25/05/2022 mondialisation.ca  3min #208814

 Ukraine : l'Ue préparerait un embargo progressif sur le pétrole russe

L'Ue cherche des solutions pour maintenir les importations de gaz russe

Par  Alexandre Lemoine

Il y a seulement quelques semaines, l'UE affirmait refuser de payer le gaz russe en roubles. Or aujourd'hui, pratiquement tout le monde paye en roubles.

Les affaires de la Russie vont très bien dans la guerre de sanctions, elle gagne,  écrit la revue tchèque Lidovky. Pratiquement toute l'Europe paye le gaz et le pétrole russes en roubles.

La réalité est telle que les pays européens payent en roubles. Or en convertissant leur monnaie en roubles dans une banque russe à leur nom ou au nom de compagnies européennes, les Européens contournent leurs propres sanctions adoptées en grande pompe politique. La Russie continue de recevoir d'importantes sommes d'argent pour les hydrocarbures, et ce, exactement selon le scénario prescrit par le Kremlin, écrit Lidovky.

« L'UE ne se passera pas du gaz russe et ne devrait pas se passer de son pétrole non plus », a  déclaré Samuel Furfari, professeur en géopolitique de l'énergie, ancien haut fonctionnaire de la Commission européenne, président de la Société européenne des Ingénieurs et Industriels.

Outre le pétrole et le gaz, les prix de pratiquement tous les produits exportés par la Russie ont augmenté. C'est notamment le cas du nickel, du titane, de l'aluminium, du palladium et du cuivre. L'industrie allemande souffre déjà d'une pénurie importante de ces métaux.

Vincent Collen, commentateur du quotidien Les Échos, a  découvert que malgré les déclarations résonnantes concernant des sanctions, les pays de l'UE envoyaient 200 millions de dollars par jour à Gazprom. Pour l'année 2022, les recettes de la Russie des fournitures de gaz à l'Europe doubleront par rapport à 2021.

« En menaçant d'un embargo sans passer à l'acte, les Européens sont tombés dans un engrenage dont Poutine est le grand vainqueur », évalue la situation Vincent Collen.

Les sanctions énergétiques furent un échec. Même si l'Europe réduisait la consommation de gaz, la hausse des prix compenserait le manque à gagner.

La Commission européenne prépare un plan pour pallier la dépendance du gaz russe, rapporte Lidovky. Elle compte le faire grâce aux terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), de nouveaux gazoducs, la construction de réservoirs et des contrats à long terme avec le Qatar et les États-Unis. Cependant, cela prendra des années.

Et si la Russie cessait les livraisons de gaz demain?

Dans ce cas, les réservoirs ne pourraient pas être remplis en été. Ni l'Europe ni la République tchèque ne l'évoquent ouvertement.

L'exigence de l'UE de remplir au maximum ses réservoirs est clairement contraire à la possibilité de réguler les prix. Ce sont des objectifs qui s'excluent mutuellement.

Pour revenir à la déclaration de Samuel Furfari, il convient de noter qu'en faisant du gaz russe un facteur de la politique c'est l'Europe qui s'est poussée dans la situation dans laquelle elle se trouve aujourd'hui. Le commerce de matières premières doit rester du commerce, c'est-à-dire un secteur purement économique. Sinon cela pourrait conduire aux conséquences les plus défavorables. Et ces conséquences ne se sont pas fait attendre, conclut la revue tchèque.

Alexandre Lemoine

La source originale de cet article est  Observateur continental

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