25/08/2022 dedefensa.org  10min #214384

 «Persécution politique» : La résidence de Trump en Floride perquisitionnée par le Fbi

Rapsit-Usa2022 : Référendum sur Trump

 Brèves de crise

Les nouvelles autour du conflit en Ukraine font actuellement passer au second plan, pour la communication en Europe, - y compris pour la communication indépendante et antiSystème, - les nouvelles de la situation aux USA. Cela empêche évidemment pas de placer dans leur véritable perspective la crise globale (dite par nous Ukrisis) qui comprend les deux foyers crisiques, Ukraine et USA La situation ukrainienne va de plus en plus être influencée par la perspective des élections midterm (le 8 novembre) qui sont de plus en plus fortement considérées comme essentielles sinon décisives, avec la montée des tensions qui en découle.

D'une façon assez significative, l'évolution actuelle semble se trouver devant une possible inflexion qui, au lieu d'aboutir à un résultat net (une énorme défaite démocrate), risquerait de déboucher sur un chaos qui serait bien à l'image de la situation générale. Le problème principal se pose actuellement chez les républicains, - ou, devrait-on dire plutôt, chez "des républicains face à Trump". Les tendances actuelles sembleraient aller, selon certains observateurs plutôt hostiles à trump, contre l'idée d'un Congrès entièrement républicain, avec une nouvelle orientation qui pourrait être celle d'un Sénat à majorité démocrate et une Chambre à majorité républicaine.

C'est dans tous les cas ce qu'on peut retrouver dans commentaire comme celui de Paul K. Ogden, ancien procureur dans l'Indiana, devenu blogueur. Ogden est un républicain, certainement pas un ami de Trump mais un de ceux que "les amis de Trump" nomme avec mépris et rancœur des RINO ('Republicans In Name Only'). Ogden estime que l'intrusion de Trump dans la campagne avec des candidats qu'il soutient, d'autres qu'il a lui-même placés, a amené un désordre et un trouble considérable  chez les républicainset un certain changement dans les prospective, avec une transformation de l'évolution des républicains vers une sorte de "référendum sur Trump" :

« Alors que les élections de mi-mandat deviennent de plus en plus un référendum sur Trump, les chances des républicains s'amenuisent.

» Le chef de la minorité sénatoriale, Mitch McConnell, a fait les gros titres ce week-end lorsqu'il a déclaré que le Sénat avait moins de chances d'être républicain après les élections de mi-mandat de 2022 que la Chambre des représentants. En fait, ce n'était pas une nouvelle. Personne n'avait sérieusement estimé que les chances des Républicains étaient plus grandes au Sénat qu'à la Chambre. Mais ce qui a fait la nouvelle, c'est ce que McConnell a dit ensuite, lorsqu'il a déclaré que la "qualité des candidats" pourrait empêcher les républicains de s'emparer du Sénat en novembre. M. McConnell a dit tout haut ce qui était calme et, ce faisant, il a dénigré les nombreux candidats sur lesquels il comptait pour redevenir le leader de la majorité au Sénat.

» McConnell, bien sûr, a raison. Les Républicains ont une liste de candidats au Sénat vraiment nuls et il y a une raison à cela : Donald J. Trump. Trump a insisté pour soutenir des candidats qui lui ont exprimé une fidélité maximale et qui sont prêts à mentir sur le fait que l'élection de 2020 a été "volée" à Trump. Peu importe que beaucoup de ces candidats n'avaient pas les expériences et les compétences politiques pour gagner une élection générale. Trump n'était pas intéressé par cela. »

Bien entendu, ce point de vue reflète la tendance antitrumpiste du parti républicain. Face à ces critiques, assorties de récents sondages, les partisans de Trump répondent :
• Si Trump est si complètement un "diviseur" au sein du parti républicain et un facteur d'affaiblissement de ce parti, comment a-t-il pu réunir autant de bases structurelles et populaires du parti pour désigner ou favoriser la sélection de candidats qui sont de sa tendance ?
• Quant au jugement sur la valeur des candidats qu'il soutient autant que la valeur indicative des sondages, on sait sur quels critères sont appuyés ces jugements et les penchants manipulateurs des sondages qui proviennent en général de groupes hostiles à Trump.

