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Une carte peinte sur un conteneur montre le tracé du gazoduc Nordstream (image d'illustration).
3 août 2022, 19:27
La restitution à la Russie d'une turbine Siemens présentée comme essentielle au fonctionnement du gazoduc Nord Stream 1, qui alimente l'Europe, est «impossible» à cause des sanctions contre Moscou, a affirmé le 3 août le géant gazier russe Gazprom.
L'entreprise a expliqué dans un communiqué que «les régimes de sanctions au Canada, dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, ainsi que les incohérences de la situation actuelle concernant les obligations contractuelles de Siemens rendent impossible la livraison».
Si le chancelier allemand, Olaf Scholz, a accusé Moscou d'être responsable du blocage de livraison de la turbine, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a fait valoir lors d'une conférence de presse à Montréal que le renvoi de ces turbines en Allemagne était un «choix difficile».
Le 15 juillet, Gazprom avait officiellement soumis une requête à Siemens pour obtenir les documents permettant l'exportation vers la Russie du moteur de turbine à gaz de la station de compression Portovaïa, une infrastructure essentielle de Nord Stream. Or, le sort de cette turbine, essentielle selon Gazprom, a jeté depuis plusieurs semaines le doute sur l'avenir des livraisons de gaz russe vers l'Europe.
Cet équipement avait en effet été envoyé par Siemens au Canada pour être réparé, et, malgré les sanctions qui visent Moscou pour son offensive en Ukraine, Ottawa a annoncé qu'il renverrait bien la turbine en Allemagne, Siemens devant ensuite la remettre à Gazprom. Mais le groupe russe avait indiqué qu'il ne disposait d'aucune garantie de pouvoir la récupérer, ce qu'il vient de confirmer ce 3 août.
L'annonce de Gazprom pourrait renforcer l'inquiétude des pays européens, dont certains accusent Moscou de chercher un prétexte pour retarder le retour de cette turbine et réduire ses livraisons de gaz, dans le contexte des tensions autour du conflit ukrainien. Le 3 août également, le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays connaît déjà des difficultés énergétiques, a d'ailleurs accusé la Russie d'être responsable du blocage de la livraison de la turbine.
Arguant de l'absence de ladite turbine, Gazprom avait réduit les capacités les livraisons de Nord Stream à la mi-juin, puis annoncé de nouvelles baisses de livraisons le 27 juillet. Les Occidentaux accusent Moscou de se servir de l'arme énergétique en représailles des sanctions adoptées après l'offensive contre l'Ukraine, tandis que le Kremlin assure, à l'instar de Gazprom, que les sanctions sont à l'origine des difficultés de livraison et que l'Europe souffre dès lors des mesures qu'elle impose à la Russie.