La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, a alerté lundi 21 mars sur le risque pour les enfants ukrainiens d'être victimes de trafic humain alors qu'ils fuient leur pays pour échapper à l'invasion russe.
Lors d'une conférence de presse en Estonie, elle a déclaré qu'environ la moitié des 3,3 millions d'Ukrainiens qui ont fui vers les pays de l'Union européenne (UE) depuis le début de la guerre étaient des enfants, et que "beaucoup plus de millions" étaient attendus.
Concrètement, les risques se concentrent aux frontières, a précisé Ylva Johansson. Dans ces zones, des criminels déguisés en bénévoles ou en secouristes pourraient profiter des personnes vulnérables en proposant un abri aux migrants.
L'Ukraine compte par ailleurs un grand nombre d'orphelins et d'enfants nés de mères porteuses qui n'ont pas été récupérés par leurs parents. Cela augmente le risque qu'ils soient enlevés ou deviennent des victimes d'adoptions forcées, a affirmé Ylva Johansson.
"Il y a un énorme risque de trafic d'enfants vulnérables", a-t-elle encore alerté, précisant que, jusqu'à présent, très peu d'enfants non accompagnés ont été signalés aux frontières de l'UE et peu de cas de trafic d'êtres humains.
Des cas "alarmants"
De leur côté, la police, des militants ainsi que des organisations ukrainiennes de femmes ont déjà signalé certains cas "alarmants", des abus courants dans des cas de migration massive.
Le 10 mars, la police de Wrocław, en Pologne, avait déclaré avoir arrêté un suspect de 49 ans accusé d'avoir violé une Ukrainienne de 19 ans. Il avait pris contact avec elle via Internet en lui proposant de l'aide.
"Nous ne devrions pas attendre d'avoir la preuve de nombreux cas de trafic, car il pourrait alors être trop tard", a réagi la commissaire européenne, ajoutant qu'une vaste campagne de sensibilisation à ce risque devait être menée immédiatement.
"Beaucoup d'enfants sans parents sont actuellement introuvables"
Jeudi 17 mars, le Groupe d'experts sur la lutte contre la traite des êtres humains du Conseil (Greta) s'était déjà ému de la situation. Selon eux, les "enfants fuyant l'Ukraine sans parents" seraient particulièrement ciblés par des trafiquants, "et beaucoup d'entre eux sont actuellement introuvables".
Dans un communiqué publié lundi, l'Unicef affirme de son côté que plus de 500 enfants non accompagnés ont été recensés à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie entre le 24 février et le 17 mars.
"Le nombre réel d'enfants ukrainiens séparés de leur famille qui se sont réfugiés dans des pays voisins est probablement bien plus élevé", ajoute l'agence.