Source: AFP
Les manifestants opposés à la présence française au Tchad ont saccagé plusieurs stations Total, à N'Djamena le 14 mai 2022
14 mai 2022, 18:26
Des centaines de manifestants se sont rassemblés le 14 mai au Tchad pour protester contre la présence française dans le pays. La France est accusée de soutenir le gouvernement militaire au pouvoir, reconnu par ailleurs par l'UE et l'Union africaine.
Scandant notamment «La France, dégage !» et «Non à la colonisation», plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 mai à N'Djamena contre la présence de la France au Tchad, qu'elles accusent de soutenir le gouvernement militaire au pouvoir, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des manifestants ont brûlé au moins deux drapeaux de l'ancienne puissance coloniale et vandalisé plusieurs stations service Total, «symbole» de la France, arrachant des pompes et emportant certains produits exposés, selon la même source. Plusieurs élèves et collégiens sur des motos ont rejoint les manifestants, entonnant en chœur : «La France dehors».
Cette manifestation, organisée par la plateforme d'opposition de la société civile Wakit Tamma, avait été autorisée par les autorités. Un fort dispositif policier entourait le cortège et était déployé dans la ville.
«Nous nous réjouissons que les Tchadiens prennent de plus en plus conscience de notre lutte et nous rejoignent» a indiqué à l'AFP l'avocat Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tamma. «La France installe des dictateurs sur notre tête. Nous demandons juste que notre peuple soit respecté», a-t-il ajouté.
Le fils de l'ancien président tchadien contesté
Le 20 avril 2021, l'armée du pays annonçait que le président tchadien Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans, avait été tué au front contre une rébellion. Le même jour, son fils Mahamat Idriss Déby Itno était proclamé par l'armée «président de transition» à la tête d'un gouvernement militaire composé de 15 généraux, promettant des «élections libres et démocratiques» après une transition de 18 mois, au terme d'un Dialogue national inclusif avec les oppositions politiques et l'armée. Il était aussitôt adoubé par la communauté internationale, France, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) en tête, alors que les mêmes sanctionnent des militaires putschistes ailleurs en Afrique, notamment parce que l'armée tchadienne est indispensable dans la guerre contre les djihadistes au Sahel.
En juin 2021, le chef de l'Etat tchadien a envisagé une prolongation de la transition et annoncé le 1er mai 2022 le report du dialogue national, à la demande du Qatar, médiateur d'un «pré-dialogue» qui piétine depuis deux mois à Doha entre la junte et les innombrables groupes rebelles. La présidence française avait réagi en se disant «attachée» à un dialogue dans les «meilleurs délais possibles», puis en proposant quelques jours plus tard l'aide de la France.
Le 6 avril, la plateforme d'opposition Wakit Tamma avait annoncé la suspension de ses pourparlers avec la junte en dénonçant notamment «une communauté internationale qui s'obstine à soutenir vaille que vaille un régime illégal et illégitime».