Ce texte est le dernier d'une série de trois relatifs aux traitements médicaux ¹
Le cancer du sein
Lorsqu'on effectue des sondages, pour connaître les sites de recherches les plus utilisés, ce ne sont pas ceux liés aux découvertes scientifiques ou techniques, mais les potins concernant les gens célèbres qui obtiennent la première place. Même en situation de guerre, pouvant s'étendre à de nombreux territoires, lorsqu'on évoque un chef d'État, Vladimir Putine, par exemple, on n'informe pas sur l'histoire de l'Europe de l'Est ou de l'Asie centrale, pouvant expliquer l'actualité politique. On étale des niaiseries, concernant ses humeurs, de possibles troubles de santé. Ces inepties sont en augmentation permanente de la part des médias à large diffusion et Internet. C'est pourquoi il est insidieux qu'une actrice, telle qu'Angelina Jolie, promotionne la mammectomie... que l'on désigne aussi par le nom rude de mastectomie. Rude, mais moins angoissant qu'ablation partielle ou totale du sein.
Et pourtant, il s'agit bien de cela. La mère et grand-mère d'Angelina Jolie sont décédées d'un cancer de ce type. Elle est donc porteuse des mêmes gènes déficients. Affirmant avoir craint, pendant des années, de succomber à cette maladie, elle prit la décision de recourir à une mastectomie partielle. Bien des gens l'approuvent et la considèrent courageuse d'annoncer publiquement ce choix. À mon avis, c'est déplorable. Et surtout, probablement inutile.
► Quoique la probabilité soit plus forte d'en être victime, lorsque des gens de notre famille l'ont été, il se peut que l'on ne succombe jamais à un cancer dû à la génétique.
► Une ablation n'empêche pas toujours une rechute ni le foisonnement d'un autre type de cancer.
► L'absence d'un organe ne fait pas disparaître les gènes altérés.
►Les effets secondaires comprennent des infections post-opératoires, des ruptures d'implants mammaires, une perte de sensibilité. Et une perception du corps à jamais modifiée.
Les gènes n'en sont pas toujours responsables
Bien que l'image du lait jaillisse naturellement lorsqu'on évoque le sein, c'est de l'abus d'alcool que découlent 15% des cancers qui l'affectent. En France, cela toucherait plus de 8000 femmes. Un second risque est sécrété par les hormones de synthèse, proposées suite à la ménopause. Ces substituts n'améliorent en rien l'équilibre des glandes, selon les phases de l'existence, et sont responsables de 5% des cancers du sein. Le corps ne les absorbe pas tous, une portion est évacuée par les urines. Difficiles à éliminer malgré les usines de filtration d'eau, ces hormones perturbent celles des poissons mâles et nuiraient même aux hommes.
De la chirurgie extrême à la radiothérapie
Dès les années 1900, on parvenait à extraire les tumeurs malignes. Après une rémission, des métastases sillonnaient parfois d'autres parties du corps. À Baltimore, le docteur William Halsted émit l'hypothèse qu'en dépit d'une opération méticuleuse, quelques cellules de tissu cancéreux subsistaient, jusqu'à s'étendre à nouveau. Il entreprit de prélever non seulement la tumeur, mais aussi les tissus environnant. Ce qui englobait des muscles permettant de mouvoir les bras et les épaules, en plus des ganglions lymphatiques, localisés profondément dans la poitrine. Malgré tout, surgissaient de nouveau des métastases : les cellules cancéreuses s'étant déplacées avant l'amputation, se logeant dans des zones impossibles à prévoir. Les femmes ayant subi l'ablation « radicale » souffraient de multiples complications et le risque de rechutes équivalait à celui des patientes traitées uniquement au site de la tumeur. On cessa de proposer l'opération amplifiée 80 ans plus tard...
Habituellement, on recourt à une mastectomie lorsqu'une patiente reçoit un diagnostic de cancer. Dans le cas d'Angelina Jolie, il s'agit d'une opération préventive. Un précédent qui pourrait s'avérer aussi malencontreux que la chirurgie « radicale » de William Halsted.
