exploiter des marchés internationaux dynamiques en croissance rapide.
De toute évidence, dans les nouvelles réalités, nous devrons opérer de profonds changements structurels dans notre économie, et je ne prétendrai pas qu'ils seront faciles ou qu'ils n'entraîneront pas une augmentation temporaire de l'inflation et du chômage.
Dans cette situation, notre tâche est de minimiser ces risques. Nous devons non seulement respecter tous les engagements sociaux de l'État, mais aussi lancer de nouveaux mécanismes plus efficaces pour soutenir nos populations et leurs revenus.
Nous nous concentrerons sur la protection des mères et des enfants et sur le soutien aux familles avec enfants. Nous avons déjà pris la décision - vous le savez - d'introduire à partir du 1er avril des paiements pour les enfants âgés de 8 à 16 ans dans les familles à faible revenu. Le montant du paiement variera de 50 à 100 % du minimum vital pour chaque enfant. Actuellement, la moyenne nationale est de 12 300 roubles. Ainsi, nous aurons un système de soutien uniforme à partir du moment où une mère tombe enceinte jusqu'à ce que l'enfant ait 17 ans.
Je charge le Gouvernement de surveiller le fonctionnement de ce système afin qu'il détecte rapidement tout changement dans la situation matérielle des familles. Autrement dit, il est nécessaire de s'assurer que les familles commencent à recevoir une aide de l'État dès que possible si les parents ont perdu leur emploi ou sont confrontés à d'autres circonstances difficiles.
Je demande également au gouvernement d'analyser rapidement l'efficacité des mesures de soutien à ceux qui ont perdu leur emploi. De telles mesures doivent évidemment être élargies, à travers le mécanisme du contrat social, entre autres.
Je suis conscient que les hausses de prix portent un coup dur aux revenus des gens, et nous allons donc prendre des mesures pour augmenter prochainement toutes les prestations sociales, y compris les allocations et les pensions, nous allons augmenter le salaire minimum et le niveau de subsistance minimum ainsi que les salaires des travailleurs du secteur public. Je demande au gouvernement de calculer les paramètres exacts des augmentations.
Pour souligner, même dans les conditions difficiles actuelles, nous devons réduire la pauvreté et les inégalités d'ici la fin de l'année. Ce problème reste tout à fait résoluble même maintenant. Je demande au gouvernement et aux régions de se concentrer sur cette tâche. J'ajouterai que nous comprenons qu'il ne s'agit pas seulement d'une question économique, mais aussi d'une question de justice sociale.
À l'heure actuelle, beaucoup dépend du leadership des chefs des entités constitutives de la Fédération et de leur volonté d'assumer leurs responsabilités. J'ai signé aujourd'hui un décret exécutif sur des pouvoirs supplémentaires pour les chefs de régions - ils seront autorisés à prendre des décisions flexibles et réactives pour soutenir nos citoyens, l'économie et la politique sociale à la lumière de la situation sur le terrain. Permettez-moi de vous rappeler que nous avons rationalisé nos étapes dans la lutte contre le coronavirus exactement de cette manière, permettant de considérer la situation dans chaque région, ville et village - et la situation est différente partout.
Je charge tous les départements des organes fédéraux des entités constitutives de la Fédération de coordonner leur travail avec les autorités régionales, et les gouverneurs doivent établir des centres opérationnels pour assurer le développement économique et diriger personnellement ce travail.
Quelle est la priorité à cet égard ?
La suite du discours continue à exposer les mesures économiques et sociales prises par la Russie pour faire face à la guerre économique totale de l'Occident. Seule la première partie qui précède est d'une importance capitale, à inscrire parmi les plus importants discours de Poutine : après avoir mis fin au risque séparatiste et à la domination des oligarques, redressé le pays économiquement et militairement et ouvertement défié l'hégémonie américaine, Poutine s'attaque enfin à la « cinquième colonne » à l'intérieur, et, à l'extérieur, se détourne définitivement de l'Occident vassalisé, posant les jalons d'un nouvel ordre mondial multipolaire.
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Vladimir Poutine : l'ours de la Taïga russe se dresse face aux Etats-Unis
Forum International de Valdaï, 24 octobre 2014.
Transcription :
Source : en.kremlin.ru
Traduction : lecridespeuples.fr
Vidéos ( Poutine : en Ukraine, l'ours russe se dresse face à l'OTANPoutine : en Ukraine, l'ours russe se dresse face à l'OTAN et Poutine : en Ukraine, l'ours russe se défend pour ne pas finir empailléPoutine : en Ukraine, l'ours russe se défend pour ne pas finir empaillé )
... Journaliste britannique SEUMAS MILNE(retraduit depuis le Russe) : J'aimerais poser une double question. Premièrement, Monsieur le Président, pensez-vous que les actions de la Russie en Ukraine et en Crimée durant ces derniers mois constituaient une réaction au fait que les règles aient été violées, et donc un exemple d'administration d'Etat sans règles ?
