FranceSoir avec AFP
Le président de la FIFA, Gianni Infantino.
GABRIEL BOUYS - AFP
Vantant les « progrès » obtenus selon lui par la FIFA en matière de droits de l'Homme, le patron du football mondial Gianni Infantino a fustigé les critiques occidentales envers le Mondial qatari, à la veille de son coup d'envoi.
« Donner des leçons de morale toujours dans le même sens, c'est simplement de l'hypocrisie », a estimé ce 19 novembre le président de la FIFA, l'Italo-Suisse Gianni Infantino, à la veille du match d'ouverture de la Coupe du monde 2022, qui opposera le Qatar et l'Equateur.
Après des mois de silence sur les multiples polémiques qui concernent le tournoi, le quinquagénaire s'est montré plutôt offensif devant la presse. Comme le rapporte l'AFP, Gianni Infantino s'est livré à un monologue d'une heure durant lequel il a amplement puisé dans son histoire personnelle pour affirmer se « sentir » à la fois « qatari », « arabe », « africain », « gay », « handicapé » et même « travailleur immigré ».
Alors que de multiples médias et ONG ont documenté les conditions de travail harassantes sur les chantiers de la Coupe du monde, Gianni Infantino a ainsi assuré « savoir ce que c'est que d'être discriminé », notamment parce qu'il avait lui-même « été harcelé à l'école » en tant qu'« enfant roux et bouclé, avec des taches de rousseur, et qui parlait mal allemand ».
« Et quand je suis arrivé à Doha la première fois, je suis allé voir certains de ces logements pour migrants et ça m'a ramené à mon enfance. J'ai dit aux Qataris : "Ce n'est pas correct, il faut faire quelque chose à ce sujet" », a-t-il raconté.
Le patron de la FIFA relativise les conditions de travail au Qatar en évoquant les migrants qui meurent pour rejoindre l'Europe
Le patron de la FIFA a en revanche évoqué « les progrès » obtenus ces dernières années pour les travailleurs au Qatar, tels que le salaire minimum d'environ 280 euros par mois, l'abolition du système de parrainage qui empêchait les employés de quitter le pays ou encore les indemnisations pour les salaires non payés et les accidents.
« Parmi les entreprises occidentales présentes ici, combien se sont préoccupées des droits des travailleurs migrants ? Aucune. Parce qu'un changement de législation implique moins de bénéfices. Mais nous l'avons fait », a argué le dirigeant.
Plus largement, il a jugé « profondément injustes » les critiques adressées au Qatar, estimant qu'« au moins le pays avait créé des voies légales » pour que des travailleurs étrangers viennent gagner leur vie, quand « très peu survivent » en essayant de rejoindre l'Europe.
« Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3 000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3 000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres », a-t-il encore proclamé.
Enfin, il a évoqué les articles parus dans plusieurs pays, Espagne, Angleterre, France, décrivant comme de « faux supporters » les fans d'Asie du Sud affichant leur soutien à des équipes prenant part au Mondial. « C'est du racisme pur. Chacun dans le monde a le droit d'encourager qui il veut », a-t-il commenté.
Quant à la volte-face des autorités qataries qui ont subitement interdit le 18 novembre la vente d'alcool à proximité des stades, elle a été balayée d'un revers de main par le patron de la FIFA : « Je pense personnellement qu'on peut survivre sans bière pendant trois heures. Et de fait, les mêmes règles s'appliquent en France, en Espagne, en Ecosse. »