04/04/2022 infomigrants.net  5 min #205506

Hongrie : selon des résultats partiels, le parti de Viktor Orban arrive en tête des législatives

Hongrie : l'anti-migrants Viktor Orban rempile pour un quatrième mandat

Viktor Orban a été réélu dimanche 3 avril pour un quatrième mandat à la tête du gouvernement hongrois. Crédit : Picture alliance

Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban, qui a fait de la lutte contre les migrants le fer de lance de sa politique, a remporté, dimanche 3 avril, un quatrième mandat consécutif à la tête du gouvernement hongrois lors des élections législatives, récoltant plus de 53 % des voix.

"Nous avons remporté une victoire si large qu'elle peut même être vue depuis la Lune", a clamé Viktor Orban, âgé de 58 ans, avant même la fin du dépouillement des bulletins, se félicitant d'avoir "défendu la souveraineté et la liberté de la  Hongrie".

Si cette nouvelle victoire valide la position prudente d'Orban sur la guerre en Ukraine et sa campagne fondée sur la défense des valeurs chrétiennes traditionnelles, elle semble également approuver  la politique très stricte menée en matière d'immigration ces dernières années. Car en 12 années au pouvoir, le Premier ministre, autoproclamé "rempart de l'Occident contre l'immigration", a profondément changé le pays.

Le droit d'asile aux oubliettes, des "traitements inhumains et dégradants"

Dès 2015, le chef de gouvernement souverainiste avait fait ériger une clôture de plusieurs centaines de kilomètres aux frontières sud de la Hongrie, pour protéger le pays contre les migrants, suscitant des mesures similaires de la part de pays voisins.

Il a également récusé le droit d'asile des migrants originaires d'Afrique ou du Moyen-Orient, qu'il assimile régulièrement à des "terroristes" en puissance. Cette mesure empêche les personnes originaires d'un pays où leur vie n'est pas menacée de faire une demande d'asile sur le sol hongrois.

Le pays est aussi régulièrement accusé de pratiquer des reconductions illégales - et violentes - de migrants à la frontière. En 2021, Le Hungarian Helsinki committee (HHC), une ONG de défense des droits de l'Homme basée à Budapest, a évalué à au moins 52 000 le nombre de migrants dont les droits ont été bafoués à la frontière depuis 2016.

Depuis 2018, l'aide apportée par des associations à ceux qui ne remplissent pas les critères permettant d'obtenir la protection est par ailleurs criminalisée en Hongrie. Ainsi, donner de la nourriture à un migrant démuni, par exemple, constitue, dans ce contexte, une infraction pénale.

Dans le collimateur de la justice européenne

Fin 2020, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait réagi à la situation en Hongrie en jugeant que les demandeurs d'asile étaient retenus sans motif valable dans des camps situés dans des  "zones de transit" à la frontière avec la Serbie. La Cour avait exigé qu'ils puissent en sortir, ce qui avait conduit le gouvernement hongrois à fermer ces camps controversés, ouverts en 2015.

Budapest a, entre autres, été également condamnée en mars 2021 par la Cour européenne des droits de l'Homme pour  "traitements inhumains et dégradants" envers une famille de demandeurs d'asile irano-afghane.

Cette famille, composée de trois enfants, dont un bébé de sept mois, et d'une femme enceinte, avait été placée dans une zone de transit, dans un conteneur de 13 mètres carrés. En raison du fait qu'il demandait l'asile pour la troisième fois, le père n'était par ailleurs pas autorisé à recevoir de la nourriture des autorités, en application de la législation hongroise, et se nourrissait de restes trouvés dans les poubelles.

Autre affaire au niveau européen :  la Hongrie a été condamnée en avril 2020 - tout comme la Pologne et la République tchèque - pour avoir refusé un quota d'accueil de réfugiés décidé dans le cadre du programme lancé en 2015 de répartition par État membre de dizaines de milliers de demandeurs d'asile.

Orban ne devrait pas dévier de sa ligne

Mais ces condamnations, même nombreuses, semblent avoir peu d'effet sur Viktor Orban. Et sa large réélection à la tête du gouvernement ne devrait pas le faire dévier d'un chouïa de sa ligne radicale.

Récemment, la pandémie de Covid-19 a été une nouvelle occasion pour lui de resserrer la vis autour des étrangers, désignés comme les boucs émissaires de cette crise.

Au printemps 2020, Viktor Orban est allé jusqu'à déclarer que  deux étudiants iraniens étaient responsables d'avoir amené le virus dans le pays. Ces deux jeunes hommes et douze autre étudiants ont été accusés d'avoir violé les règles sanitaires liées au coronavirus et ont été expulsés de Hongrie.

Seul assouplissement constaté : avec la guerre en Ukraine, la position de Viktor Orban envers l'immigration s'est légèrement assouplie, le nationaliste ayant accepté d'ouvrir les frontières habituellement verrouillées de son pays aux déplacés victimes du conflit.

Mais cet élan de solidarité s'est arrêté là. Depuis, le gouvernement de Viktor Orban est aux abonnés absents en ce qui concerne l'organisation de l'accueil de ces exilés. Dans le pays, la prise en charge des Ukrainiens repose quasi-exclusivement sur la société civile.

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