Par Tamara Nassar
Un enfant palestinien et deux femmes font partie des six Palestiniens assassinés dans des attaques par les forces israéliennes depuis vendredi.
Des soldats ont tiré dans l'abdomen de Muhammad Hussein Muhammad Qassim, âgé de 16 ans, lors d'un raid dans la ville occupée de Jénine, en Cisjordanie ce dimanche soir.
« Les médecins ont trouvé plusieurs éclats de balle dans le bassin et les fesses de Muhammad », a déclaré lundi Defence for Children International-Palestine [DCI-Palestine]. Muhammad a été déclaré mort peu après 7 heures ce matin.
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Il est le sixième enfant palestinien tué par les forces israéliennes depuis le début de cette année.
Israël a prétendu que le garçon avait ouvert le feu sur les forces israéliennes qui attaquaient Jénine à ce moment-là. Suite à l'annonce de sa mort, le groupe de résistance du Jihad islamique l'a 𝕏 revendiqué comme l'un de ses membres.
Cependant, le récit israélien est contredit par un témoin oculaire, qui a déclaré à DCI-Palestine qu'un véhicule militaire israélien est entré à Jénine vers 17 heures dimanche et a commencé à poursuivre une voiture civile.
Muhammad "a commencé à courir derrière le véhicule militaire israélien et a semblé chercher au sol des pierres à lui lancer", a déclaré le témoin oculaire, selon le groupe de défense des droits de l'homme.
"Soudain, sans aucun avertissement, un soldat israélien a tiré trois balles depuis la lunette arrière du véhicule militaire, frappant Muhammad à une distance d'environ quatre mètres dans l'abdomen."
La dernière violence israélienne survient après que les Palestiniens ont mené plusieurs attaques à l'intérieur d'Israël et de la Cisjordanie en réponse à l'occupation militaire et au système d'apartheid en cours par Israël.
Soucieux de montrer au public israélien à quel point il est répressif, le gouvernement israélien s'est lancé dans une série de meurtres et d'arrestations dans toute la Cisjordanie occupée.
Dans le contexte de ces récentes tensions, c'est le premier anniversaire du soulèvement de l'année dernière dans la Palestine historique, lorsque l'armée israélienne a mené un assaut de 11 jours dans la bande de Gaza assiégée et à travers la Cisjordanie occupée.
Meurtre d'une mère de six enfants
Dimanche, l'armée d'occupation israélienne a assassiné une femme dans la ville palestinienne de Husan, à l'ouest de Bethléem, également en Cisjordanie. Les forces israéliennes ont prétendu que Ghada Sbatin agissait de manière « suspecte » alors qu'elle s' 𝕏 approchait, et les soldats l'ont abattue.
La femme était en fait sans arme, selon les médias israéliens.
Des soldats israéliens ont déclaré avoir engagé une « procédure d'arrestation » en tirant en l'air. Lorsque Sbatin ne se serait pas arrêtée, ils ont ouvert le feu directement sur elle. Les forces israéliennes prétendent souvent qu'elles tentaient une procédure d'arrestation lorsqu'elles assassinent les Palestiniens.
La vidéo montre trois soldats, deux debout derrière des barrières en béton et un troisième à côté d'eux. La femme s'approche des soldats, qui lui tirent dessus à bout portant.
Sbatin est alors vue allongée sur le sol, recouverte de cartons.
Elle avait perdu beaucoup de sang à son arrivée dans un hôpital voisin, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne, et a été déclarée morte. Sbatin était veuve, mère de six enfants.
Plus tard dans la journée, les forces israéliennes ont tiré et tué une Palestinienne près de la mosquée Ibrahimi dans la ville cisjordanienne d'Hébron, alléguant qu'elle avait poignardé et légèrement blessé un officier de la police des frontières paramilitaire israélienne.
Elle a été identifiée par le ministère de la Santé comme étant Maha Kathem al-Zaatari, âgée de 24 ans.
Dimanche également, les forces d'occupation israéliennes ont abattu Muhammad Ali al-Ghunaim, 19 ans, dans la ville palestinienne d'al-Khader, un village voisin de Husan.
Criminels à la gâchette facile
Le même jour, un commandant militaire israélien a visé et abattu un homme dans la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, qui tentait prétendument de voler l'arme d'un soldat.
L'armée israélienne a déclaré l'avoir "neutralisé". L'homme s'est avéré être un citoyen israélien juif qui s'était échappé d'un service psychiatrique, et non un Palestinien.
"Le soupçon initial était que c'était un terroriste qui avait été abattu sur les lieux", a expliqué le maire d'Ashkelon, Tomer Glam. "A présent il est devenu clair qu'il s'agissait d'un citoyen juif qui avait commis l'acte, et la suspicion qu'il pourrait être atteint de maladie mentale a fait l'objet d'une enquête", a-t-il ajouté, suggérant que l'armée aurait pu réagir différemment si elle avait su que l'auteur avait été un juif israélien plutôt qu'un Palestinien.
Cet incident illustre le niveau de tension dans lequel pratiquement n'importe qui peut être sommairement abattu pour « soupçon » de « terrorisme ».
