19/04/2022 europalestine.com  7 min #206418

Israël : au moins cinq morts dans une nouvelle attaque en banlieue de Tel-Aviv

Bilan des crimes israéliens en Palestine du 7 au 13 avril 2022

 19 avril 2022

Ahmed Al-Saadi, tué lors d'un raid sur Jénine; Ghada Sabatin, mère de six enfants, assassinée par un soldat parano qui croyait voir en elle une « terroriste »; Mohammed Zakarna (17 ans), victime d'une balle perdue ou de représailles, selon les versions.; Maha al-Za'atari, tuée par l'armée à l'intérieur de la mosquée Ibrahim d'Hébron; Mohamed Ghunaim, pris pour cible devant chez lui par un sniper, le dos pulvérisé par une balle explosive*; Mohammed Assaf, mitraillé par un soldat quand il conduisait ses neveux à l'école ; Omar Eliyan, tué pour avoir lancé des bouteilles vides sur des blindé ;Qusai Hamamra (14 ans), criblé de balles sans raison crédible, son corps confisqué par l'armée « la plus morale du monde ».

Huit meurtres en sept jours, tel est le bilan cette semaine en Cisjordanie, meurtres auxquels s'ajoutent plus d'une centaine de blessés, dont au moins 6 mineurs et une femme, et dont deux ont perdu la vue.

Le plus âgé, Ibrahim Salah, a 80 ans. A ces « violations du droit à la vie et à l'intégrité physique » (selon les termes officiels) s'ajoutent les atteintes à la liberté : près de 200 citoyens de Cisjordanie, dont une dizaine de mineurs, ont rejoint les geôles israéliennes en toute illégalité. Le plus jeune de ces prisonniers politiques, Moataz Awad, a douze ans.

Ces exactions ont été commises au cours d'au moins 210 incursions des forces israéliennes en Cisjordanie.

Les colons ont ajouté à l'insécurité en attaquant 23 fois leurs voisins palestiniens, causant dommages matériels et blessés.

Et Gaza, en plus de son enfermement, a subi pour sa part 22 attaques contre ses pêcheurs, ses agriculteurs, ses habitants en général. Et à chaque instant, impossible de sortir de chez soi sans se heurter aux 93 checkpoints volants qui se sont ajoutés aux 108 points de contrôle permanents, où règnent la longue attente, l'arbitraire, le risque toujours possible d'être arrêté. Et cela fait 55 ans que ça dure !

Ghada, assassinée par l'armée la plus craintive du monde

Jénine est la ville de Raed Azem, l'auteur de l'attentat de Tel Aviv, et l'occupant le lui fait chèrement payer ! Le matin du samedi, plusieurs maisons sont prises d'assaut, dont celle de la famille de Raed. Conformément à leur tradition séculaire de résistance, les habitants ne se laissent pas faire**. La répression est comme toujours féroce : quatorze manifestants, dont une femme, sont blessés. Ahmed Al-Saadi (21 ans) ne survit pas à ses blessures. Dimanche 10 au matin, Ghada Ali Sabatin, mariée et mère de six enfants, se rend chez un parent du village de Husan, à l'ouest de Bethléem. Cette femme de 47 ans est une déficiente visuelle affublée de grosses lunettes et vêtue de l'abaya, la robe traditionnelle musulmane. Pour son malheur, elle rencontre sur sa route un checkpoint surprise que l'armée d'occupation vient d'établir à l'entrée du village. Traversant la rue, elle s'approche de deux soldats terrés derrière un cube de ciment et d'un troisième qui fait face. Terrifié ou énervé par le look de la mère de famille, ce dernier fait feu sans sommation. Atteinte à l'artère fémorale de la cuisse gauche, Ghada s'effondre sur le sol. Les passants qui essaient de la secourir sont brutalement écartés et chassés à coups de gaz lacrymogènes. Quant aux valeureux soldats, au lieu de lui apporter une aide d'urgence, ils découpent sa robe en quête d'une arme hypothétique. Au bout d'une demi-heure pendant laquelle elle saigne abondamment, les troufions enfin rassurés permettent aux secours de la conduire à l'hôpital où elle meurt aussitôt.

Que faire quand on est Palestinien et que l'on tombe sur des soldats en vadrouille ? Si l'on s'approche, on est une menace. Si l'on s'éloigne, c'est qu'on n'a pas la conscience tranquille. Dans les deux cas, on vous tire dessus.

