20/09/2022 reseauinternational.net  6min #215757

 Boutcha 2.0 à Izioum : L'Ukraine utilise des civils tués par des bombardements et les tombes de ses soldats pour jouer la carte du massacre

La région de Kharkiv : Du fake d'Izioum à la réalité des répressions ukrainiennes

par Karine Bechet-Golovko.

Suite au retrait des forces militaires russes de la région de Kharkiv, la machine politico-médiatique atlantiste s'est mise en route pour nous produire une nouvelle superproduction : « Après Boutcha, voici Izioum ». Et la technologie et la finalité sont les mêmes - conduire à la défaite politico-juridique de la Russie, la réduire à un État paria. En revanche, la réalité des répressions contre les populations locales accusées de collaboration par les forces ukrainiennes, elle, est passée sous silence.

Les  médias et les politiques atlantistes ont repris en chœur les soi-disant massacres d'Izioum et la découverte d'une « chambre de torture », par exemple :

Ils ne font même pas semblant d'essayer d'analyser, ils reprennent simplement le discours ukrainien :

Le journalisme de guerre reproduit la parole de son maitre et les paroles sont bien transmises :

Puis, afin de ne pas laisser le discours reposer, Zelensky insiste :

Les politiques suivent le mouvement, c'est bien leur rôle, celui d'une chambre d'amplification. Macron, parfaitement discipliné, se fend d'un tweet :

Pourtant, certains  médias en Allemagne sont revenus sur leurs accusations et ont publié, très discrètement, un démenti qui n'a été repris nulle part, mais au moins, ils l'ont fait.

« Ainsi, le journal allemand Frankfurter Rundschau a officiellement présenté ses excuses pour les fausses nouvelles concernant les corps avec des jarretières autour du cou, qui auraient été retrouvés par des journalistes de Reuters à Izyum. Le comité de rédaction a expliqué, que les employés de l'agence, qui avaient rapporté la scène, avaient réfuté leurs propres rapports. »

Personne ne veut se souvenir que lors des combats d'Izioum, l'armée russe avait tenté plusieurs fois de rendre les corps des militaires ukrainiens morts au combat, mais que Kiev n'en voulait pas. En fin de compte, en mai, sous les tirs de l'artillerie ukrainienne, les Russes avaient récupéré les corps, les avaient mis à la morgue et ensuite, puisque personne n'en voulait, ils sont allés les enterrer. Et ce soi-disant « charnier » est un cimetière, fait par l'armée russe pour les militaires ukrainiens, dont les corps ont été abandonnés par leur armée. En effet, quel crime !

Mais comprenant que de toute manière, il y aurait des problèmes, ils se sont  filmés.

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Et l'on obtient un cimetière, oui, car il y a eu des pertes côté ukrainien, que les autorités ne voulaient pas reconnaître et dont ils utilisent les corps aujourd'hui. Mais il n'y a eu aucune torture, aucun charnier. À la différence de la vague de répression, qui s'abat elle véritablement, sur les habitants de Kharkiv, qui n'ont pas pu ou voulu partir avec l'armée russe.

Tout d'abord, le phénomène est reconnu par les groupes pro-ukrainiens eux-mêmes, qui l'attribuent « à la population », dans le style « les bons contre les méchants ».

Les autorités du  Donbass annoncent pour leur part, que les services spéciaux ukrainiens mènent une véritable opération d'épuration de la région.  Sont visés les enseignants, qui ont été formés par la Russie au nouveau programme, les médecins qui n'ont pas soigné les bonnes personnes, etc. Comme le déclare le responsable de l'administration russe civilo-militaire de Kharkiv :

« Les nationalistes ukrainiens filtrent désormais, comme ils l'appellent, pour identifier les sympathisants du monde russe. Les gens ordinaires en relèvent: enseignants, médecins qui vivaient et travaillaient simplement sur leur terre »

Ce « filtrage » peut coûter 15 ans de détention pour collaboration. Mais aucun média atlantiste n'en parle, aucun politicien ne lève un sourcil. Donc, ils cautionnent. Cette dimension humaine est fondamentale, pour rester des Hommes au milieu de toutes les tempêtes. Et en ce sens, on peut regretter les déclarations russes officielles, un peu légères sur ce recul, qui ouvre objectivement la voie à ces exactions.  Poutine déclarait :

« Les autorités de Kiev ont annoncé une « contre-offensive ». « Eh bien, nous allons voir comment ça va se passer, comment ça va se terminer ». »

Il est évident que la guerre est en cours, que les pertes civiles sont, malheureusement inévitables dans tous les conflits, et que l'issue de cette guerre est encore loin. Mais deux remarques me semblent nécessaires.

Tout d'abord, au-delà de la dimension communicationnelle, finalement peu importante de l'opération « Izioum », il y a une volonté affichée, notamment par les autorités françaises, de mettre en place un tribunal international, ayant pour mission de pendre politiquement haut et court sur la place publique Poutine et les hauts responsables russes. Ce ne sera pas facile à mettre en place, l'histoire l'a montré, surtout s'il doit avoir une apparence de sérieux, car la Russie n'est pas l'Irak. Mais ils y travaillent et ces « retraits stratégiques » leurs donnent des cartes.

Ensuite, sur le plan strictement moral. Les populations civiles, qui vivent sur ces territoires passant d'une main à une autre, sont en danger dès que la Russie part. Peut-être n'y avait-il, dans ces conditions, pas d'autres décisions à prendre sur le plan militaire, mais déclarer avec autant de légèreté, « on verra comment ça finira », est quelque peu déplacé. Pour ces gens, c'est fini, ils sont entrés dans la machine de répression ukrainienne pour avoir cru en la Russie et en un avenir en Russie. Ils méritent certainement d'autres paroles, puisque c'est justement pour ces gens que la Russie a décidé d'intervenir. Cela ne changera pas, certes, le sens de cette guerre, mais cela permet de rester dans un cadre moral strict, notamment lors de la prise de décision.

 Karine Bechet-Golovko

source :  Russie Politics

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