Mais cela démontre également la nature raciste du système d'apartheid israélien, où tout Palestinien qui résiste à ce système est automatiquement qualifié de « terroriste », sans enquête sur ses motivations ou sa condition, tandis que les Israéliens juifs ont la possibilité de « souffrir de maladie mentale ».
Guerre à Jénine
Les forces d'occupation israéliennes ont envahi samedi le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, pour faire une descente au domicile du tireur palestinien accusé d'avoir tué trois Israéliens jeudi.
Raed Hazem, âgé de 28 ans, a été accusé d'avoir tué les trois Israéliens et d'en avoir blessé 10 autres dans la rue animée Dizengoff de Tel-Aviv lors de la quatrième attaque meurtrière de ce type en Israël ces dernières semaines.
Il a été tué dans un échange de tirs avec les forces israéliennes alors qu'il se cachait près d'une mosquée dans la ville portuaire de Jaffa vendredi matin, a rapporté le quotidien de Tel-Aviv Haaretz.
Hazem était originaire du camp de réfugiés de Jénine.
Lors du raid sur sa maison familiale samedi, des Palestiniens armés ont défendu le camp contre l'invasion israélienne, et un combattant de la résistance palestinienne a été tué.
Il a été identifié comme Ahmad Naser al-Saadi, âgé de 23 ans, commandant de terrain de la brigade de Jénine du groupe de résistance du Jihad islamique. Au moins 13 autres personnes ont été blessées par des tirs à balles réelles, a indiqué le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.
La brigade de Jénine a été formée en septembre 2021, lorsque six Palestiniens se sont échappés de l'une des prisons les plus fortifiées d'Israël, mais ont ensuite été capturés.
Jénine reste un centre de résistance palestinienne armée à l'occupation militaire israélienne en Cisjordanie, malgré tous les efforts déployés par Israël et l' Autorité palestinienne pour réprimer cette résistance. La ville est devenue le point focal des récents affrontements entre les Palestiniens armés et les forces israéliennes.
Les autorités israéliennes prévoient de démolir les maisons familiales de Raed Hazem et Dia Hamarsheh - tous deux des habitants de la région de Jénine accusés d'attaques mortelles en Israël.
C'est une forme de punition collective qu'Israël utilise exclusivement contre les familles des Palestiniens accusés de violence, mais jamais contre les familles des juifs.
Dimanche, les troupes israéliennes ont ouvert le feu sur un véhicule transportant les deux frères de Raed Hazem, dont un enfant, et leur mère, a déclaré le frère aîné aux médias.
Les soldats israéliens ont d'abord tenté de percuter la voiture de plein fouet, mais lorsque le frère de Hazem a pu éviter le choc, les soldats sont descendus de leur véhicule blindé et se sont approchés de la voiture « directement » avec # l'intention de tuer, pas d'arrêter #, a déclaré le frère.
C'est au cours de cette attaque que les forces israéliennes d'occupation ont abattu Muhammad Qassim, âgé de 16 ans.
Punition collective
Les autorités israéliennes ont annoncé samedi une série de mesures de punitions collectives non seulement dirigées contre les familles des assaillants présumés, mais contre l'ensemble de la population de Jénine.
Ces mesures incluent la révocation des permis de travail, l'interdiction aux citoyens israéliens de rentrer dans Jénine et l'interdiction aux habitants de Jénine de rendre visite à leur famille en Israël. « Les restrictions devraient porter un coup dur à l'économie locale », a déclaré le quotidien de Tel-Aviv Haaretz, notant que la grande majorité du pouvoir d'achat de la ville provient des citoyens palestiniens d'Israël.
« Lorsque vous punissez tout Jénine, empêchez le commerce et bloquez les travailleurs, vous acculez les gens au désespoir. Attendez-vous à ce qu'il fasse n'importe quoi », a déclaré le maire de Jénine, Akram al-Rajoub, au Times of Israel.
Il y a deux décennies ce mois-ci, l'armée israélienne a massacré au moins 52 Palestiniens et blessé des dizaines d'autres dans le camp de réfugiés de Jénine, selon un rapport diffusé par le secrétaire général des Nations Unies à l'époque. Les forces israéliennes avaient également bombardé 150 bâtiments, laissant 450 familles sans abri. Selon le rapport, 23 soldats israéliens avaient été tués par la résistance palestinienne à la fin de l'opération.
L'escalade d'Israël ne montre aucun signe de « pacification » parmi les Palestiniens et d'occupation sans souci à laquelle Israël aspire.
Deux Israéliens entrant lundi dans la ville occupée de Naplouse en Cisjordanie ont été légèrement blessés par des tirs de Palestiniens, a affirmé l'armée israélienne. Les Israéliens se dirigeaient vers le tombeau de Joseph, un site archéologique considéré comme sacré par les musulmans, les chrétiens et les juifs, situé au cœur de la ville.
Des colons israéliens se rendent régulièrement sur le site sous forte escorte de l'armée israélienne.
Auteur : Tamara Nassar
* Tamara Nassar réside à Amman, Jordanie, et est éditrice à The Electronic Intifada. Son compte Twitter.
11 avril 2022 - The Electronic Intifada - Traduction : Chronique de Palestine