Dimanche meurtrier

Selon une enquête du PCHR, l'après-midi de ce même dimanche, vers 17 h 15, toujours à Jénine, un SUV militaire fonce sur une voiture palestinienne dans le but d'arrêter son conducteur. Mais celui-ci passe outre. Les soldats descendent du SUV et mitraillent la voiture fugitive. Mohammed Hussein Zakarna, qui se trouvait là par hasard, écope de plusieurs balles perdues dans le ventre. Un témoin palestinien l'emmène dans sa voiture à l'hôpital où il décède le lendemain matin. Il n'avait que 17 ans. Le PMG a une version différente. Selon cet organisme, « Muhammad Zakarneh » aurait été tué dans la voiture qui le transportait, visée intentionnellement par représailles parce qu'occupée par des membres de la famille de l'auteur de l'attentat de Tel Aviv***.

Ce même dimanche, presque au même moment, c'est à l'intérieur de la cour fermée de la mosquée d'Ibrahim à Hébron que des balles israéliennes transpercent Maha al-Za'atari, une jeune femme de 26 ans. Là encore, elle reste 40 minutes à terre avant que l'occupant permette aux secours d'approcher. L'armée se justifie en assurant que Maha aurait tenté de poignarder un soldat. Mais que faisaient les soldats dans ce lieu de prière et de recueillement, en plein mois de ramadan ?

Le soir, vers 23 h, l'armée coloniale envahit la petite ville d'al-Khader, à l'ouest de Bethléhem. A la recherche d'un suspect qui aurait lancé des cocktails molotov sur des véhicules militaires, les soldats se déploient sur les toits et attaquent plusieurs maisons. Mohamed Ghunaim se trouvait devant chez lui quand un sniper posté sur un toit le prend pour cible. Une balle explosive lui pulvérise le dos. Conduit à l'hôpital, il y décède peu après. Il avait 23 ans.

Mercredi sanglant

Mercredi 13 au matin, vers 9 h, Mohammed Assaf conduit ses trois neveux à l'école à Naplouse. Ce juriste de 32 ans travaille à la Commission de Résistance à la Colonisation et au Mur. Au volant de sa voiture, il se retrouve nez à nez avec des soldats en train de se retirer après un raid matinal sur Naplouse, au cours duquel trois Palestiniens, dont un mineur, ont été blessés. Bloqué, il fait demi-tour et se gare dans un endroit supposé sûr. Puis il descend de voiture avec ses neveux et attend tranquillement que les soldats aient fini de quitter les lieux pour pouvoir emmener les gamins à destination. C'est alors qu'un soldat, dans un véhicule militaire stationné à 40 mètres de là, tire quatre balles réelles sur le juriste. Une des balles traverse sa poitrine. Il s'effondre et le sang coule à flots par sa bouche. Une ambulance palestinienne vient le chercher mais il est déjà mort à son arrivée à l'hôpital.

Au soir du même mercredi, les forces d'occupation épaulées par des véhicules militaires et des membres des unités spéciales « Yamam » envahissent le village de Silwad, au nord-est de Ramallah. Elles ouvrent un tir nourri le long de la route principale tout en bouclant les rues adjacentes. Des snipers s'installent sur les toits de trois immeubles résidentiels. D'autres soldats prennent d'assaut une maison de deux étages. Arrivés au second étage, dont les propriétaires sont à l'étranger, ils font sauter la porte, endommagent les meubles, brisent les fenêtres... Des habitants du quartier sont tabassés et arrêtés. Quand enfin l'occupant se retire, vers 22 h, des dizaines de villageois sont rassemblés pour lancer des pierres et des bouteilles vides sur les véhicules militaires. Cette protestation symbolique déchaine en retour de nouvelles salves. Sept manifestants sont blessés par balles et conduits à l'hôpital. Parmi eux, Omar Eliyan (20 ans), touché à la poitrine, succombe peu après.

Pendant ce temps, la mort frappe à nouveau un innocent à Husan. Qusai Hamamra (14 ans) est criblé de balles à une distance de 15 mètres par des assassins en uniforme postés près de la « barrière de sécurité » surplombant une route réservée aux colons. Il meurt sur le coup. Son corps est emporté par un véhicule militaire et confisqué par l'ennemi. Les soldats expliquent qu'ils pensent avoir vu l'enfant tenter de lancer un cocktail Molotov. (voir photos :  europalestine.com.

* Inventée pour la chasse aux éléphants, son usage militaire est pourtant interdit par les conventions internationales.

** Voir  charleroi-pourlapalestine.be

*** Voir aussi  europalestine.com.

Compilé par Philippe G. pour CAPJPO-Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR)*, du Palestinian Monitoring Group (PMG)**:  nad.ps et de en.wikipedia.org.

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 europalestine.com

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