Par Andrew Korybko
Paru sur One World sous le titre Why's Kiev Finally Telling The Truth About The Eastern Ukrainian Front?
L'effondrement du « discours officiel » pourrait très bien présager l'effondrement prochain des forces de Kiev dans le Donbass, qui pourrait lui-même conduire à l'effondrement des parties restantes de l'État ukrainien. Zelensky a fini par réaliser exactement ce qui est en jeu et a donc décidé de ne plus mentir autant qu'avant, puisque cette séquence d'événements devient de plus en plus impossible à nier.
Les grands médias occidentaux dirigés par les États-Unis ne peuvent plus mentir en affirmant que Kiev est en train de gagner sur le front de l'Ukraine orientale, après que, de façon surprenante, ses propres responsables aient admis que ce n'est pas le cas. Radio Free Europe/Radio Liberty (RFERL), contrôlée par le gouvernement américain, a rapporté mercredi que Zelensky lui-même, rien de moins, a reconnu que la situation sur place est « extrêmement difficile » et que son conseiller principal Arestovich a déploré que l'armée russe « remporte un certain succès tactique, qui menace de devenir un succès opérationnel en direction de Lysychansk et Severodonetsk ».
Cela a été suivi jeudi avec Newsweek, qui a titré un article « La Russie prend le dessus alors que l'armée ukrainienne reconnaît une situation 'difficile' », citant un membre de son état-major. Arestovich a également fait une autre apparition, cette fois-ci en reconnaissant que la Russie « a réussi à accumuler des réserves avant nous », ce qui a réduit à néant les fake news selon lesquelles ses forces armées étaient pratiquement exsangues, après avoir censément perdu un tiers de leurs effectifs au cours de l'opération militaire spéciale menée par Moscou en Ukraine.
Le conseiller principal de Zelensky aurait également déclaré que « la situation sur le front va s'aggraver, des encerclements sont possibles ». Cette déclaration fait suite à celle d'un journaliste d'ABC News citant l'un des porte-parole de Zelensky, selon qui les forces russes étaient 7 fois plus nombreuses que les forces de Kiev. Il est donc clair que le « discours officiel » du conflit ukrainien est passé du triomphalisme et de fantasmes de « punition de la Russie » à une panique palpable, car il devient évident que toutes les fake news antérieures sont sur le point d'être catégoriquement démenties par les développements sur le terrain dans le Donbass.
La deuxième phase de l'opération spéciale russe peut donc être décrite comme un succès retentissant, puisqu'elle a écrasé les forces de Kiev et, par conséquent, révélé que tout ce qu'elle racontait jusqu'à présent au sujet de la « victoire » n'étaient que des fake news. Zelensky ne peut plus mentir comme un arracheur de dents lors de chacune de ses apparitions publiques, que l'une des sources américaines de CNN a qualifiées à juste titre d' « opérations d'information », et donc de pure propagande, car ce n'est plus crédible. Il est désormais contraint de rapprocher le « discours officiel » de la vérité, afin de susciter un sentiment d'urgence dans le monde entier.
L'objectif est d'accélérer l'envoi d'aides militaires étrangères à ses forces, alors que certains des alliés occidentaux de Kiev, dirigés par les États-Unis, comme l'Allemagne, traînent les pieds, tandis que d'autres suggèrent qu'il doit céder des territoires à la Russie. Ce dernier point l'a incité à comparer hypocritement la Russie aux nazis, alors qu'il s'était jusqu'à présent moqué de la comparaison faite par Moscou entre le conflit actuel et la Seconde Guerre mondiale. Arestovich, quant à lui, a complètement perdu son sang-froid et s'est mis à invectiver ceux qui murmurent à propos de ce scénario.
Tout ceci suggère que ni l'aide militaire de 40 milliards de dollars accordée par les États-Unis à Kiev, ni la profondeur stratégique obtenue par l'entraînement de ses forces sur le territoire de l'OTAN ne changent la donne, comme certains analystes des médias alternatifs l'avaient prédit, du moins pas en ce qui concerne la bataille du Donbass. Si cela avait marché, alors Zelensky et sa clique ne seraient pas visiblement en train de paniquer au point de démontrer que leur « discours officiel » antérieur sur la victoire de Kiev n'était rien d'autre que des fausses nouvelles, et d'être si manifestement sur la défensive face aux suggestions pragmatiques de céder des territoires à la Russie.
