22/11/2022 francesoir.fr  4 min #219478

Allemagne : l'obligation vaccinale devrait être supprimée pour les soignants en 2023

FranceSoir

Le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach.

John MACDOUGALL / AFP

Selon une information rapportée par le journal allemand  Süddeutsche Zeitung le 22 novembre 2022, la vaccination obligatoire contre le Covid-19 pour le personnel médical devrait être abandonnée dès début 2023 en Allemagne suite à son expiration le 31 décembre 2022.

Rappels sur l'obligation vaccinale du personnel médical en Allemagne

Le 10 décembre 2021, la chambre des députés allemande  votait l'obligation de vaccination contre le Covid-19 pour le personnel des établissements médico-sociaux. Le projet de loi était approuvé par une large majorité des députés du Bundestag, avec 571 voix pour et 80 contre.

La loi prévoyait que les employés concernés du secteur de la santé avaient jusqu'au 15 mars 2022, date de l'entrée en vigueur de la loi, pour se mettre à jour de leur vaccination, au risque de ne plus pouvoir exercer leur métier dans le cas contraire.

Cependant, la loi n'a jamais véritablement été appliquée sur l'ensemble du territoire. Les contrôles sur le personnel médical n'ont été mis en place que très lentement et ont été plus ou moins stricts en fonction des régions. En Saxe, par exemple, il y aurait un tiers des soignants qui ne seraient toujours pas vaccinés.

Certains Länder, la plupart de l'ancienne Allemagne de l'Est, demandaient à ce que cette obligation ne soit pas prolongée au-delà de la fin de l'année 2022.

Pendant très longtemps, le ministre de la Santé Karl Lauterbach, très favorable à la vaccination, n'a pas voulu envisager la levée de l'obligation pour le personnel médical. Cependant, aujourd'hui, il est en train de revenir sur sa décision.

Vers la levée de l'obligation vaccinale du personnel de santé

Selon une information rapportée par le Süddeutsche Zeitung, Karl Lauterbach prendrait depuis quelque temps ses distances avec l'obligation vaccinale du personnel médical. Il considèrerait que la règlementation qui oblige l'ensemble du personnel des hôpitaux et des établissements de soins à se faire vacciner contre le Sars-CoV-2"ne mérite plus d'être poursuivie" et "n'est plus guère justifiable sur le plan médical".

Le quotidien Süddeutsche Zeitung rapporte que ce brusque revirement du ministre de la Santé n'est pas dû à l'opposition de certaines régions ou de certains élus du Parti libéral démocrate (FDP), mais aux nouvelles informations sanitaires. En effet, il est aujourd'hui reconnu que la vaccination ne protège pas de manière significative contre la transmission des nouveaux variants en circulation. De plus, le nombre de cas reste inférieur aux prévisions du ministre de la Santé, ce qui décrédibilise les discours que le ministre a pu tenir par le passé. En effet, celui qui n'avait cessé de mettre en garde contre l'imminence de vagues estivale et automnale qui n'ont jamais eu lieu, se retrouve aujourd'hui démuni d'arguments pour poursuivre sa politique. Et, s'il a alerté sur une possible vague hivernale, dont on ignore encore si elle aura lieu, au ministère fédéral de la Santé, l'inquiétude se porte désormais sur la propagation du nouveau sous-variant BQ.1.1 (sous-lignage du variant Omicron), alors qu'il est reconnu que les antiviraux utilisés jusqu'à présent pour soigner le Covid-19 seraient sans effets sur cette nouvelle souche.

Toujours d'après les sources du Süddeutsche Zeitung, le ministère ne s'attend pas à ce que les personnes aillent se faire vacciner en masse cet hiver même si des vaccins de nouvelle génération "adaptés" au variant Omicron (BA.1) et ses sous-lignages (BA.4 et BA.5) ont été commandés en très grande quantité. Pour toutes ces raisons, le financement des centres de vaccination pourrait être revu à la baisse alors qu'à l'avenir, les injections ne devraient plus être administrées dans ces centres, mais seulement dans les cabinets médicaux.

Le ministre de la Santé souhaite en revanche maintenir certaines mesures de préventions comme l'obligation de porter le masque dans les bus et les trains ou encore le maintien obligatoire des personnes infectées à l'isolement. Cependant, la décision de maintenir ou non la quarantaine obligatoire est une compétence des Länder et non de l'État. En Bavière, en Hesse, dans le Bade-Wurtemberg ou le Schleswig-Holstein, cette obligation d'isolement a déjà été supprimé ou est en passe de l'être. Désormais, les personnes infectées, si elles sont incitées à ne pas se rendre sur leur lieu de travail, n'ont pas pour autant l'obligation de rester chez elles.

Cette dernière décision est un signal fort envoyé à l'État dont les ordres sont de moins en moins supportés par les autorités politiques de certains Länder qui souhaitent remettre la responsabilité individuelle au centre du combat contre la maladie, comme cela a toujours été jusqu'à ce que l'épidémie de coronavirus et les mesures adoptées pour la combattre viennent remettre en cause les libertés fondamentales.

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