Autrement dit, il apparaît bien probable que les républicains sont en train de retrouver toute la force centrifuge de leur antagonisme des années-Trump, entre populistes (pro-Trump) et apparatchiks du parti, ou RINO-pour-les-amis. Cela implique que les regroupements espérés du fait de la politique radicale que mène l'administration Biden ne semblent pas devoir se faire aussi aisément qu'on l'attendait. Le même phénomène peut jouer dans l'autre sens : si les républicains apparaissent divisés, et donc leur opposition à la politique de l'administration moins efficace, la gauche extrême du parti démocrate en tirera argument pour accentuer encore le radicalisme de l'actuelle politique, rendant encore plus malaisée la faction la plus modérée du parti.

Dans ce cas, il s'agit d'une perspective d'un plus grand désordre encore que l'actuel, et un tel désordre accentué par la course à la candidature présidentielle de 2024 dans les deux camps. En effet, si une opposition à Trump se renforce au sein du parti républicain, l'opposition à sa candidature ira de même, alors qu'on ne voit guère de candidature antiTrump crédible pour la désignation républicaine de 2024.

Du côté démocrate, la question est encore plus grave puisqu'elle repose sur les incertitudes majeures, si pas sur l'impossibilité catégorique d'un deuxième mandat Biden vu l'état de santé du président. Il y a deux obstacles, l'un dépendant de l'autre : que veut faire Biden, qui a déjà réaffirmé plusieurs fois son intention de se représenter ? Quelle candidature sérieuse les démocrates peuvent-ils envisager en cas de décision, plus ou moins forcée, de Biden de ne pas se représenter ?

Ces nombreuses incertitudes politiques couronnent une situation d'extrême tension et de désordre aux États-Unis même, que ce soit pour les matières sociétales, pour les matières de sécurité publique, pour les matières d'immigration illégale. Par conséquent, il nous paraît opportun de consulter  le texte ci-après, de Philippe Rosenthal, sur le site 'ObservateurContinental', consacré aux possibilités de troubles civils, voire de "guerre civile". (Son titre : « Les Etats-Unis pourraient être au bord de la guerre civile, selon les médias ».)

L'essentiel du texte détaille un rapport du centre de recherche sur la sécurité publique face à la violence armée, que dirige le Dr Garen Wintemute. L'intérêt de ce rapport est de s'intéresser aux ventes d'armes à feu et de constater que, contrairement au schéma courant (pic important de ventes d'armes à feu à chaque présidentielle, ensuite réduction très nette), le pic des ventes de l'année 2020 s'est poursuivi en une tendance longue depuis, avec l'achat d'armes à feu restant à un très haut niveau. Les opinions relevées par les sondages montrent également un accroissement très net chez les personnes consultées (et acheteuses d'armes à feu) de la prévision de troubles civils armés, et également une augmentation de la résolution en cas de troubles d'utiliser, parfois en mode offensif, les armes achetées.

La perspective des élections de novembre, avec les contestations possibles, figure bien entendu dans l'esprit de ceux qui envisagent ou craignent des troubles civils armés.

Pourquoi pas une guerre civile ?

« Le 'Guardian'apporte une analyse qui inquiète les démocrates en Occident. Le 'Washington Post' annonce, également, que "des historiens avertissent en privé Joe Biden que la démocratie américaine vacille". Ces derniers ont "comparé la menace qui pèse sur l'Amérique à l'époque d'avant la guerre civile et aux mouvements pro-fascistes d'avant la Seconde Guerre mondiale". Selon, Chris McGeal, l'analyste du 'Guardian', "la violence politique aux Etats-Unis augmente" ; mais il se demande si "parler d'une guerre civile ne serait pas exagéré ?"

