26/05/2022 francesoir.fr  4 min #208952

A l'intérieur de Moldexpo, premier centre pour réfugiés ukrainiens de Moldavie

Auteur(s): Claude Corse, pour FranceSoir

REPORTAGE - Alors que plus de 450 000 réfugiés ont déjà traversé la Moldavie pour fuir la guerre qui déchire l'Ukraine et menace aujourd'hui le port voisin d'Odessa, plus de 120 000 se sont arrêtés dans le pays.

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La plupart ont rejoint la capitale Chisinau pour y trouver assistance, avant de repartir...

Tout près d'un joyeux parc de loisirs ombragé très fréquenté en fin de semaine, le palais des Expositions surgit au détour d'une route étroite et défoncée. Au fond d'une entrée habillée d'arches métalliques, des tâches bleues signalent la présence du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU (UNHCR).

Il est 14 h et le thermomètre affiche plus de 30° C. Sous le cagnard, le premier centre d'accueil des réfugiés de Moldavie semble étrangement désert. Pas de réfugiés en vue à l'entrée du Moldexpo...

Un chapelet de conteneurs borde des barrières de sécurité où s'accrochent des policiers en faction. Dans leurs gilets «UN blue», seuls quelques fonctionnaires vont et viennent armés de prospectus et de rouleaux de scotch maison, décorés du fameux logo de l'organisation internationale.

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Ici, on ne laisse jamais rien au hasard. Coup de téléphone au chargé des relations publiques après avoir scanné ma carte de presse. Tout est en ordre. On me dirige vers le premier des deux bâtiments réquisitionnés par les autorités moldaves.

Organisé autour d'une agora où des réfugiés s'arrêtent pour prendre un verre de thé ou une soupe, des couloirs desservent des allées de boxes privatifs fermés par un rideau. Pas vraiment le confort ; mais pas non plus la promiscuité décrite par cette avocate fortunée de Kiev que j'avais croisée la veille chez Andy's une pizzeria un peu branchée ; Moldexpo, à l'en croire, était la cour des miracles ou le marché aux voleurs, c'est selon.

Igor est père d'une famille de trois enfants. Venu d'Odessa, il a pu quitter l'Ukraine à cause du cancer qui le ronge. Suivi par des médecins espagnols de l'ONG Samu, il a pu profiter d'une ambulance pour le diriger vers un hôpital et ne tarit pas d'éloges sur la qualité de l'accueil : « Les soins de santé sont remarquables tout comme le suivi par le personnel du HCR ; grâce au personnel de Moldexpo, on a pu trouver un prochain départ pour l'Allemagne, où nous irons nous installer dès que je le pourrai. »

Même son de cloche chez cette jeune femme de Chisinau prise en charge avec sa fille à la frontière nord et rapatriée à Moldexpo par des bénévoles locaux.

« L'information des réfugiés est primordiale. Ils ne connaissent pas tous leurs droits. Nous affichons des messages pratiques sur les dispositifs d'accueil, de soins et d'aide psychologique et juridique, souligne Natalia, fonctionnaire ukrainienne de l'UNHCR. Mais aussi des mises en garde, tout spécialement en direction des femmes qui peuvent se voir proposer des offres d'hébergement et de « travail » plus que douteuses. »

Au-delà de la magnifique chaine de solidarité largement soutenue par les fonds européens et les donations d'acteurs privés, une question se pose : le pays pourra-t-il encore longtemps faire face à un afflux massif de réfugiés ?

Rien n'est moins sûr. Au départ des prochains convois de réfugiés qui rêvent d'aller vivre dans les pays d'Europe occidentale pourrait s'ajouter l'exode des milliers d'habitants de la région d'Odessa, Chornomorsk et Youjne, si le premier port maritime d'Ukraine et l'un des plus importants de la mer Noire, vient à tomber aux mains de l'armée russe...

« Ici on ne parle jamais de politique devant les caméras, me confie un « volunteer » de Chisinau. Demain, Antonio Gutteres, le boss de l'Organisation des Nations unies, sera là en personne ! Il viendra avec la présidente Maia Sandu à la rencontre des victimes de la guerre dans le cadre de sa première visite depuis la création de la Moldavie, il y a trente ans. Une visite organisée le 9 et 10 mai, pendant la célébration de la Victoire de l'Armée rouge sur le nazisme. Sûrement un hasard... »

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