10/11/2022 infomigrants.net  4 min #218802

Méditerranée : 405 migrants secourus en une nuit, au large de la Tunisie

Des migrants tentent de rallier l'Italie depuis les côtes tunisiennes (archives). Crédit : EPA

Macabre découverte en Tunisie : mercredi 9 novembre, deux corps de migrants ont été repêchés par des plongeurs de la Défense civile au large de Bizerte, dans le nord, après le naufrage d'un bateau transportant 16 personnes. "Les recherches sont toujours en cours pour retrouver quatre disparus" près du Cap Angela, a indiqué le porte-parole de la Garde nationale Houssem Eddine Jebabli.

Les personnes à bord étaient originaires de la petite ville de Menzel Bourguiba, à quelques kilomètres au sud de Bizerte. D'après le site d'informations  Business News, peu après son départ, "l'embarcation a connu une avarie moteur et a coulé".

#Tunisia: bodies of two migrants were retrieved by divers from the Civil Defence backed by Coast Guards, 2 navy boats & a military aircraft, after a boat carrying 16 migrants sank off #CapeAngela, #Bizerte & search is on for 4 missing, said National Guard spokesperson. #TAP_En

La Tunisie est un pays de départ pour l'Europe pour de nombreux migrants, africains subsahariens comme tunisiens. L'île de Lampedusa, porte d'entrée de l'UE, ne se situe qu'à 150 kilomètres des côtes du pays. Mais cette voie en pleine mer reste très dangereuse pour les exilés, entassés sur de petits bateaux inadaptés à ce type de traversée. Dans la zone, les naufrages sont nombreux.

Le 22 octobre, une embarcation a chaviré au large de l'île italienne de Lampione, près de Lampedusa. Trente-neuf personnes, des ressortissants subsahariens, dont huit enfants, ont pu être secourus. Mais  un bébé de deux semaines est toujours porté disparu.

D'après le dernier rapport du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) publié le 26 octobre, 544 personnes sont décédées ou ont disparues sur cette route depuis le début de l'année, toutes nationalités comprises. Le printemps a été la période la plus meurtrière, avec un pic à 145 décès et disparus au mois d'avril.

À cet endroit de la Méditerranée, les sauvetages sont, de fait, très réguliers également. Jeudi, les autorités tunisiennes ont annoncé avoir déjoué en quelques heures 12 opérations de migration vers l'Italie, et avoir secouru au total 405 migrants.

D'après Houssem Eddine Jebabli, les unités des gouvernorats de Sfax et de Mahdia ont procédé dans la nuit de mardi à mercredi au sauvetage de 402 personnes réparties dans 11 embarcations, qui avaient chavirées. Tous les rescapés sont originaires d'Afrique subsaharienne.

La même nuit, la Garde nationale de Nabeul, située, elle, dans l'est du pays, a "réussi à déjouer une opération du même genre et à secourir trois Tunisiens après le naufrage de leur embarcation", indique un communiqué.

Une inflation jamais vue depuis 40 ans

Depuis le début de l'année, plus de 17 000 Tunisiens ont débarqué en Italie, soit la deuxième nationalité représentée chez les primo-arrivants derrière l'Égypte. Un chiffre record : en 2021, les autorités italiennes dénombraient 14 342 Tunisiens arrivés sur leurs côtes, et 11 212 en 2020.

Parmi les raisons qui poussent de plus en plus de personnes - citoyens tunisiens comme migrants subsahariens installés sur le territoire - à quitter le pays ? La crise politique et économique sévère dans laquelle s'enlise inexorablement la Tunisie. Au tour de vis sécuritaire opéré par le président Kaïs Saïed s'ajoute une crise économique aigüe, bouleversant le quotidien de millions de Tunisiens. En septembre, l'inflation y a grimpé à 9,1%, son plus haut niveau depuis 40 ans. D'après l'Institut national de la statistique (INS), ce taux s'explique par la hausse des prix de nombreux produits de base, dont ceux des denrées alimentaires, des logements, de l'eau, du gaz, de l'électricité et des transports.

Un rapport publié ce jeudi 10 novembre par la Banque mondiale, un des principaux bailleurs de fonds du pays, exhorte d'ailleurs les autorités à engager de "profondes réformes structurelles" et à "remettre la transition sur les rails... si la Tunisie veut préserver ses acquis démocratiques fragiles et les aspirations de son peuple".

Le 25 septembre, Mohamed Amine Dridi, vendeur informel de fruits et légumes, s'est pendu après la confiscation, par la police, de sa petite balance. Mohamed Bouazizi, vendeur sur le marché lui aussi, avait également mis fin à ses jours le 17 décembre 2010. Son suicide avait déclenché l'étincelle des Printemps arabes.

 infomigrants.net

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