Et la seconde partie de ma question est la suivante : la Russie considère-t-elle ces violations mondiales des règles comme un signal pour changer sa position ? Il a été dit ici même, ces jours-ci, que la Russie ne peut pas être le leader dans la situation mondiale actuelle. Cependant, elle fait preuve des qualités d'un leader. Comment répondriez-vous à cela ?
VLADIMIR POUTINE : Puis-je vous demander de reformuler la seconde partie de votre question, s'il vous plaît ? Quelle est précisément votre deuxième question ?
SEUMAS MILNE : Il a été dit ici même que la Russie ne peut pas aspirer à une position de leadership dans le monde actuel, compte tenu des circonstances survenues après l'effondrement de l'Union soviétique, mais qu'elle peut exercer une influence décisive sur l'identité du leader. Est-il possible que la Russie change sa position, se réoriente, comme vous l'avez noté à l'égard du Moyen-Orient et des questions liées au programme nucléaire de l'Iran ?
VLADIMIR POUTINE : La Russie ne change jamais d'orientation. Nous sommes un pays avec une orientation traditionnelle qui met l'accent sur la coopération et la recherche de solutions communes. Voilà le premier point.
Deuxièmement, nous ne prétendons aucunement au leadership mondial. L'idée que la Russie recherche une sorte d'exclusivité ou d'exceptionnalisme est totalement fausse. Je l'ai signalé dans mon discours. Nous n'exigeons pas de place spéciale sous le soleil, mais nous agissons simplement sur la base selon laquelle tous les participants au dialogue international doivent respecter les intérêts de chacun. Nous sommes prêts à respecter les intérêts de nos partenaires, mais nous attendons le même respect pour nos intérêts.
Nous n'avons pas changé notre attitude à l'égard de la situation au Moyen-Orient, du programme nucléaire iranien, de la crise nord-coréenne, de la lutte contre le terrorisme et la criminalité en général, du trafic de drogue. Nous n'avons jamais modifié la moindre de nos priorités, même sous la pression d'actions hostiles de la part de nos partenaires occidentaux, qui sont menés, cela est manifeste dans les circonstances actuelles et nous le savons tous, par les États-Unis. Même face à des sanctions, nous n'avons pas changé de position.
Mais ici aussi, toute chose à ses limites. Je présume qu'il est possible que des circonstances extérieures puissent nous contraindre à changer certaines de nos positions, mais jusqu'à présent, de telles situations extrêmes ne se sont pas présentées, et nous n'avons pas l'intention de changer quoi que ce soit. Voilà pour la première question.
L'autre point concernait nos actions en Crimée. Je me suis exprimé à ce sujet à plusieurs reprises, mais s'il le faut, je peux me répéter. Je vous renvoie au deuxième paragraphe de l'article 1 de la Charte des Nations Unies, relatif au droit des nations à l'autodétermination. Tous ces principes ont été consignés par écrit, et non pas seulement en tant que droit à l'autodétermination, mais comme le but même de l'Organisation des Nations Unies. Lisez attentivement l'article pour voir ce qu'il dit.
Je ne comprends pas pourquoi les gens qui vivent en Crimée n'auraient pas ce droit, autant que les personnes qui vivent, disons, au Kosovo. Cela a également été mentionné ici. Pourquoi est-ce que dans un cas, le blanc est considéré comme blanc, et dans un autre cas, le même blanc est déclaré noir ? C'est complètement absurde, et nous n'accepterons jamais cela. Voilà le premier point.
Le deuxième point concernant ce sujet est une chose extrêmement importante que personne n'évoque, et sur laquelle je tiens à attirer l'attention. Que s'est-il passé en Crimée ? Tout d'abord, un coup d'Etat a renversé le régime légitime à Kiev. Quoi que les gens puissent dire, c'est pour moi une évidence : il y a eu une prise du pouvoir par les armes.
Dans divers endroits du monde, des gens ont accueilli ces événements avec bienveillance, ne réalisant pas à quoi cela pourrait mener, tandis que dans d'autres régions, les populations étaient terrifiées de voir que des extrémistes, des nationalistes et des gens d'extrême droite, y compris des néo-nazis, s'étaient emparés du pouvoir. Ces populations craignaient pour leur avenir et pour leurs familles, et elles ont réagi en conséquence. En Crimée, le peuple a tenu un référendum.