Subir une chirurgie, les douleurs et stigmates qui en résultent, par peur d'être victime d'un cancer qui exigerait ces épreuves, c'est d'autant plus absurde que l'intervention ne fait pas disparaître les risques de cancers du sein ou d'une autre forme. Le risque est d'autant plus élevé chez les sujets anxieux, hypocondriaques au point de recourir à une opération, avant d'en nécessiter une...
Les médecins laissent la liberté de choisir aux femmes, mais imaginez le dilemme : tous les organes, la peau et le sang, peuvent être atteints d'un cancer. Il serait aberrant de conseiller de prélever un organe, pour éviter une éventuelle maladie. Va-t-on stériliser les porteurs d'un gène muté? Certaines formes cancéreuses sont provoquées par deux ou trois gènes anormaux. D'autres cas mettent en cause jusqu'à 120 gènes. ²
La radiothérapie sous observation
C'est le physicien Wilhelm Conrad Röntgen, en 1895, qui découvrit les rayons X. La possibilité de voir à travers le corps entraîna un engouement si intense qu'on débuta leur utilisation en médecine, moins d'un an après leur détection. Avant d'instaurer un minimum de protection, autant pour les médecins que leurs patients... Peut-on imaginer que l'on utilise un traitement préventif, sensé éviter une récidive de tumeurs cancéreuses, et attendre des décennies avant d'en évaluer les effets nocifs? C'est pourtant le cas de la radiothérapie. ³
Dès les années 1990, le perfectionnement de la technologie permit de réduire la quantité de radiations émises.* Quoique l'on concentre les radiations à l'emplacement de la tumeur, les tissus environnant reçoivent une quantité de rayonnement. Et l'organe le plus près, c'est le cœur... Les femmes dont la tumeur loge à gauche reçoivent davantage de radiations dans la région cardiaque que les patientes dont la tumeur se situe à droite.
Un traitement sous révision après 104 ans d'application
Les premières études sur les effets de la radiothérapie débutèrent dans les années 2000. Elles concernaient des patientes ayant reçu des rayonnements beaucoup plus intenses qu'à présent. En 2015, plusieurs institutions, sous la supervision de Sophie Jacob, ont effectué une analyse de la santé cardiaque, avant une radiothérapie, six mois après le traitement, puis vingt-quatre mois plus tard. On note une diminution de la facilité de contraction du ventricule gauche, chez 48% des patientes, six mois après les sessions. Éventuellement, une perte de flexibilité pourrait entraîner une fermeture inopportune d'artère cardiaque, nécroser une partie du myocarde et léser un ventricule. Il était donc urgent de procéder à ce genre de suivis. Pour guérir d'un cancer, sans amputer la santé cardiaque.
Il est cependant bizarre d'utiliser des radiations qui détruisent des cellules anormales, alors que ces rayonnements induisent eux aussi des mutations. Bien entendu, on ne conseille la radio ou la chimiothérapie que dans les cas graves, lorsqu'une tumeur se loge près des ganglions lymphatiques ou surpasse cinq centimètres. Cependant, y a-t-il plus ou moins de récidives, suite à une simple chirurgie, sans radiothérapie? A-t-on procédé à de nombreuses études fiables à ce sujet? 4
Les autres voies
Les traitements de chimiothérapie sont variés. Un d'entre eux consiste à inhiber l'enzyme réparatrice de l'ADN! Et cette thérapie qui atteint les cellules nuisibles et saines ne garantit pas la disparition complètes cellules cancéreuses. Dans les cas les plus à risques de rechute, un site dédié aux professionnels précise qu'il n'y a aucun de bénéfice à recourir à la chimiothérapie... Avant de choisir une voie qui n'élimine pas une possible rechute, on peut recourir à un test dit Oncotype DX, lequel analyse les 21 gènes présents dans les cellules du cancer du sein, afin de savoir s'ils demeurent actifs. Dans un tel cas, une récidive est possible. 5
J'ai une dent contre les radiographies
Les rayons X sont d'usage en dentisterie. Il est souhaitable, dans la trentaine, de procéder périodiquement à une radiographie dentaire. Cependant, y être exposé à chaque visite, pour une douleur localisée ou une carie, ce n'est pas justifié ni sans risque. Nous devrions repartir avec les radiographies prises, puisque nous les payons et pouvons fréquenter une autre clinique. Et refuser de nouvelles expositions aux rayons X, lorsque nous y avons été soumis quelques années auparavant, surtout lorsqu'ils ne révélaient rien de latent. Car nous subissons, en plus, les effets cumulatifs des appareils sans fil, fours micro-ondes, téléphones portables, ordinateurs et... la G5, donc les nuisances pour la santé sont on ne peut plus concrètes.
