13/05/2022 les-crises.fr  7 min #208003

Les lignes de fractures en Asie dues à la guerre de Biden contre la Russie

Les États-Unis menacent les Îles Salomon après leur pacte militaire avec la Chine

Le trésorier Josh Frydenberg refuse de dire quand l'Australie a eu connaissance du pacte entre les îles Salomon et la Chine.

Source :  The Guardian, Nino Bucci
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le conseiller à la sécurité indo-pacifique, Kurt Campbell, quitte les lieux après avoir rencontré le gouvernement des Îles Salomon à Honiara. Les États-Unis déclarent qu'ils « répondront en conséquence » s'il y a une présence militaire chinoise dans les îles Salomon. Photo : Mavis Podokolo/AFP/Getty Images

Le gouvernement américain a averti les îles Salomon qu'il « réagira en conséquence » si son accord de sécurité avec la Chine entraîne une présence militaire chinoise dans cette nation insulaire du Pacifique.

Une délégation américaine en visite, dont le conseiller en matière de sécurité indo-pacifique Kurt Campbell, a transmis directement ce message au Premier ministre des îles Salomon, Manasseh Sogavare, a indiqué la Maison Blanche, alors que les retombées de l'accord continuent de dominer la campagne électorale fédérale australienne.

Les détails de l'accord n'ont pas été rendus publics. Mais selon une version préliminaire de l'accord, il permettrait à la police chinoise armée d'être déployée à la demande des Îles Salomon pour maintenir « l'ordre social ». Il permettrait également à la Chine « d'effectuer des visites de navires, des réapprovisionnements logistiques, des escales et des transits dans les îles Salomon », et les forces chinoises pourraient également être utilisées « pour protéger la sécurité du personnel chinois et des grands projets dans les îles Salomon. »

Dans une déclaration, l'administration Biden a indiqué que Sogavare avait assuré les États-Unis qu'il n'y aurait pas de présence chinoise à long terme sur les îles. Mais les États-Unis suivraient néanmoins « de près l'évolution de la situation en consultation avec les partenaires régionaux. »

« Les représentants des îles Salomon ont indiqué que l'accord avait uniquement des applications domestiques, mais la délégation américaine a noté qu'il y avait des implications potentielles de l'accord en matière de sécurité régionale, y compris pour les États-Unis et ses alliés et partenaires », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.

« La délégation américaine a souligné des domaines de préoccupation clairs en ce qui concerne l'objectif, la portée et la transparence de l'accord. »

« Si des mesures sont prises pour établir une présence militaire permanente de facto, des capacités de projection de puissance ou une installation militaire, la délégation a noté que les États-Unis auraient alors des préoccupations importantes et répondraient en conséquence. »

La Maison Blanche s'est également engagée à accélérer la réouverture de son ambassade à Honiara.

Samedi matin, le trésorier australien, Josh Frydenberg, a refusé de répondre sur le moment où le gouvernement a eu connaissance de l'accord.

Les journaux Nine ont rapporté en début de semaine que les services de renseignement australiens avaient été mis au courant en mars et qu'ils avaient joué un rôle dans la fuite du projet d'accord en ligne.

Mais l'échec du gouvernement Morrison à empêcher l'accord a été décrit par le parti travailliste de l'opposition comme l'échec le plus important de la politique étrangère dans le Pacifique depuis la Seconde guerre mondiale.

Frydenberg n'a pas voulu dire quand l'Australie a eu connaissance pour la première fois du pacte entre les îles Salomon et la Chine, déclarant plutôt que « nous savions que cela avait toujours été un risque », ajoutant que « nous savions que des discussions étaient en cours. »

Il a également déclaré au Weekend Sunrise que le gouvernement ne pouvait pas faire grand-chose de plus pour aider les Îles Salomon, décrivant l'aide existante comme une « pression maximale. »

Le gouvernement de la Coalition a continué à essayer d'utiliser la déclaration pour dépeindre le parti travailliste comme étant mou vis-à-vis de la Chine, Frydenberg décrivant un discours du leader adjoint du parti travailliste, Richard Marles, en 2019 comme la « plus grande blague » de la journée.

