Auteur(s): Teresita Dussart, pour FranceSoir
CHRONIQUE - Dans un courrier adressé mardi à plusieurs grandes corporations par un conglomérat de 26 organisations "activistes", celles-ci avertissent qu'« en tant que publicitaire sur Twitter, votre marque risque de se trouver associée à une plateforme qui amplifie la haine, l'extrémisme, la désinformation sanitaire et les théories de la conspiration ». Pour ces ONG, il est impératif que Twitter maintienne sa politique "d'intégrité civique". Et cela passe par le fait de conserver l'actuel équipe de "modérateurs". Ces associations appellent ces groupes à exiger de Twitter de maintenir l'interdiction de « personnalités publiques et politiques qui ont été bannies, du fait de leurs horribles violations du règlement de Twitter comme du harcèlement, de la violence et une conduite haineuse ». En claire : allusion à Donald Trump. Elon Musk, dans un tweet du même jour, s'interrogeait : « Je me demande qui finance ces organisations qui veulent contrôler votre accès à l'information. ». La réponse est arrivée mercredi après-midi dans les colonnes du Daily Mail sous ce titre : « Georges Soros, Clinton, des membres du staff d'Obama et des gouvernements européens sont derrière la campagne anti-Musk pour forcer les grandes corporations à boycotter Twitter. »
Si ce clan de personnalités corrompues souhaite que Twitter reste sa chasse gardée, c'est parce que de toutes les plateformes, elle a agi de la manière la plus partisane. Beaucoup plus encore que YouTube ou Facebook « ces dernières années ». Concrètement, depuis l'arrivée de Vijaya Gadde chez l'oiseau bleu. Directrice juridique depuis 2014, elle est la personne à la tête de ce fameux service de "modération". Depuis 2016, ce tribunal de l'inquisition digitale compte aussi sur l'importante contribution de Leslie Berland, directrice du service marketing. Censurer est, en effet, devenu un argument de marketing pour un certain nombre de marques. Mais c'est véritablement à Gadde que l'on doit la fermeture du compte de Donald Trump, en tant que président en exercice. Venant de Wilson Sonsini Goodrich & Rosati, cabinet d'avocat spécialisé dans les questions de propriété intellectuelle des entreprises de la Silicon Valley, Gadde a tissé des liens essentiels dans les premiers cercles du Parti démocrate, là où s'arbitrent les transferts d'argent de la high tech vers les représentants du wokisme autoritaire.
C'est aussi à Gadde qu'est due la fermeture du compte du New York Post après la publication des mails de Hunter Biden. Gadde peut se prévaloir d'avoir censuré un titre de presse pour la première fois dans l'histoire des États-Unis. Non seulement le compte du journal s'est vu bloqué, mais ce sort a été étendu à toute personne faisant allusion aux mails du fils du président alors candidat. Joe Biden doit son élection à Gadde et ça, ça confère un pouvoir unique.
Gadde, d'origine indienne, a incorporé sur le tard la culture occidentale. En particulier la dimension névralgique de la liberté d'expression. Comme souvent dans les processus d'assimilation, le zèle se déplace vers les extrêmes, et elle semble, d'après ses publications personnelles, adhérer sincèrement à la doxa woke. C'est en tous les cas de là qu'elle tire son gagne-pain : 17 millions de dollars annuels. Parag Agrawal, le tout dernier CEO aura été son alter ego parfait, mais le tandem n'aura duré qu'un an. L'ex-directeur du département technologique a été nommé CEO en 2021, en remplacement plus ou moins en catastrophe de Jack Dorsey, ce dernier ayant été débarqué par le fond Elliott Management. Jack Dorsey est aujourd'hui un des meilleurs alliés d'Elon Musk. Il sait beaucoup de choses de la manière dont sa création a été dévoyée.
Agrawal et Gadde confirment ce qu'il est familièrement convenu d'appeler la connexion curry. Ils sont, en effet, un certain nombre d'Indiens à occuper des fonctions très importantes dans le monde de la high tech américaine. Sundar Pichai chez Google, Satya Nadella chez Microsoft, Arvinf Krishna chez IBM, Shantanu Narayen pour Adobe, VMWare, Raghu Raghuram chez VMWare, et bien d'autres au plus haut niveau d'encadrement.
