Normalement à partir d'un moment, quand le mensonge est trop insistant malgré les faits et les réfutations consistantes, il est temps de conclure que le problème est ailleurs.
Je ne sais pas comment des gens parfois sensés approuvent le mensonge éhonté pourvu qu'il soit officiel, et en rivalité avec l'intelligence collective.
Les occidentaux mentent de façon effrontée et éhontée mais si les russes mentent, c'est avec une finesse jamais vue auparavant.
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Il y a un grand nombre d'inversions assez caractérisées qui se produisent. Par exemple le clan occidental se prévaut de liberté et de démocratie, et dans les faits répand la guerre et la dictature, tandis que le clan oriental se prévaut de l'ordre fondé sur des règles, terme reprit par les occidentaux pour dire qu'ils font ce qu'ils veulent, et dans les faits ils mettent fin à la pauvreté et au capitalisme.
Le nouvel ordre mondial est le nom donné aux objectifs du clan occidental, mais un nouvel ordre mondial est en train de naître et c'est celui qui est multipolaire et qui prône la non-ingérence, tandis que l'ancien ordre mondial qui se dit "nouveau", périclite.
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Je ne comprends pas non plus comment on ne peut pas sentir l'honnêteté intellectuelle des dirigeants russes, leur esprit cartésien et rationnel, leur pondération et la justesse de leurs analyses, et leur aisance dans les question complexes, là où les occidentaux tiennent des propos manichéens, obsessionnels, caractériels, et objectivement tellement mensongers et arbitraires qu'on ne peut même pas trancher entre la psychopathologie et la fourberie.
Je me demande aussi pourquoi il n'apparaît pas si clairement dans l'esprit de mes congénères que les techniques "cousues de fil blanc", qui sont toutes des déclinaisons de la même stratégie qui consiste à se démettre de toute responsabilité à la vue d'un public de badauds, à créer des victimes pour accuser leurs ennemis, à télécommander le chaos et la fureur depuis leur salon, n'arrive pas à être perçue comme caractéristique des crimes qui se produisent. Et que ça passe crème quand on accuse les autres d'en faire autant.
Comment n'apparaît-il pas clairement que le menteur pathologique ment ?
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Les peuples sont plongés dans la confusion mentale, qui est celle de leurs bourreaux, qu'ils se prennent à défendre en s'imbibant de cette même furie démentielle. Pourquoi sont-ils des clients de cette façon de penser ? Arrange-t-elle leurs affaires ? Sont-elles un moyen de préméditer leurs propres petits crimes locaux ?
Comment, avec un tel écart entre l'intelligence et la bonne foi, et la décérébration psychopathologique, les avis ne sont-ils pas plus tranchés ? Et à la fois, pourquoi le sont-ils autant concernant des faits qui en réalité ne relèvent que d'opinions qui sont fabriquées par l'émotion du moment, et qui sont si faciles à contester et prouver ?
Est-ce que cette ambiance apocalyptique est le fait de simple robots qui ciblent précisément les gens qu'ils ont pour mission d'énerver ? Ou sont-ce de vrais gens ? Ou sont-ils en danger (en plus d'être dangereux) ? J'ai vu comme l'algorithme de twitter affichait avec insistance des messages venus d'ailleurs sur mon réseau en s'attendant précisément à ce que j'y réponde.
Est-ce un test grandeur nature pour voir si l'évolution sociale et collective est enfin prête à franchir un pallier évolutif, ou si, par peur de cette évolution globale, les retardataires parviendront à empêcher ce progrès ? À intimider ceux qui sont dans le vrai comme dans une opération du Bluff global ?
N'est-il pas flagrant que ce progrès, vers une société où les gens pensent rationnellement, avec pondération, avec une aisance dans la complexité, est vital pour l'avenir à court terme de toute l'humanité, qui s'est empêtrée dans une situation de quasi auto-extermination ? Et que justement cette situation était due au fait de penser de façon trop limitative, manichéenne, égoïste ? N'est-il pas temps de remettre cela en question ?
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Pensent-ils vraiment que l'avenir du monde, et que la modernité, correspondent à la rupture des limites morales, des définitions objectives, des faits inéluctables, des frontières opérationnelles, de la raison et de la logique, et que tout ne doit plus être qu'une bouillie globale informe et magmatique ?
Ou bien ont-ils raison mais simplement en restant dans l'incapacité cognitive d'aller plus loin dans la compréhension du phénomène que nous vivons, qui consiste à changer d'ère.
Car oui tous les mots vont être redéfinis, toutes les logiques vont être repensées, tous les faits vont être réévalués, et les frontières vont bouger et peut-être même devenir informelles, et peut-être même que la morale - dont d'ailleurs ils se prévalent - ainsi que leurs principes, vont se transmuter. Ils s'en prévalent et ils la piétinent, alors qu'il faut au contraire s'en admettre éloignés et la rechercher avec soin.
Mais pourquoi cela ? Pour quelle autre raison y aurait-il une "refonte du système" si ce n'est pour en créer un qui, précisément, sera plus clair, plus limpide, plus objectif, plus efficace, plus ordonné, plus sophistiqué, et largement plus économique en terme d'énergie dépensée par rapport aux effets obtenus ?
L'esprit de la science consiste à découvrir que les fondements de sa certitude ne sont en fait que des croyances qui méritent d'être interrogées et s'il le faut, remises en question.
