02/07/2022 arretsurinfo.ch  4 min #211352

La Russie évince-t-elle l'Occident des accords énergétiques clés ?

Poutine ordonne la réorganisation d'un énorme projet pétrolier et gazier en Extrême-Orient : La Russie évince-t-elle l'Occident des accords énergétiques clés ?

Un méthanier russe. Crédit photo: Sputnik

Le Kremlin a décidé que la propriété de l'opération GNL devait être transférée à une nouvelle entité nationale.

Le président Vladimir Poutine a signé un décret visant à transférer les droits du projet géant de pétrole et de gaz naturel liquéfié Sakhaline-2 à une nouvelle société russe. Cette mesure fait suite à des actions menées par des « États inamicaux » et pourrait exclure les parties prenantes étrangères, notamment les investisseurs britanniques et japonais.

1.- Qu'est-ce que Sakhaline-2 ?

C'est l'un des plus grands projets de GNL au monde, avec une production annuelle de 12 millions de tonnes. La coentreprise entre le russe Gazprom, les japonais Mitsui et Mitsubishi et le britannique Shell a été lancée en 2009. L'installation est située sur l'île russe de Sakhaline, dans l'océan Pacifique, au nord du Japon. Elle fournit du GNL principalement aux marchés asiatiques.

2.- Qui sont les parties prenantes du projet ?

Sakhalin-2 a été géré et exploité par la Sakhalin Energy Investment Company. La participation majoritaire (50 %) plus une action appartient au géant de l'énergie Gazprom de Saint-Pétersbourg. Shell, le plus grand négociant de GNL au monde, détient une participation de 27,5 % moins une action, la part de Mitsui s'élève à 12,5 %, tandis que Mitsubishi a une participation de 10 % dans le projet.

3.- Que dit le décret de Poutine ?

Le décret présidentiel crée une nouvelle entreprise russe qui reprendra tous les droits et obligations de Sakhalin Energy Investment. Gazprom conservera sa participation, tandis que les autres partenaires ont un mois pour indiquer s'ils veulent une part dans la nouvelle société. Si l'autorisation est refusée par le gouvernement russe, les participations seront cédées et le produit de la vente sera versé sur un compte spécial. L'argent pourrait alors être utilisé pour rembourser des dommages non spécifiés ou être envoyé à l'actionnaire dans le cadre de l'accord de partage de la production, selon le décret. Ceux qui ont choisi de se retirer pourraient ne pas être entièrement indemnisés.

4.- La Russie nationalise-t-elle le projet ?

Le changement de propriétaire de Sakhaline-2 ne peut être considéré comme une nationalisation, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov. Lorsque les journalistes lui ont demandé vendredi si d'autres projets énergétiques suivraient, M. Peskov a répondu que chaque situation serait examinée au cas par cas.

5.- Comment les parties prenantes étrangères ont-elles réagi ?

Shell a déclaré vendredi que la société était au courant du décret et qu'elle « évaluait ses implications ». La société a fait part de son intention d'abandonner le projet il y a plusieurs mois et a entamé des discussions avec des acheteurs potentiels, notamment en Chine et en Inde. Ces plans semblent être en péril.

Le Japon a déjà déclaré qu'il ne renoncerait pas à ses intérêts dans le projet Sakhaline-2, qui est important pour sa sécurité énergétique. Moscou a précédemment accusé le Japon de tirer profit de sa participation au projet tout en étant une « nation inamicale » qui s'est jointe à l'Occident pour imposer des sanctions à la Russie. Il ne sera pas facile pour le Japon de se retirer du projet, soulignent les experts. Remplacer le GNL russe de Sakhaline-2 coûterait à Tokyo 15 milliards de dollars, le prix des importations augmentant de 35 % si Mitsui et Mitsubishi se retirent. Mais la Russie pourrait désormais prendre la décision à la place du Japon et rediriger ses importations vers d'autres pays, comme la Chine, l'Inde ou le Vietnam.

6.- Ces changements pourraient-ils entraver l'approvisionnement en GNL ?

Moscou ne voit aucune raison d'interrompre les livraisons de Sakhaline-2 après l'arrivée du nouvel opérateur. Toutefois, certains analystes préviennent que cette décision pourrait déstabiliser un marché du GNL déjà tendu, compte tenu du fait que l'Union européenne ajoute à la concurrence accrue pour le gaz naturel liquéfié dans un contexte de pénurie énergétique mondiale. Sakhaline-2 fournit environ 4 % du marché mondial actuel du GNL.

Source:  rt.com (1er juillet 2022)

Traduction Arrêt sur info

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