Viva Maria, l'hypersonique !
• Témoignage exceptionnel sur 'Ukrisis', crise venue des origines de la chute de l'URSS et de l'étincelle du Maidan. • Interview ('Le Point') de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères.
Il est bien rare qu'un porte-parole d'importance, soit d'un gouvernement d'un pays important, soit d'un ministère d'importance dans un pays non moins important, acquiert une notoriété et même une popularité hors de sa sphère d'influence qui est en général le petit monde soit goguenard et souvent grognon, soit complice sinon mielleux, des journalistes accrédités. Maria Zakharova est donc rare, très rare. Aujourd'hui porte-parole du ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie, on l'écoute et on la lit, à la fois comme porte-parole, comme commentatrice, comme invitée-vedette de shows télévisés, comme source originale d'une façon, sinon d'un art d'exposer et d'expliquer avec un exceptionnel abattage et un patriotisme ardent la politique de son pays. Cette femme fait du pouvoir un charme et du savoir une séduction.
Sa carrière lui a donné toutes les armes pour figurer à cette place exceptionnelle et sa vertu est d'en user avec un art sans pareil. Elle fut porte-parole de la délégation russe à l'ONU, donc pendant des années en contact avec la presse anglo-saxonne et américaniste, et parlant un anglais remarquable tout en ayant une connaissance non moins remarquable des codes et du professionnalisme, des chaussetrappes, des hypocrisies, des naïvetés et de l'aveuglement, bref toutes les habitudes du monde de la communication des maîtres du monde.
On a déjà eu affaire à Zakharova, et déjà à propos de l'Ukraine, il y a huit ans, lors des débuts de la crise et alors qu'elle n'était pas encore porte-parole en titre mais déjà montrant sa connaissance des pratiques américanistes. On vous rappelle ce passage qui montre combien la monstrueuse offensive de simulacre des américanistes meneurs de "l'Occident collectif" (nouvelle expression à avoir à l'esprit) vient de loin, des origines de l'actuelle séquence, - et Zakharova fut l'une de celles et de ceux, assez rares, qui la virent venir de loin... L'extrait vient d'un texte du 7 août 2014, quelques mois après le début de la guerre qui se poursuit aujourd'hui :
« • Mais ce qui nous est arrivé de Moscou hier est encore plus impressionnant : il s'agit du refus de la plupart des correspondants US à Moscou, - sauf celui de Bloomberg, - de se rendre vers les camps où sont temporairement installés plusieurs centaines de soldats ukrainiens qui viennent de passer en Russie après avoir été encerclés par les milices du Donbass, et alors qu'à court de munitions et de vivres il ne leur restait que le choix d'une reddition ou d'un passage en Russie. Les circonstances de cette affaire sont rapportées par Itar-Tass, le 6 août 2014, mettant principalement en scène Maria Zakharova, une adjointe à la direction de la section presse du ministère russe des affaires étrangères :» "Tôt lundi, un groupe de 438 soldats et gardes-frontières ukrainiens des forces pro-Kiev luttant contre les milices dans le sud-est de l'Ukraine en proie à des troubles a demandé aux autorités russes chargées de la frontière sud l'autorisation d'entrer en Russie en demandant l'asile, et un corridor humanitaire a été ouvert pour eux. Maria Zakharova a écrit sur son compte Facebook qu'à la suite de l'annonce, lundi, du passage en Russie de plus de 400 soldats ukrainiens demandant l'asile, le ministère russe des affaires étrangères a décidé d'organiser une rencontre avec les soldats pour les journalistes étrangers accrédités en Russie.
» "Gardant à l'esprit l'importance pour les journalistes, en particulier pour les journalistes étrangers, de parler aux militaires ukrainiens, d'apprendre de première main les actions de combat réelles, la motivation des soldats ukrainiens et les raisons réelles derrière leur décision [de demander l'asile], nous avons décidé d'inviter un groupe de correspondants étrangers dans la région de Rostov", a déclaré Mme Zakharova. Elle a indiqué qu'un avion du ministère russe de la Défense devait se rendre lundi dans la région de Rostov, où les soldats ukrainiens sont temporairement hébergés, et que l'avion était prêt à emmener un groupe de 30 à 40 journalistes. "Nous avons immédiatement commencé à appeler tout le monde", a-t-elle déclaré. "Nous avons rassemblé jusqu'à 40 [correspondants] en une heure"....
»... "A l'exception de Bloomberg, il n'y avait aucun journaliste représentant les médias américains ! !! L'opportunité de rencontrer les militaires ukrainiens, qui ont traversé le territoire russe, a été déclinée par les représentants des principaux médias américains,"... "Il s'agissait de CNN, The New York Times, The Washington Post, The Christian Science Monitor." "Sur quoi ces journalistes fondent-ils leurs documents s'ils refusent de parler à des sources de première main ?" a déclaré Zakharova. "L'épisode le plus drôle a été celui du journaliste de Reuters, qui s'est inscrit, est parti à l'aéroport, mais a changé d'avis à mi-chemin et n'a pas pris l'avion." "La Russie est critiquée pour son peu d'interaction avec les médias occidentaux et c'est prétendument la raison du black-out médiatique de la Russie", a-t-elle déclaré. "Mais le fait est que nous parlons et qu'ils refusent d'écouter ou qu'il leur est interdit d'écouter." »
» Alexei Pouchkov, président de la commission des affaires étrangères de la Douma, a écrit à propos de cet incident (ITAR-Tass, le 6 août 2014) : "Les médias américains sont morts et ils sont maintenant des bureaux du Département d'Etat américain"....»
Tout cela pour longuement présenter une initiative exceptionnelle, - une fois n'est pas (encore ?) coutume, - d'un hebdomadaire important de la presse française : une interview extrêmement fouillée de Zarakhova du 'Point'. L'interview a été reprise par ' Réseau International' et elle est présentée par le général Delawarde en ces termes :
« Voici une interview vraiment remarquable de Maria Zakharova, porte parole du ministre des Affaires étrangères russe par le journal français Le Point. Une fois n'est pas coutume, on ne peut qu'être agréablement surpris par la publication d'un tel document dans un hebdomadaire français de niveau national et dans le contexte général d'une véritable hystérie russophobe.Le point de vue russe est enfin mis à la disposition des citoyens de notre pays qui ne sont pas aveuglés par la Propagande de guerre. Difficile de ne pas trouver de nombreux points de convergence avec les propos tenus par Maria Zakharova. »
Ci-dessous, le texte de l'interview, avec une note de présentation de l'hebdomadaire.
Note de PhG-Bis : « Zakharova est certainement une des tendresses cachées de PhG et son souhait secret, je crois, serait que l'âge venant et le formidable ministre Lavrov se jugeant obligé de se mettre en retraite, qu'on lui choisisse comme successeur Maria Zakharova. La cause des femmes en sortirait grandie. »