Je souhaite attirer votre attention sur cela. Ce n'est pas en vain que nous, en Russie, disons qu'un référendum a été organisé en Crimée. La décision de tenir un référendum a été prise par l'autorité représentative légitime de Crimée, à savoir le Parlement de Crimée, élu il y a quelques années selon la loi ukrainienne, et avant tous ces graves événements. Cette autorité légitime a annoncé un référendum, puis sur la base des résultats de ce référendum, tout comme le Kosovo, ils ont adopté une déclaration d'indépendance, puis ont demandé à la Fédération de Russie d'accepter la Crimée au sein de l'Etat russe.
Vous savez, quoi qu'on puisse dire, et quels que soient les efforts de contorsion déployés pour agencer les faits, il sera très difficile de récuser ce point de vue, étant donnée la formulation de la décision du tribunal de l'ONU qui a clairement indiqué, au sujet du précédent du Kosovo, que le consentement du pouvoir suprême d'un pays quant à la question de l'autodétermination n'est pas nécessaire.
Vous savez, dans de telles situations, j'ai toujours aimé évoquer ce que les sages d'antan disaient. Rappelez-vous cette phrase merveilleuse : ce qui est autorisé à Jupiter n'est pas permis aux vaches. Nous ne pouvons pas accepter une telle approche. Peut-être que la vache ne sera pas autorisée à faire telle chose, mais je tiens à vous dire que l'ours ne se donnera même pas la peine de solliciter une quelconque autorisation. Généralement, ilest considéré comme le maître de la taïga, et je sais de source sûre qu'il n'a aucune intention de migrer vers d'autres zones climatiques, où il serait mal à l'aise. Mais il ne laissera personne s'emparer de sa taïga. Je crois que cela est clair.
Quels sont les défis de l'ordre mondial actuel ? Soyons francs et explicites à ce sujet, nous sommes tous des experts. Ici, nous parlons et nous parlons, nous sommes comme des diplomates. Qu'est-il arrivé dans le monde ? Il y avait un système bipolaire. L'Union soviétique s'est effondrée, la puissance qu'était l'Union soviétique a cessé d'exister.
Toutes les règles régissant la vie internationale après la Seconde Guerre mondiale ont été conçues pour un système bipolaire. Il est vrai que l'Union soviétique était désignée comme « la Haute-Volta dotée de missiles ». Peut-être, mais elle avait effectivement des tas de missiles. De plus, nous avions des personnalités politiques aussi brillantes que Nikita Khrouchtchev, qui a martelé le pupitre de l'ONU avec sa chaussure, n'est-ce pas ? Et le monde entier, principalement les Etats-Unis et l'OTAN, se disaient : « Oh, il vaut mieux laisser ce Nikita tranquille, ce fou serait capable de lancer un missile, et ils en ont des tas, alors il est préférable de les traiter avec respect. »
Maintenant que l'Union soviétique n'existe plus, quelle est la situation et quelles sont les tentations ? Nul besoin de prendre en considération le point de vue de la Russie, qui est très affaiblie, ayant subi des transformations lors de l'effondrement de l'Union soviétique, et nous pouvons donc faire ce que nous voulons, bafouer toutes les règles et toutes les lois.
C'est exactement ce qui se passe. Dominique [de Villepin] ici présent a mentionné l'Irak, la Libye, l'Afghanistan, et avant cela la Yougoslavie. Est-ce que tout cela a été géré conformément au droit international ? Vous voulez nous faire avaler ces boniments ?
Cela signifie que certains pourraient agir à leur guise et bafouer toutes les lois, alors que nous n'aurions même pas la possibilité de protéger les intérêts vitaux de la population russophone et russe en Crimée ? Jamais de la vie !
Je voudrais que tout le monde comprenne cela. Il faut que nous nous débarrassions de cette tentation et de ces tentatives de remodeler le monde à notre convenance. Nous devons construire un système équilibré d'intérêts et de relations qui est préfiguré dans le monde depuis longtemps, et pour cela, il faut seulement être respectueux.
Oui, comme je l'ai déjà dit, nous sommes bien conscients du fait que le monde a changé, et nous sommes prêts à le prendre en considération et à ajuster ce système en conséquence, mais nous ne permettrons jamais à quiconque de complètement ignorer nos intérêts.
La Russie prétend-elle à un quelconque leadership ? Nous n'avons pas besoin d'être une superpuissance, non, cela ne serait qu'une charge supplémentaire pour nous. J'ai déjà évoqué la taïga : elle est immense, inépuisable, et rien que pour développer nos territoires, nous avons besoin de beaucoup de temps, d'efforts et de ressources.
Nous n'avons aucunement besoin de nous ingérer ici ou là, de donner des ordres et de commander les autres, mais nous voulons également que les autres ne se mêlent pas de nos affaires et cessent de se poser en maîtres du sort du monde entier. C'est tout. Et s'il y a un domaine dans lequel la Russie pourrait être un leader, c'est dans la défense des normes du droit international. ...
Conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine, 18 décembre 2014.
Source : eng.kremlin.ru
Traduction : lecridespeuples.fr
... ANTON VERNITSKY : Anton Vernitsky, de la première chaîne [de Russie]. Vladimir Vladimirovitch, tous les problèmes actuels auxquels notre économie est soumise ne constituent-ils pas le prix à payer pour notre action en Crimée ? Peut-être qu'il est temps d'être honnête à ce sujet et de le reconnaître.
VLADIMIR POUTINE : Non, ce n'est pas le prix que nous devons payer pour la Crimée. C'est en réalité le prix que nous devons payer pour notre aspiration naturelle à nous préserver en tant que nation, en tant que civilisation, en tant qu'Etat. Je vais vous expliquer cela.
Comme je l'ai déjà mentionné en répondant à la question de votre collègue de NTV, après la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'Union soviétique (et je l'ai aussi évoqué durant mon - YouTube ), la Russie s'est complètement ouverte à nos partenaires [occidentaux]. Quels en ont été les résultats ?
Un soutien direct et total au terrorisme dans le Caucase du Nord. Ils ont directement soutenu le terrorisme, vous comprenez ? Est-ce que c'est ainsi que des partenaires se comportent, normalement ? Je n'entrerai pas dans les détails à ce sujet, mais c'est un fait établi, connu et reconnu de tous.
Sur toute question, quelles que soient nos actions, nous devons toujours faire face à des problèmes, à de l'opposition et même à de l'antagonisme [de la part de nos « partenaires » occidentaux].
Permettez-moi de vous rappeler comment le pays se préparait pour les Jeux olympiques de 2014, notre inspiration et notre enthousiasme pour l'organisation d'un événement festif non seulement pour les amateurs de sport russes, mais pour les fans de sport du monde entier. Cependant, et c'est là un fait évident, des tentatives sans précédent et manifestement coordonnées ont été orchestrées afin de discréditer nos efforts pour organiser et héberger les Jeux olympiques, et perturber leur déroulement même. C'est un fait évident ! Pourquoi ont-ils fait ça ? A quoi cela servait-il ? Et je pourrais multiplier les exemples indéfiniment.
Vous savez que durant la réunion du forum de Valdaï, j'ai donné l'exemple de notre symbole le plus emblématique, à savoir celui d'un ours qui veille sur sa taïga. Vous savez quel est le problème ? En poursuivant cette analogie, je me dis parfois qu'il vaudrait peut-être mieux que notre ours se tienne à l'écart. Peut-être qu'il devrait s'asseoir docilement, arrêter de chasser les sangliers et les marcassins à travers la taïga et commencer à manger des baies et du miel. Peut-être qu'alors on le laissera tranquille ?
Mais non, on ne le laissera jamais en paix, car il y aura toujours quelqu'un qui s'efforcera de l'enchaîner. Et dès qu'il sera couvert de chaînes, ils lui arracheront les dents et les griffes. Dans cette analogie, je fais référence aux forces de dissuasion nucléaire. Et une fois qu'à Dieu ne plaise, cela se sera produit et qu'ils n'auront plus besoin de l'ours, ils vont immédiatement s'emparer de la taïga.
Car nous avons entendu dire même par des responsables haut placés, et à plusieurs reprises, qu'il est injuste que la Sibérie, avec ses immenses richesses, appartienne entièrement à la Russie. Pourquoi donc est-ce injuste ? Il serait donc juste d'arracher le Texas au Mexique, mais injuste que nous exploitions notre propre territoire - non, nous aurions le devoir de partager ?!
Et ensuite, après que toutes les griffes et les dents ont été arrachées, l'ours ne sera plus d'aucune utilité. Peut-être qu'ils l'empailleront, et ça sera fini.
Par conséquent, il ne s'agit pas de la Crimée, mais du fait que nous défendons notre indépendance, notre souveraineté et notre droit à l'existence. C'est ce dont nous devrions tous prendre conscience.
Et si nous considérons que l'un de nos problèmes actuels - y compris notre économie à cause des sanctions - est crucial, ce qui est le cas, car l'impact des sanctions économiques représente 25 à 30 % de l'ensemble de nos problèmes Mais nous devons prendre une décision : est-ce que nous souhaitons poursuivre de l'avant et lutter, faire évoluer notre économie pour le mieux, soit dit en passant, car nous pouvons profiter de la situation actuelle pour la retourner à notre avantage, et faire en sorte que notre structure économique devienne plus indépendante, est-ce que nous voulons passer par tout ce processus, ou est-ce que nous voulons voir notre peau accrochée sur un mur. C'est le choix que nous devons faire, et cela n'a rien à voir avec la Crimée. ...