Mort d'Elizabeth II : un bel exercice de mésinformation officielle. Par Eric Verhaeghe
La mort d'Elizabeth II donne lieu, dans le cartel des médias subventionnés, à l'habituelle tartine romancée sur une reine héroïque et irréprochable qui incarne tous les bienfaits de la monarchie face aux désordres de Républiques comme la nôtre. Cette rhétorique bien rôdée, et entièrement forgée par la monarchie britannique elle-même, a un immense mérite : elle permet d'éclipser les véritables interrogations stratégiques qui se posent sur la Couronne d'Angleterre, et sur la prétendue Elizabeth Windsor, qui est en réalité Elizabeth de Saxe-Cobourg-Gotha, allemande et issue d'une dynastie dont le fond de commerce, depuis 1826, est l'affaiblissement de la France.
Parcourir les médias subventionnés ce matin, pour lire le "narratif" savamment entretenu sur la très secrète couronne d'Angleterre, est cyniquement divertissant. Je regrette bien entendu le décès de la reine d'Angleterre, et je suis de tout coeur avec ses proches qui la pleurent. Mais je suis en même temps aussi gêné qu'amusé par les tartes à la crème que les influenceurs officiels de notre régime propagent (je cite ici les hallucinants propos du prétendument souverainiste Goldnadel) sur une reine qui fut mise sur le trône pour défendre une vision du monde pro-américaine et fondamentalement francophobe.
On ne peut en effet rien comprendre à la fonction d'Elizabeth II si l'on oublie qu'elle est directement issue d'une famille allemande "créée" pour tisser un réseau de monarchies européennes alliées dans le sillage du traité de Vienne de 1815. Et on ne comprend rien si l'on examine pas de près les relations de cette famille avec l'impérialisme allemand.
Pourquoi Elizabeth II a changé de nom de famille
Donc, le véritable état-civil d'Elizabeth II n'est pas Elizabeth Windsor, mais bien Elizabeth de Saxe-Cobourg-Gotha, du nom d'une famille allemande apparue en 1825 sur les restes de différentes branches éparses.
La presse subventionnée fait tout, en France, pour rendre ce changement de patronyme tout à fait anecdotique. On lira par exemple cette phrase fameuse des Echos aujourd'hui :
Windsor, donc un nom de famille récent puisqu'il date de la Première Guerre mondiale. En pleine paranoïa anti-allemande, le nom du vaste château fort se substitua au véritable patronyme de Saxe-Cobourg-Gotha, jugé trop germanique.
On reste confondu sur cette accusation de "paranoïa" qui aurait obligé les pauvres Saxe-Cobourg-Gotha à prendre un patronyme anglais.
Le fond de l'affaire est quand même un peu différent : le roi George V, qui règne sur l'Angleterre en 1914, est en effet le cousin germain de l'ennemi, l'empereur Guillaume II ! Pour être plus clair dans ces histoires de famille où l'on se perd parfois, George V et Guillaume II ont la même grand-mère : la reine Victoria.
On peut comprendre que les Britanniques qui servaient de chair à canon pour faire la guerre aux Allemands sur le sol français aient pris ombrage d'être gouvernés par des proches de ceux qui les pulvérisaient dans l'atroce boucherie. Appeler cela de la "paranoïa" relève même de la provocation.
Quand la famille Windsor fricote avec Hitler
Pour comprendre ces épisodes, il faut se souvenir que, au XIXè siècle, les monarchies européennes chargées d'affaiblir la France face à la Prusse, ont fleuri : monarchie belge, monarchie hollandaise, monarchie grecque, entre autres. Les Saxe-Cobourg-Gotha fourniront un certain nombre de monarques à cette étrange préfiguration de l'Union Européenne, où les familles régnantes pensaient pouvoir éviter la guerre.
Ce rôle politique des monarchies ressurgira, en Angleterre, dès les années 30.
Ainsi, le fameux Edward VIII qui, officiellement, dut abdiquer en 1936 pour pouvoir épouser une femme divorcée, n'a jamais caché ses sympathies nazies ! Moins d'un an après son abdication, il rendait officiellement visite à Adolf Hitler au Berghof.
Les mauvaises langues se souviennent que cette propension à aimer le nazisme a contaminé Elizabeth II... On retrouvera ici une photo de la petite Elizabeth, âgée de 6 ans, en train de faire joyeusement le salut hitlérien en famille...
Nous sommes alors en 1932... C'est dire si les sympathies pro-nazies de la famille royale britanniques ont été précoces...
Les Windsor ont-ils aidé Hitler à écraser la France en 1940 ?
Quatre-vingts ans plus tard, on reste confondu en rappelant que ce sympathisant ouvert d'Adolf Hitler, et bien connu en tant que tel par les services secrets de son pays, ait été nommé, en septembre 1939, major-général auprès du Corps Expéditionnaire Britannique en France. Cette fonction revenait à confier un rôle très sensible dans notre dispositif de guerre à un proche de l'ennemi !
Edouard VIII a-t-il, comme certains dignitaires nazis l'ont prétendu, transmis les plans militaires français aux Allemands durant la drôle de guerre ? Il faudrait une étude spécifique sur le sujet.
On notera simplement que ce soupçon pèse sur un Saxe-Cobourg-Gotha, et que le dispositif français sera définitivement ruiné par la reddition unilatérale, après à peine dix-huit jours de combat, de l'armée belge... dirigée par Léopold III de Saxe-Cobourg-Gotha.
Voilà beaucoup de Saxe-Cobourg-Gotha liés à la défaite d'une France que leur famille a toujours eu pour mission historique d'affaiblir !
Quel rôle pour Elizabeth II dans l'affaiblissement de la France ?
Comme on le voit, le rôle politique des Windsor est beaucoup plus trouble qu'il n'y paraît, mais la famille royale s'est toujours arrangée pour faire croire au mythe de son impuissance politique. La même légende est appliquée à la famille royale belge, sur laquelle il faudra revenir un jour.
D'ici là, on peut s'interroger sur le rôle exact que la Grande-Bretagne a joué pour affaiblir la France depuis 1940, en commençant par une stratégie systématique d'évitement jusqu'en 1944 dans l'ouverture d'un front à l'Ouest (le temps que le rapport de force entre l'URSS et l'Allemagne soit clair, et qu'on ne se trompe pas d'allié), jusqu'à la pression menée pour un élargissement rapide de l'Union Européenne vers l'Est...
L'oubli malencontreux de toutes ces choses complique la compréhension de la véritable nature de l'Union Européenne. Il est même très probable que certains de nos dirigeants croient dur comme fer que la Grande-Bretagne du vingtième siècle ait rompu avec sa stratégie d'affaiblissement de la France qui avait conduit à la signature du traité de Vienne.
Les quelques rappels que je viens de faire permettent de nuancer très fortement la place réelle des Windsor dans l'Europe contemporaine.
On appréciera la légende forgée de toutes pièces par les Goldnadel et compagnie sur cette fonction mystique de la monarchie anglaise qui "fédérerait" son pays (l'affaire Lady Di a pourtant récemment montré combien ce mythe monarchiste relève du pipi de chat). Derrière le narratif fabriqué pour des raisons que m'échappent, la réalité est évidemment tout autre.
Eric Verhaeghe lecourrierdesstrateges.fr
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