Richard Marles - qui faisait campagne aux côtés de Jim Chalmers à Brisbane en raison de l'infection du leader travailliste Anthony Albanese par le Covid - a confirmé les informations selon lesquelles il avait montré à des responsables du gouvernement chinois une copie d'un discours qu'il avait prononcé dans une université de Pékin en 2019.

« J'ai fait un discours en Chine où j'ai critiqué la Chine et je voulais m'assurer que le gouvernement chinois n'était pas du tout surpris par ce que j'allais dire », a déclaré Marles.

« L'affirmation faite par le gouvernement est une autre tentative désespérée de détourner l'attention de leurs échecs dans le Pacifique. »

La principale députée travailliste Tanya Plibersek a déclaré samedi matin que le pacte de sécurité des îles Salomon faisait suite à « des années de négligence » de la part du gouvernement australien.

Interrogée sur ce que les Travaillistes auraient fait différemment de la Coalition, elle a répondu : « Nous n'aurions pas saccagé les relations avec nos voisins du Pacifique en premier lieu. »

« Il est inexplicable qu'après avoir été prévenu, le Premier ministre Scott Morrison n'ait pas dit à sa ministre des Affaires étrangères, Marise Payne, « Je veux que vous preniez le premier avion pour les îles Salomon pour en discuter. »

La réaction à l'accord dans les îles Salomon a été mitigée.

Peter Kenilorea, président de la commission des relations étrangères du parlement des Îles Salomon et député de l'opposition, a décrit l'accord comme ne profitant qu'à la Chine.

Au cours d'un forum organisé cette semaine, Kenilorea a également remis en question l'affirmation de Sogavare selon laquelle son gouvernement était en droit de conclure l'accord car il s'agissait d'une décision souveraine.

« Je ne pense pas que ce soit une voie que nous devrions suivre ou que ce soit une voie qui profiterait aux Îles Salomon, a-t-il déclaré. Je pense que le plus grand gagnant ici sera la République populaire de Chine, en termes de prise de pied dans la région du Pacifique. »

Il a poursuivi en disant que « lorsqu'il s'agit de sécurité, en particulier dans cet environnement géopolitique exacerbé, c'est plus qu'une question nationale La région est touchée, il y a des implications. »

Un autre participant au forum, le Dr Transform Aqorau, éminent universitaire des îles Salomon, a déclaré qu'il était inquiétant que personne en dehors du gouvernement n'ait vu une copie de l'accord signé ou n'ait reçu de détails sur son contenu, mais il a ajouté qu'il ne voyait rien de mal à un accord qui renforce la force de police royale des îles Salomon (RSIPF).

L'ancien Premier ministre des Îles Salomon et actuel député Danny Philip a déclaré au même forum que l'accord permettrait de garantir la protection des actifs chinois dans le pays, après que les forces de sécurité australiennes qui y ont été déployées n'ont pas réussi à le faire. Ses affirmations ont été rejetées par les autorités australiennes.

L'Associated Press et l'Australian Associated Press ont contribué à cet article.

Source :  The Guardian, Nino Bucci, 23-04-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


La France juge «préoccupant» le pacte de sécurité îles Salomon-Chine

Source :  AFP - Figaro

La Chine avait annoncé mardi la signature d'un «accord-cadre de sécurité», malgré les mises en garde des États-Unis et de l'Australie.

La France a jugé «préoccupant» jeudi 21 avril  l'accord de sécurité entre la Chine et les îles Salomon, regrettant notamment le manque de transparence du pacte ainsi que les «ambitions chinoises» dans la région indopacifique.

Lire l'article sur le site du  Figaro


Washington et Berlin furieux contre la Serbie qui achète des armes à la Chine

Source :  RFI - 13-04-2022

Une livraison d'armements antiaériens chinois à la Serbie provoque de nombreuses réactions négatives de la part de l'Europe et des États-Unis. Les armements ont été livrés pendant le week-end par des avions militaires chinois.

Lire l'article sur le site de  RFI

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