Arrêt sur info a reçu ce message à propos d'une tribune parue dans le quotidien La Liberté, auquel cette lectrice est abonnée :
« Le journaliste Pascal Bertschy est vraiment une exception dans le monde médiatique romand... Tout ce qu'il écrit est très intéressant »
En effet, Pascal Bertschy est une perle rare dans la sphère médiatique traditionnelle suisse romande. Je vous invite à le découvrir ci-dessous.
A Bâle, l'aigle nazi fait son nid
Pascal Bertschy
Publié le 24 mai 2022 dans La Liberté
Le mot de la fin
Fascistes! Racistes! Xénophobes! Dans le train-train des insultes politiques, depuis le temps, ces mots m'inspirent des bâillements plus ou moins polis. Heureusement, ici ou là, il existe encore des militants pour s'écarter de la routine et pour surprendre un peu.
Ainsi ma surprise d'apprendre l'existence du collectif «Basel Nazifrei» (pour un Bâle sans nazis). Ses militants ont fait parler d'eux samedi en s'opposant à Bâle à une réunion de l'UDC, à laquelle participait le conseiller fédéral Ueli Maurer.
En découvrant cela, autant le dire tout de suite, je me suis refusé à envisager le pire. Notre bon Ueli se rêvant en Führer et fomentant, avec ses partisans, un putsch dans une grande brasserie bâloise? Difficile à croire, cela demandait un effort d'imagination trop violent.
Un peu de nouveauté, il n'empêche, ce n'est pas de refus. Ici, impossible d'être déçu: j'ignorais que des résistants luttaient «pour un Bâle sans nazis». Et je ne savais pas non plus que le national-socialisme comptait des adeptes dans cette merveilleuse ville. Des nazis à Bâle, bon, mais où au juste? A Bâle-Campagne ou à Bâle-Ville? Les deux?
Face à cette menace, j'ai imaginé nos amis de «Basel Nazifrei» livrés à eux-mêmes. Seuls et ne pouvant même pas compter sur l'appui de Vladimir Poutine, le président russe étant trop occupé en ce moment à dénazifier l'Ukraine.
Je plaisante et, sur ce sujet, il ne faudrait pas. Mais allez prendre au sérieux un collectif militant «pour un Bâle sans nazis». Ou nos antifascistes en général, qui, la bonne parole haineuse à la bouche, combattent aujourd'hui la bête immonde.
Quelqu'un devrait le leur dire: c'est un peu tard pour lutter contre le fascisme et le nazisme. Ces régimes se sont effondrés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, après avoir déclenché un déluge de feu et des crimes de masse sans précédent.
Oui, quitte à attrister nos diverses grandes consciences, rappelons-le: le retour d'Adolf Hitler et de Benito Mussolini, morts en 1945, ne figure nulle part à l'ordre du jour. Pas même à Bâle...
Il n'y a plus de fascisme ni de nazisme, non, d'où sans doute le succès rencontré depuis plus de sept décennies par l'antifascisme en Europe.
C'est bon d'affronter un ennemi disparu et de prendre des maquis imaginaires, non? Cela permet de se donner le beau rôle, de fanfaronner sous l'œil bienveillant du plus grand nombre. Et de dormir peinards, surtout, à l'inverse des militants antifascistes italiens des années 1930, de leurs homologues espagnols des années Franco et des opposants grecs à la dictature des colonels.
Nommer extrême droite tout ce qui n'est pas soi, qualifier de fasciste ou de nazi tout ce qui bouge, c'est une drôle de manie.
Elle trahit une curieuse passion pour une idéologie mortifère, donnant peut-être raison à son inventeur quand il prétendait que le nazisme vivrait mille ans. Hitler continue d'obséder certains esprits, de leur servir de référence. Bref, depuis 77 ans, il est toujours là.
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Source: laliberte.ch