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Un homme brandit un panneau «République maintenant» à Edimbourg, le 11 septembre 2022 (illustration).
13 sept. 2022, 17:41
Poliment escortés dans certains cas, délogés manu militari dans d'autre par la police, les manifestants antimonarchie n'ont pas été les bienvenus en venant exprimer une voix discordante au milieu du deuil national suivant la mort de la reine Elizabeth II au Royaume-Uni.
Le décès de la souveraine, très populaire dans le pays, a déclenché une forte vague d'émotion qui a suscité des hommages plutôt unanimes, mais a aussi réveillé le mouvement républicain, très peu actif dans le pays où la monarchie faisait peu débat sous le règne d'Elizabeth II, figure d'unité au long des décennies. La popularité de son successeur Charles, ainsi que celle d'autres membres de la famille royale, semble cependant moins forte.
Le 12 septembre, alors que le désormais roi Charles III se rendait au Parlement de Londres recevoir les condoléances des deux chambres, deux manifestants, un homme et une femme, ont brandi des papiers indiquant «Pas mon roi», «Abolition de la monarchie» et «Fin du féodalisme», sur le trottoir face au palais de Westminster. Le femme portant le panneau «Pas mon roi» s'est ensuite approchée des grilles du Parlement, puis des agents de police l'ont raccompagnée à distance dans le calme, selon des images diffusées sur Twitter par le journal Evening Standard.
«Le principe du pouvoir héréditaire []... est absolument odieux en 2022», a jugé le premier manifestant, estimant que le pouvoir de la famille royale n'avait «aucune justification philosophique ou morale». «Le Parlement accueille Charles Windsor en tant que nouveau chef d'Etat dans ce pays sans que le peuple ait son mot à dire», a expliqué à l'AFP la manifestante encadrée par la police, s'interrogeant aussi sur la justification des sommes perçues par le monarque : «Pour quoi ? Saluer et serrer des mains ?».
D'autres manifestants ont été interpellés ou mis à l'écart les jours précédents : avant l'arrivée du cercueil d'Elizabeth II à Édimbourg le 11 septembre, la police écossaise a arrêté, pour atteinte à l'ordre public, une femme qui tenait une pancarte «Abolition de la monarchie».
Le lendemain, lors de la procession funèbre traversant la capitale écossaise, une vidéo a circulé montrant un homme criant «Vieux malade !» au prince Andrew, avant d'être extrait de la foule par des agents. Eclaboussé par l'affaire Epstein, le prince avait versé des sommes considérables pour éviter un procès pour agressions sexuelles et perdu ses titres militaires. A Oxford, dans le centre de l'Angleterre, un militant pacifiste de 45 ans a quant à lui été brièvement interpellé après avoir crié «Qui l'a élu ?» lors d'une proclamation en public du nouveau roi.
Réagissant à ces événements, l'organisation de défense des libertés individuelles Big Brother Watch a dénoncé «un affront à la démocratie», estimant que «le droit à la liberté d'expression est le fondement de la démocratie britannique». Des élus de l'opposition travailliste se sont joints aux critiques et même Downing Street a rappelé que «le droit fondamental de manifester reste une clé de voûte de la démocratie».
«Le public a absolument le droit de manifester», rappelle la Metropolitan Police de Londres.
«Le public a absolument le droit de manifester, nous l'avons clairement fait savoir à tous les agents impliqués dans l'opération de police extraordinaire actuellement en place et nous continuerons à le faire», a réagi la Metropolitan Police de Londres.
Le coût de la monarchie britannique est régulièrement critiqué, bien que certains relèvent que la «marque Windsor» rapporte énormément au pays, par le tourisme notamment. Charles III a confirmé vouloir continuer à reverser aux finances publiques les revenus tirés du patrimoine de la Couronne (terres, investissements, etc) en échange d'une allocation annuelle fixée à 15% de ces revenus. Cette somme représentait 86,3 millions de livres pour 2021-2022, soit 98 millions d'euros environ.