Ceci se doit certainement à l'excellence des études d'ingénierie en Inde. Mais il est tout aussi vrai que tout ce qui a trait au monde digital touche aussi au monde de l'information. Issus de la société de caste et d'une culture pas spécialement formée à la tolérance, même en ce siècle, ils régissent de main de fer les questions sociétales et politiques de nations très diverses les unes des autres, exerçant une effroyable censure digne des pires satrapies, voire d'une politique de réduction au silence au travers de campagne de harcèlement, répondant aux intérêts ponctuels de la Silicon Valley. Celle qui leur a fait un pont d'or.
Ce n'est sans doute pas un hasard si beaucoup de sociétés qui sous-traitent la traque aux dissidents sur Twitter, LinkedIn et quasiment toutes les plateformes, se trouvent en Inde (suivent Philippines, Kenya). Des milliers de travailleurs doivent traquer dans des langues qu'ils ne connaissent pas, pour un bénéficiaire final qu'ils ne connaissent pas davantage, du fait de l'énormité des clauses de confidences, des contenus à bannir en fonction de mots clés qui leur sont donnés. Ces contenus répondent aux notions de "contenu offensant" tels que pensés par Gadde et les intérêts qu'elle défend. Aucune des sociétés sous-traitantes ne se trouve dans les pays où s'exerce cette forme de censure.
Ce détachement permet d'exercer un arbitrage partisan en dehors de toute responsabilité morale, voire civile. Ariana Rowlands twittait au cours de la dernière élection présidentielle : « Si fière de mes origines hispaniques et si fière de soutenir Donald Trump ». Immédiatement après, elle se trouvait au centre d'attaques de hordes de trolls la menaçant de mort et lui adressant des injures racistes et sexistes. Elle interpelle alors le service de modération de Twitter, qui ne s'en émeut pas.
Twitter a non seulement permis mais entretenu ce terrorisme verbal, dès lors que la victime ne collait pas avec les narratifs de ceux du groupe qui aujourd'hui attaque Elon Musk. Et Gadde a octroyé un blanc-seing aux appels au meurtre, à la diffamation et à l'injure pour les opposants, tout en censurant des milliers de comptes d'intellectuels, de scientifiques, voire simplement de citoyens exerçant leur droit à la liberté d'expression.
Le mari de Gadde, Ramsey Homsany a pour sa part fondé une entreprise de biotechnologie, Octant Bio, spécialisée en biologie synthétique, en génomique, en bio-informatique, en variation génétique humaine, en stockage d'information génétique. De grands mots, pour heureusement très peu de résultats. Mais il est évident que dans un tel contexte professionnel, les questions bioéthiques qui préoccupent les citoyens de ce début de 21ème siècle ne peuvent que déranger. Homsany et son cofondateur sont photographiés avec Bill Gates en 2018, qu'ils présentent comme un génie en raison de son intérêt peu commun pour la génomique, alors qu'il ne dispose d'aucune formation scientifique.
Mais celle qui connait vraiment Bill Gates est encore une fois Gadde, qui a été l'avocate de Microsoft et a participé à l'acquisition en 2016 de LinkedIn par le groupe fondé par Gates. C'est un très petit monde. Dans cette croisade contre Elon Musk, la question des comptes anonymes qu'il affirme vouloir démasquer a généré un vent de panique. On va bientôt savoir pourquoi.
Gadde est essentielle pour Joe Biden, Obama, les Clinton. Les crimes du Nobel de la Paix dans la région du Sham sont imprescriptibles. La corruption des Clinton, au travers de leur fondation, s'accomode peu de la liberté d'expression. Quant à Joe Biden, il vit avec l'épée de Damoclès de la corruption de son fils et de son frère en Ukraine et en Chine. Gadde se trouve à l'intersection des intérêts d'une clique du Parti démocrate et de la Silicon Valley. De toute l'histoire politique contemporaine occidentale, personne n'a fait preuve d'une telle performance pour étouffer la démocratie.