par Olivier Renault.
L'Occident discute, encore, de l'envoi de nouvelles livraisons d'armes lourdes et d'aides militaires en Ukraine dans les semaines et les mois à venir. Observateur Continental note le danger de voir un conflit direct naître entre la Russie et les États-Unis pour cette raison.
L'envoi de drones tueurs en Ukraine, comme le Reaper, marque une nouvelle étape du conflit en Ukraine où les États-Unis et leurs alliés sont de plus en plus directement impliqués, laissant la porte ouverte à cette confrontation directe avec la Russie. Les États-Unis et surtout la France font la sourde oreille. La France aurait eu une carte précieuse à jouer en faisant stopper immédiatement cette escalade si dangereuse tout en faisant entendre, de nouveau, la voix d'une France forte et souveraine dans le « concert des nations ».
Les drones tueurs pilotés du dehors de l'Ukraine. La technologie actuelle permet de faire voler des drones tueurs sur de très longues distances en ayant le pilote de cet engin situé dans un bureau dans un des pays de l'OTAN. Officiellement, les forces de l'OTAN ne peuvent pas faire voler leurs pilotes et leurs avions de guerre dans le ciel en Ukraine au risque de montrer à la Russie la partie prenante de leurs forces dans le conflit qui concerne la Russie et l'Ukraine ce qui ouvrirait sur le champ la porte à la Troisième Guerre mondiale. Sur ce point, la Russie a été très claire en mettant en garde les forces de l'OTAN sur leurs actions militaires. Envoyer des drones tueurs Reaper et avoir leurs pilotes tenir les commandes de l'appareil dans une base miltaire des États-Unis comme à Ramstein en Allemagne, cela apporterait la preuve que les États-Unis sont directement engagés dans le conflit contre la Russie, que la guerre entre les États-Unis et la Russie est ouverte dans une confrontation directe, déjà que l'envoi d'armes lourdes l'atteste.
Politico explique dans un article que les soldats ukrainiens, et en particulier les pilotes ukrainiens, ne sont pas dans la possibilité de piloter ces drones tueurs car ils ne possèdent pas la connaissance de cette technologie. Politico met en garde sur l'escalade du conflit : « La vente possible des Grey Eagles, la version militaire du plus connu Reaper, représente un nouveau chapitre dans les livraisons d'armes à l'Ukraine et pourrait ouvrir la porte à l'envoi de systèmes encore plus sophistiqués à Kiev ».
La France a des pilotes de Reaper. Defense Zone a indiqué que la France forme des pilotes de drones tueurs : « Depuis l'arrivée du drone MQ-9 Reaper, l'armée de l'Air et de l'Espace connaît un besoin croissant en personnel capable de les employer. Pour y répondre, une nouvelle filière, entièrement consacrée à la formation des pilotes à distance, a été créée en 2019 sur la base aérienne 709 de Cognac ». Des hommes et femmes de l'opération Barkhane dont le Commandant Nicolas, chef du détachement Reaper sur la base de Niamey ont utilisé ces drones tueurs en Afrique.
La base de Ramstein en Allemagne. Dans un article, L'Express informe ses lecteurs qu'« un document publié par le site The Intercept montre que la base américaine de Ramstein [Allemagne] est en réalité le cœur technologique du programme de drones opéré par les États-Unis ». Il se trouve que l'Allemagne est un membre de l'OTAN. À Ramstein se trouvent les pilotes américains qui ont piloté ou pilotent les drones tueurs en Somalie, au Yémen ou en Afghanistan. Selon le magazine français, qui fait savoir que « la base de Ramstein, achevée fin 2013, est l'une des plus grandes bases armées américaines situées en dehors du sol américain », « le document explique que l'emplacement de cette installation [à Ramstein] est idéal pour assurer le relai du signal d'un point de vue géographique, des États-Unis jusqu'à la cible ».
Ramstein est la plaque tournante et le centre de commandement des drones tueurs. En outre, en dehors de Ramstein, le commandement Afrique (AFRICOM) a annoncé en novembre 2019 qu'avec Djibouti, Agadez au Niger est devenue une nouvelle base permanente pour les drones tueurs. Cela montre la capacité des États-Unis à employer des drones tueurs sur plusieurs zones géographiques mondiales.
Juste avant la rencontre de l'OTAN qui se tient les 15 et 16 juin à Bruxelles, qui concerne la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN, Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a 𝕏 déclaré que Kiev avait besoin d' armes lourdes pour mettre fin à la guerre, réclamant spécifiquement « 1000 drones ». Avec les drones tueurs, il réclame 1000 obusiers de calibre 155 mm, 300 MLRS (lance-roquettes multiples), 500 tanks, 2000 véhicules blindés.
Politico fait savoir que Colin Kahl, haut responsable politique du Pentagone, a déclaré mardi lors d'un événement organisé par le Center for a New American Security qu'il est « absolument juste » de dire que les quatre systèmes de roquettes d'artillerie à haute mobilité, ou HIMARS, envoyés en Ukraine pourraient être les premiers à suivre l'envoi d'autres et que le Royaume-Uni a promis d'envoyer trois de ses propres lance-roquettes multiples M270, une arme similaire. David Deptula, doyen du Mitchell Institute of Aerospace Power Studies et général trois étoiles à la retraite de l'armée de l'air, cité par Politico a mentionné le fait que les États-Unis ont plus de 200 MQ-1 [drones tueurs] en stock qui pourraient aller en Ukraine.
Le point est - avec cet envoi d'armes lourdes en Ukraine - qu'un officiel américain laisse entendre que les pilotes des drones tueurs de fabrication américaine pourraient les piloter à partir de bases des États-Unis ou de l'OTAN en dehors de l'Ukraine qui est le lieu du conflit : « On ne sait pas où l'Ukraine baserait les drones ou les pilotes, mais les opérateurs pourraient théoriquement les piloter depuis l'extérieur de l'Ukraine s'ils ont accès aux communications par satellite ».
Cela signifie que nous entrons dans la phase d'un conflit direct entre les États-Unis et la Russie. Il est fort critiquable de ne pas voir le président français, Emmanuel Macron, actuellement en tournée en Europe de l'Est (Roumanie, Moldavie), ne pas donner une position strictement différente en dénonçant la stratégie américaine et de l'OTAN.
La population française n'a pas besoin de voir son pays s'engager dans un conflit qui ne la regarde pas et devoir subir les conséquences de l'augmentation des prix du gaz, de l'essence et de l'alimentation à cause des États-Unis et d'un leader politique attaché à servir les intérêts de l'OTAN au lieu de ceux de la France.
source : Observateur Continental