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Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban (image d'illustration).
30 mai 2022, 15:50
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a affirmé le 30 mai qu'il n'y avait «pas de compromis» acceptable «pour l'instant» concernant un embargo européen sur le pétrole russe, exigeant des «garanties» pour l'approvisionnement de son pays.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a déclaré le 30 mai qu'il n'y avait «pas de compromis» acceptable «pour l'instant» concernant un embargo européen sur le pétrole russe, exigeant des «garanties» pour l'approvisionnement de son pays. «Il n'y a pas de compromis du tout pour l'instant», a-t-il annoncé à la presse en arrivant à un sommet de l'UE où les Vingt-Sept doivent discuter d'un texte qui vise à permettre l'adoption d'un sixième paquet de sanctions de l'UE contre Moscou, bloqué jusqu'à présent par l'opposition de Budapest.
D'abord, nous devons trouver des solutions et après, les sanctions
Le compromis prévoit un embargo sur le pétrole russe d'ici la fin de l'année, «avec une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc». La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole russe acheminé par l'oléoduc Droujba, qui passe notamment par l'Ukraine. Si Viktor Orban a jugé que cette exemption était une «bonne solution», il s'est inquiété d'un incident éventuel sur l'oléoduc transportant le pétrole russe, «ce dont les Ukrainiens et d'autres ont parlé», a-t-il expliqué. «Nous avons besoin d'une garantie que nous pourrions recevoir du pétrole par la mer ou d'ailleurs», a-t-il fait valoir. «D'abord, nous devons trouver des solutions et après, les sanctions», a averti le dirigeant, fustigeant le «comportement irresponsable» de la Commission européenne qui a préparé le paquet de sanctions.
Le dirigeant hongrois avait déjà estimé, le 24 mai, qu'un accord sur un tel embargo était «très improbable», à l'inverse de la présidence française, qui évoquait pour sa part la possibilité de «débloquer le veto hongrois». Selon Budapest, l'embargo pétrolier proposé par l'UE causerait de «sérieuses» perturbations d'approvisionnement en Hongrie» et ferait monter les prix «d'environ 55-60%». De plus, les autorités hongroises avaient indiqué qu'un éventuel embargo les amènerait à procéder à une «restructuration complète» du système de raffineries, ainsi qu'à une hausse conséquente des investissements dans les infrastructures énergétiques. Si la Hongrie est le pays qui a affiché le plus ouvertement son refus de l'embargo pétrolier, d'autres Etats-membres sont eux aussi inquiets de cette mesure, comme la Slovaquie, la République tchèque, la Bulgarie et la Croatie, rapportait l'AFP à la mi-mai.
Le 23 mai, le président russe Vladimir Poutine avait quant à lui jugé que l'économie russe «résist[ait] très bien» à la batterie de sanctions prises contre elle, malgré des difficultés nécessitant l'intervention de l'Etat. Le chef d'Etat avait attribué cette résistance, plus tôt dans le mois, à des «décisions systémiques» prises par le pays pour «renforcer sa souveraineté économique et sa sécurité technologique et alimentaire».