Alors, ne faut-il pas commencer par là ? N'est-ce pas ce vers quoi il faut tendre ? N'est-il pas l'heure de se mettre à aimer la logique et la raison, la vérité et la justice, de se montrer humble face à elle, d'être ouverts d'esprit pour la découvrir, pour s'en enrichir, s'améliorer, devenir plus le "soi-même" qui sommeille en nous, et qui permet de s'exprimer avec efficacité ? Et d'être content de soi ? Sommes-nous contents de nous-mêmes quand on ne fait que défendre une posture morale inqualifiable autrement que par la violence ?
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Ne faut-il pas de la pondération, de l'acceptation, de l'humilité ? Ou bien ces traits de caractère ne sont-ils pas ceux qui sont commandés par la force d'une dictature hallucinée qui ordonne, impose de l'extérieur, parce que c'est nécessaire, qu'on adopte ces comportements, afin de se soumettre à sa folie furibonde ?
Hein que la question est compliquée.
Ne faut-il pas aller chercher l'autre et le comprendre ? Ou faut-il lui dire qu'il n'est qu'un incapable et qu'il est bon pour lui qu'on le force à penser ce qu'il doit penser ?
La différence est dans la liberté. Ces traits de caractère, pacifiques, et pacificateurs, doivent provenir de soi et en provenir sincèrement. Mais en même temps, n'est-il pas vrai que la dictature hallucinée consiste précisément à forcer les gens à faire croire que ces traits de caractère viennent véritablement d'eux-mêmes, et à s'en convaincre, et même à accepter les sacrifices qui permettraient de le prouver ? Le terme de "pacificateur" n'est-il pas la marque de fabrique du colonialisme ?
Il est vrai qu'il faut avoir l'esprit fin pour s'en sortir.
Si la différence est dans la liberté, comment se définit-elle ? Est-ce un bien qui nous est accordé afin d'avoir un espace vital de tranquillité au sein d'un système global de "devoirs" ? Est-il d'une taille et d'un diamètre proportionnel à la soumission consentie aimablement ? Ou est-ce un élan de bonne humeur qui nous auto-autorise à aller explorer de nouvelles difficultés ? La liberté n'est-elle pas un entraînement au bon usage de la liberté ?
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S'il y a une conspiration géante - et il y a une conspiration géante - c'est d'abord celle de la question qui nous est posée par le pallier historique que nous sommes en train de franchir.
Cette question n'est pas claire, elle n'est pas formulée, chacun peut la définir selon ses propres critères d'acceptation et ses propres capacités. Et chacun doit y apporter une réponse qui doit, mais sans le devoir consciemment, coïncider avec l'intérêt de tous. L'ensemble doit dessiner une structure. C'est comme une flash-mob géante, dirigée par l'inconscient collectif. Quel schéma va-t-il en sortir ? un smiley souriant ou un smiley triste ?
Comment le savoir autrement qu'en voyant le résultat, ou bien alors, en projetant par réplication sa propre pensée. Cette projection est-elle sincère, honnête, rationnelle ? Et si tout le monde faisait et disait et pensait comme moi, le résultat serait-il à la hauteur de mes espérances ? N'y verrait-on pas le désir obscur d'un égo inconséquent ? N'est-ce pas déjà ce qu'on voit aujourd'hui ?
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La bonne nouvelle, ce à quoi il faut s'accrocher, c'est qu'il existe, oui, bel et bien, quelques certitudes qui sont des points fixes dans le temps et l'espace (mental), pour paraphraser l'autre. Des repères. Des appuis pour les bras de levier.
Et ces certitudes ne sont autre que les lois universelles. Les lois de la physique (ce qui inspire le Giec), les lois biologiques (ce qui contredit toute velléité de toucher à l'ADN), et les lois morales, qui découlent des regrets des morts, ou pour le dire autrement, qui permettent de tisser un lien entre le début de l'univers et sa fin, sa raison et son but. Sa raison est son but, et son but est sa raison, et la loi morale, est son moyen. Mais elle aussi, est-elle exprimable avec des mots courants, limités, appartenant à des époques et des civilisations diverses ? Ou bien faut-il simplement la chercher ?
Et il y a aussi les lois de la logique. C'est encore une science, mais elle est en pleine effervescence, et elle permet de discriminer certaines règles, d'ordre holistiques, systémiques, qui agissent comme des juges sur nos actes. Et si on ne les croit pas, il suffit d'attendre les conséquences pour en mesurer le poids de la vérité.
Il y a une règle d'ordre systémique que j'aimerais raconter pour finir cette grande interrogation. Tous les humains sont les maillons d'une chaîne. L'univers est un trait tracé dans l'espace, et de chacun de ces points jaillit un trait tracé dans l'espace, et ainsi de suite. Cela, c'est le chemin évolutif. C'est pour cela que dans le présent on peut voir tous les stades de l'évolution passée, mais d'une manière imagée, et non littérale.
Qu'est-ce que cela signifie ? Il y a des gens qui sont d'accord, d'autres qui pensent différemment, des adultes et des enfants, des aliènes super évolués et des hommes préhistoriques, des matins et des soirs, des moments de grâce et des jours de faiblesse, des processus qui à chaque fois, à toutes les échelles, retracent l'intégralité du parcours de l'univers, du début à la fin.
Et quand un peuple, une civilisation, entre dans un nouvel âge, cela forme comme une goutte d'eau qui avance sur une vitre, avec des molécules qui sont devant et d'autres qui sont derrière. Il n'y a aucun mal à être derrière, ou aucun avantage à être devant. Tout cela c'est de l'interprétation. Chaque molécule dans la goutte d'eau a son rôle à jouer, pour former la goutte globale. Chaque humain est le maillon d'une chaîne qui avance vers la lumière, chacun sortant de l'ombre les uns après les autres. Il ne faut pas en vouloir aux uns ou bénir les autres. Ce qui compte c'est la chaîne humaine.