Ils ont essayé de flétrir la fleur au printemps. Ils ne veulent pas de montagnes de fleurs sauvages, ni de pétales colorés embrassant l'espoir.
Ils ne veulent pas de racines de chênes, ni d'ombres de fleurs de feu. Ils ont essayé de faire taire les grondements de la mer éveillée, belle, toujours en rébellion. Ils ont essayé d'emprisonner la liberté du vent, conformément à sa volonté.
Ils ont essayé de clôturer le chemin, le seul chemin. Ils ont essayé de saper le flanc de la colline pour qu'aucun nuage ne vienne s'y percher avec ses charmes.
Pour qu'aucun coucher de soleil ne vienne embellir l'utopie. Ils ont essayé de faire taire le gazouillis des oiseaux, afin que la lumière d'un nouveau jour n'apporte pas la joie de l'illusion. Car la chanson est l'âme qui célèbre la vie.
Ils ont essayé de dompter la jument sauvage, mais elle est sauvage, complètement indomptée.
Ils ont essayé d'effacer le sourire de l'enfance, car un adulte blessé leur est plus utile qu'un adulte aimant.
Parce qu'ils savent que l'amour est un sentiment impossible à détruire, qu'il rend invincible celui qui aime, et que les gens sont capables d'aimer lorsque les pétales sauvages fleurissent sur leurs montagnes et que les nuages se perchent sur les flancs des collines en récitant des poèmes au coucher du soleil.
Ils aiment aussi quand il y a la faim et quand les tempêtes secouent les branches des fleurs de feu, parce qu'ils savent que l'aube viendra et que les oiseaux chanteront à nouveau et que le pain sera sur la table. Alors les personnes qui aiment la fleur au printemps défendent avec leur loyauté le chemin et la racine des chênes. La liberté du vent et la rébellion de la mer.
Les pétales sauvages et le trille des oiseaux. Et il se confond en une seule caresse avec la brise de la rosée du printemps, de la fleur qui ne pouvait pas se faner, celle qui remplira toujours les montagnes de joie.
Ils voulaient faire taire le cœur de l'Amérique latine, l'amour de la Patria Grande, parce qu'elle est sauvage et indomptée, parce qu'elle est la jument des plaines et des pentes.....
Parce qu'elle est aimée par le trille des oiseaux, par les chemins, par les pétales des fleurs de feu, par les racines des chênes, par la rébellion de la mer, par la volonté du vent, par l'enfance et par les gens en résistance qui n'ont pas de frontières.
Mais jamais dans l'histoire il n'a été possible de faire taire la rébellion des fleurs sauvages qui poussent dans des endroits inhabituels, à des moments inattendus, et qui peuplent de leurs graines la terre la plus inhospitalière pour que le désert le plus aride se remplisse de fête avec leurs couleurs. Ce beau cœur, qui a cessé d'être argentin pour appartenir aux zacatales de la Patria Grande et faire fleurir ses landes.
Ilka Oliva Corado* para TéléSur
TéléSur. Caracas, 2 de septiembre de 2022
*Ilka Oliva Corado, Peintre, écrivain et poète de Comapa, Jutiapa, Guatemala. Elle a obtenu un diplôme de professeur d'éducation physique et est ensuite devenue arbitre de football professionnel. Elle a étudié la psychologie à l'université de San Carlos au Guatemala, une carrière qui a été interrompue par sa décision d'émigrer aux États-Unis en 2003, un voyage qu'elle a effectué en tant qu'immigrée sans papiers traversant le désert de Sonora dans l'État de l'Arizona. Elle est l'auteur d'une quinzaine de livres : Plus d'infos sur l'auteur.@ilkaolivacorado