Même s'ils paniquent à l'heure actuelle, ils sont littéralement incapables d'accélérer les envois d'aides militaires étrangères à leurs forces, car ces choses se déroulent à leur propre rythme, indépendamment des divagations de Zelensky et d'autres. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est faire pression sur leurs pairs et espérer que la société civile étrangère complétera leurs efforts pour demander et obtenir une aide militaire encore plus importante dans les semaines à venir, dans une ultime tentative désespérée d'empêcher les forces armées russes (FAR) de réaliser une percée majeure vers le Dniepr et peut-être même au-delà.
Mais cela pourrait déjà être un fait accompli, si les meilleures forces de Kiev dans le pays sont bientôt encerclées et donc neutralisées militairement. La seule chose qui pourrait alors ralentir le rythme de l'avancée militaire russe serait la militarisation des zones résidentielles par Kiev. C'est la raison pour laquelle les progrès russes ont été lents, mais constants au cours des trois derniers mois.
Cependant, si le reste des forces de Kiev bat en retraite, elles pourraient se rabattre pêle-mêle vers le Dniepr, sans vouloir risquer leur vie en route juste pour ralentir les forces armées russes, surtout après avoir démontré leur incapacité à les stopper dans le Donbass.
Dans un tel scénario, l'aide militaire étrangère accélérée que Zelensky et sa clique souhaitent si désespérément obtenir le plus rapidement possible pourrait alors n'être utile que pour empêcher les forces russes de traverser le Dniepr dans l'est de l'Ukraine, et pour tenter de contenir leur tête de pont dans le sud de l'Ukraine, au nord de Kherson. En fonction de la distance et de la vitesse de progression de la Russie vers ce fleuve après une éventuelle percée militaire dans le Donbass, l'existence même du mini-empire contre nature de Lénine pourrait littéralement être en jeu, auquel cas l'Est et le Sud pourraient se réunifier avec la Russie, tandis que l'Ouest pourrait se confédérer officiellement avec la Pologne.
Territoires ajoutés à l'Ukraine en jaune, par les tsars russes entre 1654 et 1917. En bleu, par Lénine en 1922. En vert, par Staline en 1939 et 1945. En mauve, par Khrouchtchev en 1954. En orange, le territoire de l'Ukraine en 1654. Crédit One World.
On ne peut pas dire avec certitude que cela se produira, mais c'est un scénario de plus en plus plausible, si l'on lit entre les lignes de la nouvelle panique de Zelensky et compagnie concernant la situation militaire sur le front de l'Ukraine orientale. La « propagande héroïque » entourant l'opération psychologique de l'île des Serpents et le « fantôme de Kiev » a également été démentie par nul autre qu'eux-mêmes, de sorte que leurs forces n'ont plus la motivation nécessaire pour combattre les forces armées russes jusqu'à la fin, surtout après la capitulation humiliante du bataillon Azov dans l'Azovstal de Marioupol, après qu'ils aient promis de se battre jusqu'à la mort.
L'effondrement du « discours officiel » pourrait très bien présager l'effondrement prochain des forces de Kiev dans le Donbass, qui pourrait lui-même conduire à l'effondrement des parties restantes de l'État ukrainien. Zelensky a fini par réaliser exactement ce qui est en jeu et a donc décidé de ne plus mentir autant qu'avant, car cette séquence d'événements devient de plus en plus impossible à nier. La panique de sa clique et de lui-même face à la situation sur le front de l'Ukraine orientale a pour but d'accélérer les envois d'aides militaires étrangères, non pas pour leur donner un avantage dans la bataille du Donbass, mais plus probablement pour défendre tout ce qui se trouve à l'ouest du Dniepr.
Traduction Corinne Autey-Roussel
Illustration : carte de la ligne de front orientale t 𝕏 rouvée sur Twitter