» La méfiance envers la démocratie augmente aux Etats-Unis. Le 'Guardian'  considère la perquisition du FBI à Mar-a-Lago - propriété de Donald Trump - comme un élément qui a fait ressurgir des salves de menaces de violence contre ceux qui représentent l'Etat. L'analyste constate que ces menaces ont été, en plus, dirigées contre les travailleurs électoraux, avec l'augmentation des ventes d'armes.

» La moitié des Américains s'attendent à une guerre civile aux Etats-Unis dans les prochaines années. Le Dr Garen Wintemute, qui est  un expert renommé concernant la crise de santé publique liée à la violence armée, avait, selon le'Guardian', l'habitude de se moquer des avertissements d'une guerre civile à venir en Amérique en les qualifiant de "discours fous". Il vient de changer d'avis en voyant les chiffres des ventes d'armes à feu aux Etats-Unis.

» Le Dr Garen Wintemute, qui a fondé un centre de recherche sur la violence par arme à feu après des années de traitement des blessures par balle, a longtemps observé que la ruée vers l'achat d'armes se produisait par vagues, souvent autour d'une élection présidentielle aux Etats-Unis, pour retomber juste après. Ce constat valait pour le temps d'avant. "En janvier 2020, les ventes d'armes ont décollé. Juste une augmentation sans précédent des achats et cette augmentation s'est poursuivie", a-t-il déclaré, rapporte le quotidien britannique.

» Aujourd'hui, les citoyens des Etats-Unis continuent d'acheter des armes. "Nous avons réalisé que, contrairement aux surtensions précédentes, celle-ci ne se terminait pas. Les gens achètent encore des armes comme des fous", relate-t-il, spécifiant que "beaucoup achetaient une arme pour la première fois". L'expert en criminologie voulait des réponses. Là, le Dr Garen Wintemute a dû voir la réalité. Une enquête menée pour son Centre californien de recherche sur la violence par arme à feu, qui  a été publiéeen juillet dernier, montre que la moitié des Américains s'attendent à une guerre civile aux Etats-Unis dans les prochaines années.

» Une personne sur cinq pense que la violence politique est justifiée dans certaines circonstances. En outre, alors que presque tout le monde a déclaré qu'il était important que les Etats-Unis restent une démocratie, environ 40% ont déclaré qu'il était plus important d'avoir un dirigeant fort. L'étude révèle des tendances alarmantes dans les attitudes envers la violence, y compris la violence politique, aux Etats-Unis. L'enquête est la première du genre à explorer la volonté personnelle des participants à s'engager dans des scénarios de violence politique spécifiques.

» "Couplées à des recherches antérieures, ces découvertes suggèrent une aliénation et une méfiance continues envers la société démocratique américaine et ses institutions. Des minorités substantielles de la population approuvent la violence, y compris la violence meurtrière, pour atteindre des objectifs politiques", conclut le rapport du Dr Garen Wintemute. L'expert avertit que la moitié de la population des Etats-Unis envisage même une telle possibilité. Cela, selon lui, reflète la confiance défaillante d'un grand nombre d'Américains dans un système de gouvernement attaqué par Donald Trump et une bonne partie du parti républicain.

» Le 'Guardian' fait savoir que cette tendance ne se trouve pas uniquement parmi l'électorat américain mais bien à la tête des décideurs des Etats-Unis car le sénateur de Floride Rick Scott  a comparé le FBI à la Gestapo. Germán Gorraiz López, analyste politique à 'Observateur Continental'  voyait cette tendance comme conduisant à "un gouvernement 'orwellien' aux USA".

» Chris McGeal mentionne que dans les jours qui ont suivi la perquisition de Mar-a-Lago, le FBI et le Département de la Sécurité intérieure des Etats-Unis ont mis en garde contre une recrudescence des menaces de violence contre les agents fédéraux, leurs familles. Le FBI a déclaré qu'il s'agissait notamment d'appels à la «guerre civile» et à la "rébellion armée".

Philippe Rosenthal

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