20/07/2022 infomigrants.net  3min #212429

 L'Onu et l'Union africaine demandent une enquête après le drame de Melilla

Drame de Melilla : 33 migrants condamnés à de la prison ferme pour « entrée illégale » au Maroc

Des migrants après leur arrivée à Melilla, le 24 juin 2022. Crédit : DR

Les premières condamnations ont été annoncées. Près d'un mois après la tentative massive d'entrée dans l'enclave espagnole de Melilla fin juin, 33 migrants africains ont été condamnés à 11 mois de prison ferme pour "entrée illégale" au Maroc, a indiqué à l'AFP leur avocat Kahlid Ameza, mardi 19 juillet.

"C'est un jugement très sévère au regard des éléments du dossier et des circonstances des faits", a souligné l'avocat, faisant part de son intention de faire appel. "Nous espérons que la Cour d'appel rectifiera ce jugement sévère", a réagi l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) de Nador, ville marocaine frontalière de l'enclave espagnole, où a eu lieu la tragédie.

Jugement très sévère: 11 mois de prison ferme contre les 33 réfugiés arrêtés le 24 juin à la barrière et poursuivis devant le tribunal de 1ere instance.
Espérant que la cours d'appel rectifiera ce jugement sévère.

Les 33 personnes en situation irrégulière étaient poursuivies pour "entrée illégale sur le sol marocain", "violence contre agents de la force publique", "attroupement armé" et "refus d'obtempérer".

Le procès d'un deuxième groupe de 29 exilés - dont un mineur -, qui s'est ouvert le 13 juillet, a été ajourné, lui, au 27 juillet, également devant un tribunal de Nador. Ils sont poursuivis pour "participation à une bande criminelle en vue d'organiser et faciliter l'immigration clandestine à l'étranger".

"Usage excessif" de la force

 Les 62 inculpés faisaient partie de près de 2 000 migrants, en majorité des Soudanais, qui ont tenté de pénétrer par la force le 24 juin dans la cité autonome espagnole de Melilla, située au nord du territoire marocain.

Le drame a fait au moins 23 morts parmi les exilés, selon les autorités marocaines, et provoqué une forte indignation au Maroc et au-delà.

 Une mission d'information marocaine a conclu mercredi à la mort par asphyxie des 23 migrants africains décédés en tentant d'entrer dans Melilla, mettant hors de cause les forces de l'ordre.  L'ONU, l'Union africaine et des ONG avaient pourtant dénoncé "l'usage excessif" de la force de la part de la police lors de ces événements.

La situation des migrants se dégrade au Maroc depuis plusieurs mois. La tragédie du 24 juin faisait notamment suite à une  série de violents affrontements la semaine précédente au cours d'opérations de ratissage des forces sécuritaires visant des campements de fortune dans la forêt près de Nador.

Ces heurts sont une conséquence directe du rabibochage diplomatique entre le Maroc et l'Espagne. Finie, semble-t-il, l'époque où le Maroc faisait du chantage de passage aux migrants. Pendant près d'un an, Rabat était ulcéré envers Madrid car l'Espagne avait accueilli sur son sol le chef du Front Polisario, opposant au gouvernement marocain sur l'épineuse question du Sahara occidental, pour qu'il s'y fasse soigner. En riposte, le Maroc avait laissé  passer 8 000 migrants dans l'enclave de Ceuta en mai 2021. Début avril,  les deux pays se sont officiellement réconciliés, Madrid s'étant rallié à la cause marocaine.

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