Nous avons emprunté ce titre au site Opex360, dont nous publions un extrait plus bas. L'empire britannique veut de toute évidence en découdre avec la Russie, mais sur le sol européen. Voici ce qu'écrit Le Figaro du 26 juin 2022 :
The British Army
"Contrairement au président français, le Premier ministre britannique refuse tout dialogue avec le président russe Vladimir Poutine, qu'il a qualifié de « dictateur », depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine fin février.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a mis en garde dimanche le président français Emmanuel Macron contre la tentation d'une solution négociée « maintenant » en Ukraine au risque de prolonger « l'instabilité mondiale », a indiqué Downing Street."
Pas de solution diplomatique : pas besoin d'avoir fait l'École de guerre pour comprendre que ça signifie la guerre, à terme. Mais sur le sol européen. On se demande alors si le Brexit - du 1er février 2020 - n'a pas été le moyen ou l'un des moyens, par lequel les Britanniques se sont extraits d'un futur conflit.
Pour corroborer cette hypothèse, qu'on se rappelle des conditions du déclenchement de la guerre en Syrie : bien avant l'internationalisation du conflit - soit officiellement en août 2014 avec l'intervention de la coalition dirigée par les États-Unis, elle-même contrebalancée par l'intervention russe en septembre 2015 -, soit à la fin 2011, les services britanniques mènent des opérations secrètes pour renverser le président Bachar el-Assad.
Pourquoi ? Une des raisons est économique, qui se double de géopolitique. Voici un extrait édifiant d'un article du site mondialisation.ca datant de novembre 2012, article qui prend une nouvelle couleur lorsqu'on le met en perspective avec le conflit russo-européen de 2022 :
De plus en plus, tout porte à croire que le gaz est le vrai fond du problème de la guerre contre la Syrie. C'est à partir de fuites émanant d'un géant pétrolier occidental que le quotidien Al-Akhbar a obtenu des informations, fiables, donnant les détails d'un projet qatari, soutenu par les États-Unis, et concernant la construction d'un nouveau gazoduc qui transporterait le gaz du Qatar vers l'Europe via la région syrienne de Homs. Cette ville et sa région sont donc le « nœud » ou le « cœur géographique » de ce projet qui, du même coup, offrirait des avantages stratégiques à la Turquie et à Israël dans l'équation du commerce gazier mondial.Ce nouveau gazoduc devrait emprunter une « voie terrestre » qui démarre du Qatar, traverse le territoire saoudien, puis le territoire jordanien évitant ainsi le territoire irakien, pour arriver en territoire syrien et plus précisément à Homs. À partir de Homs le gazoduc devrait bifurquer dans trois directions : Lattaquié sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, Turquie.
Le but principal de ce projet est d'acheminer le gaz qatari et israélien vers le continent européen pour le distribuer à toute l'Europe, avec un triple objectif. Le premier : casser le monopole gazier russe en Europe. Le second : libérer la Turquie de sa dépendance du gaz iranien. Le troisième : donner à Israël une chance d'exporter son gaz vers l'Europe par voie terrestre et au moindre coût. (...)
Toujours selon les mêmes sources, la Russie aurait informé le Liban qu'elle ne sera pas d'accord avec ce dernier projet d'exploitation du gaz méditerranéen avant d'obtenir des garanties de l'Occident lui attestant qu'il ne chercherait pas à changer le « régime » en Syrie ; exigence qui ne serait nullement incompatible avec la poursuite des travaux de prospection gazière par des sociétés russes dans le secteur. Ceci, parce que ces sociétés ne doivent pas s'absenter au moment du boom gazier méditerranéen ; sans oublier que l'Iran, l'Irak, et la Syrie ont un projet commun partant de leurs propres territoires. Il consiste tout simplement à ce qu'un gazoduc iranien, traverse l'Irak pour arriver à Homs, avant de bifurquer vers Lattaquié et Tripoli...
« Casser le monopole gazier russe en Europe »... Nous y voilà !
Le titre du site Opex360 que nous avons repris n'est donc pas étonnant, si l'on admet la continuité de la politique profonde antirusse de l'empire britannique, ou de l'attelage anglo-américain.
« Nous ne serons jamais en sécurité si nous tournons le dos à la vaillante Ukraine » et « je crains que nous devons nous armer pour une longue guerre, alors que [Vladimir] Poutine recourt à une campagne d'usure, essayant d'écraser l'Ukraine avec brutalité. Le Royaume-Uni et ses partenaires doivent réagir en veillant à ce que l'Ukraine ait l'endurance stratégique pour survivre et, finalement, l'emporter », a ainsi écrit Boris Johnson, le Premier ministre britannique, dans les colonnes du Times, le 18 juin.Le même jour, la BBC a évoqué un message interne signé par le général Sir Patrick Sanders, le nouveau chef d'état-major de la British Army. Et, désormais, il ne s'agit plus « d'anticiper les crises » ou de mener des opérations en zone grise.
« Je suis le premier chef d'état-major depuis 1941 à prendre le commandement de l'armée dans l'ombre d'une guerre terrestre en Europe impliquant une puissance continentale », a commencé par faire remarquer le général Sanders.
« L'invasion russe de l'Ukraine souligne notre but essentiel : protéger le Royaume-Uni en étant prêt à combattre et à gagner des guerres terrestres []... car l'invasion de l'Ukraine par la Russie a conduit à une nouvelle ère d'insécurité », a poursuivi le nouveau chef de la British Army. Aussi, il faut en tirer les conséquences sans tarder. « Il y a urgence à bâtir une armée capable de combattre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat », a-t-il fait valoir.
Dans ces conditions, le principal objectif du général Sanders est « d'accélérer la mobilisation et la modernisation » de la British Army afin de « renforcer l'Otan et empêcher la Russie d'aller plus loin en Europe ». Et d'insister :
« Nous sommes la génération qui doit préparer l'armée à se battre à nouveau en Europe ».
Pour l'instant, la guerre en Ukraine fait le bonheur des Américains et des Anglais, qui profitent du délabrement économique de l'Europe entière, à savoir l'UE et l'entité ukrainienne, le plus grand satellite pro-russe du pacte de Varsovie.
Rétroactivement, on se pose alors des questions sur les intérêts qui ont conduit au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Bonus : les échanges Poutine-Macron et Poutine-Johnson