Gideon Levy dénonce dans un article de Haaretz le cynisme du premier ministre israélien qui a osé parler de sa fille autiste devant l'Assemblée générale des Nations Unies ce jeudi pour montrer à quel point les Israéliens sont à plaindre.
« C'est toujours émouvant d'entendre un père parler chaleureusement de sa fille, surtout lorsqu'elle a des besoins particuliers, mais il y a un contexte dans lequel Lapid ne devrait pas faire cela, le contexte dans lequel il a fait un usage cynique et manipulateur de sa fille Yaeli. Dans son discours, Lapid a brandi Yaeli pour montrer à quel point il est misérable et à quel point les Israéliens se trouvent dans une situation misérable. L'année dernière, il a dû courir avec elle vers un abri anti-bombes à 3 heures du matin. », a-t-il raconté.
« Tous ceux qui prêchent sur l'importance de la paix sont invités à essayer de courir vers un abri anti-bombes à 3 heures du matin. avec une fille qui ne parle pas. Pour lui expliquer, sans mots, pourquoi il y a ceux qui veulent la tuer », a déclaré Lapid au monde, comme un mendiant exhibant le moignon de son membre amputé.
« Cela pourrait fonctionner dans un centre juif pour personnes âgées à Fort Lauderdale, en Floride, mais cela ne peut plus fonctionner avec des personnes sérieuses qui connaissent la réalité. Yaeli a dû courir jusqu'au refuge après qu'Israël eût placé tous les enfants de la bande de Gaza, y compris ceux ayant des besoins spéciaux, dans une terrible cage il y a 15 ans. C'est difficile de courir avec un enfant autiste dans un refuge, mais dans ce cas, elle n'est pas la victime. Autour d'elle se trouvent des victimes qui sont infiniment plus mal loties. Ce ne sont pas des victimes du destin, comme Yaeli, mais plutôt victimes de l'État dirigé par son père. Son père n'a rien fait jusqu'à présent pour s'assurer qu'ils souffriront moins ou que Yaeli n'aura pas à courir au refuge », commente le journaliste israélien.
« Alors que les parents de Yaeli l'emmenaient dans un refuge à Ramat Aviv Gimel, des avions israéliens bombardaient Gaza. Pendant que Yaeli était au refuge, les enfants de Gaza n'avaient nulle part où aller et personne pour les protéger. Ils sont restés exposés aux bombes tombant sur leur tête.
Israël a tué 68 enfants, l'équivalent de deux salles de classe surpeuplées, dans l'opération Guardian of the Walls, (Gardien des Murs) qui était criminelle comme clelles qui l'ont précéde et celle qui l'a suivi, sur les ordres de son père. Comment un Premier ministre israélien peut-il se présenter devant l'Assemblée générale de l'ONU et déplorer le sort de sa fille, alors que son pays fait ce qu'il fait aux enfants de Gaza depuis 15 ans, 55 ans, 70 ans ? Comment peut-il parler de Yaeli et ignorer le sort d'Uday Salah, 17 ans, plus jeune que Yaeli, qui a été tuée par un tireur d'élite de Tsahal d'une balle dans la tête et d'une balle dans le cœur ? Comment a-t-il osé se plaindre de l'information selon laquelle Malak al-Tanani a été tuée par des tirs de Tsahal l'année dernière, puis il s'est avéré qu'elle ne l'était pas - alors que Tsahal ment encore et encore pour échapper à sa responsabilité dans les crimes de guerre. Du meurtre d'un homme de 80 ans à Jaljulya, au meurtre de cinq enfants à Jabalya, dont l'un n'avait que 3 ans, dans l'opération Guardian of the Walls, au meurtre de la journaliste Shirine Abu Akleh.
Lapid a prononcé un joli discours. Il a choisi de parler de paix et de foyer, au lieu de danger et de guerre comme son prédécesseur, et pour cela il doit être félicité. Mais quand le discours est séparé de la réalité, nie l'occupation et prêche la moralité aux autres, le culot est insupportable, et il est impossible de ne pas avoir honte que ce soit votre rpemier ministre.
C'était dur avec Yaeli dans le refuge, mais les enfants de Gaza ne peuvent que rêver de ce qu'a Yaeli. La principale faute revient à l'État que dirige son père, dans lequel il symbolise même - incroyablement - la modération et l'espoir. »
Par Gideon Levy
CAPJPO-EuroPalestine