Quand la fine technologie devient invasive
Lorsqu'on nous incite à passer une mammographie, on nous prévient d'un risque de surdiagnostic. On assure qu'une détection précoce amplifie la possibilité de guérison. La technologie actuellement utilisée débusque des zones infimes qui ne sont pas nécessairement cancéreuses. Dans le cas de la thyroïde, on évalue entre 70 et 80% les surdiagnostics, lesquels mènent à des opérations inutiles. C'est en modifiant une méthode de détection du cancer de la prostate, que l'on évite enfin des surdiagnostics... 6
Un traitement à 2860 euros
Je suis fascinée par la science et la technologie. Ce qui me choque, c'est leur application parfois aussi préjudiciable qu'inutile, pour des gains financiers. La pharmaceutique en est le plus patent exemple. On vend des médicaments sensés inhiber une enzyme afin que les cellules cancéreuses ne s'activent pas. Le coût, pour 21 comprimés, de 100 mg d'Ibrance, revient à plus de 2860 euros... de base, car le plus souvent, il est administré avec un second remède!** Encore une fois, on ne garantit pas la fin des cellules cancéreuses. Et plus de la moitié des cas signalés démontrent un affaiblissement des globules du système immunitaire. Les gens médicamentés sont donc sujets à des infections. Si les comprimés sont pris avec un traitement hormonal, les risques de pneumonie ne sont pas négligeables. Chez les rats, des cellules du système nerveux ont été altérées (les microgliales). On décèle même une augmentation de tumeurs... C'est payer cher une illusion de rémission. 7
Les petits rongeurs ne sont pas les seuls cobayes de la science. Tester de nouvelles thérapies ou un appareil complexe engage une vie. Et cette cupidité n'est pas très jolie... n'en déplaise à Angelina.
Maryse Laurence Lewis
Lire les deux premiers articles de cette série de trois textes :
Le profit avant la santé: la preuve par le papillomavirus humain
Par Maryse Laurence Lewis, 06 août 2022
Covid-19 : une analyse des statistiques officielles
Par Maryse Laurence Lewis, 12 août 2022
Références / Notes :
2. Les lois de la médecine, Siddhartha Mukherjee, traduction de Pierre Kaldy, pages 35 à 41, Éditions Marabout, 2016.
4. Radiothérapie du cancer du sein. Mieux préserver le cœur, cahier partenaire réalisé avec l'IRSN, revue Pour la Science, numéro 526, pages 46 à 49, août 2021.
5.1 google.ca
5.2 cancer.ca
5.3 cancer.ca
6.1 Revue Science & Vie, Le biais du surdiagnostic, p.28 et Cancer du sein, il ne faiblit pas comme prévu, p.29, par Coralie Hancok, numéro 1224, septembre 2019.
7. pfizermedicalinformation.ca
* On expose les femmes à une dose moyenne de 50 grays, répartis sur cinq semaines, à raison de deux grays lors de chacune des vingt-cinq séances. Un gray mesure la quantité d'énergie cédée par les particules radioactives à la matière ciblée, par unité de masse. Un gray (Gy) équivaut à un joule cédé par kilo de matière.
** Létrozole ou Fulvestrant.
La source originale de cet article est Mondialisation.ca
Copyright © Maryse Laurence Lewis, Mondialisation.ca, 2022