Par Stephen Bryen* - Asia Times - 2 DÉCEMBRE 2022
L'Ukraine a probablement perdu 100 000 soldats qui ne seront pas facilement remplacés, tandis que les livraisons d'armes américaines épuisent les stocks et exposent les failles de sécurité en Asie.
Dans une déclaration choquante qui a maintenant été retirée, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a écrit que l'Ukraine a perdu 100 000 soldats et 20 000 civils dans la guerre en Ukraine.
Ces propos sont conformes à ceux du chef d'état-major interarmées américain, le général Mark Milley, qui, dans un discours prononcé lors d'une conférence organisée par l'Economic Club de New York, a déclaré que plus de 100 000 soldats russes avaient été tués ou blessés dans la guerre et que le nombre de victimes était probablement « le même » pour l'armée ukrainienne.
Les lourdes pertes de l'Ukraine sont un signal que la guerre de facto de Washington avec la Russie est en difficulté. Le président Joe Biden doit changer de direction ou faire face à une crise de sécurité nationale qui pourrait mettre fin à sa présidence.
L'Ukraine peut donner l'impression d'avoir gagné. La vérité est tout le contraire, car l'Ukraine est à court de main-d'œuvre qu'elle ne peut remplacer. Elle perd par attrition sur le champ de bataille et, les Russes détruisant systématiquement ses infrastructures, des millions d'Ukrainiens ont fui à l'étranger. Il est peu probable que le pays puisse se relever même si la guerre devait s'arrêter demain.
Pendant ce temps, les problèmes de main-d'œuvre de la Russie sont moins graves. Moscou a reconstitué son stock de troupes de première ligne grâce à un programme de conscription impopulaire dans le pays, qui a maintenant été étendu aux territoires ukrainiens qu'elle occupe.
L'armée mandataire de la Russie, le groupe Wagner, a également été considérablement élargie, passant de 8 000 hommes en avril dernier à près de 40 000 aujourd'hui. De nombreux combattants du Groupe Wagner ont été recrutés dans les prisons russes et certains ont été amenés d'autres pays, notamment du Moyen-Orient et d'Afrique.
L'Ukraine estime que le nombre de victimes du Groupe Wagner se situe entre 800 et 1 000 ; d'autres l'évaluent à 3 000.
Parmi les informations les plus étonnantes qui ont récemment fait surface, des rapports en Pologne indiquent qu'environ 1 200 « volontaires » polonais ont été tués en Ukraine. Ils semblent avoir été recrutés dans l'armée terrestre active de la Pologne, qui se compose de trois divisions principales.
Parmi les informations les plus étonnantes qui ont récemment fait surface, des rapports en Pologne indiquent qu'environ 1 200 « volontaires » polonais ont été tués en Ukraine. Ils semblent avoir été recrutés dans l'armée terrestre active de la Pologne, qui se compose de trois divisions principales.
L'armée polonaise est composée de 61 200 soldats et personnels de soutien. Il est peu probable que la Pologne engage beaucoup plus de troupes étant donné le nombre élevé de victimes et le risque que la Russie frappe la Pologne en représailles.
L'estimation la plus récente de la force de combat de l'armée terrestre ukrainienne est de 198 000 hommes. Compte tenu du nombre alarmant de victimes, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est confronté à une véritable crise si la guerre s'éternise.
La Russie s'est récemment concentrée sur la destruction des infrastructures critiques et des postes de commandement ukrainiens, ainsi que sur la liquidation, dans la mesure du possible, des armes ukrainiennes de grande valeur, notamment les systèmes de roquettes de précision tels que les HIMARS, les unités de défense aérienne et l'artillerie ukrainienne.
Les pertes sur le champ de bataille du côté ukrainien semblent être en grande partie le résultat de l'artillerie lourde russe qui est coordonnée par des drones russes, dont la plupart sont des variantes de l'Orlan-10.
La Russie a également fait des progrès en améliorant son commandement et son contrôle ainsi que son leadership sur le terrain. Les Russes se sont retirés stratégiquement de Kherson afin de préserver les effectifs et d'organiser de meilleures positions défensives.
La plupart des combats violents semblent maintenant se dérouler dans et autour de Bakhmut, où les troupes russes et locales semblent progresser lentement mais sûrement. Cette bataille épuise les réserves ukrainiennes et a coûté à l'Ukraine de grandes quantités de munitions qui ne peuvent être facilement remplacées.
Les Européens ont clairement fait savoir que leurs ressources ont diminué jusqu'à un niveau critique et qu'il ne sera peut-être pas possible de continuer à approvisionner l'Ukraine. Les États-Unis sont également confrontés à un placard vide, notamment en ce qui concerne d'importants systèmes de haute technologie tels que les HIMARS, les armes antichars telles que le Javelin et les MANPADS, dont le Stinger.
Les États-Unis sont également à court de munitions conventionnelles, notamment d'obus de 155 mm. Pire encore, le fait de vider les stocks de guerre vitaux a retardé les livraisons de fournitures à Taïwan et créé des possibilités de vide pour la Chine si elle choisissait de frapper Taïwan.
Taïwan ne reçoit pas de HIMARS, ni d'artillerie à longue portée, ni même de jets F-16V, dont la fabrication est étrangement retardée depuis quelques années. Lors d'un récent exercice au Japon, les Marines américains ont fait voler un HIMARS mais ne l'ont pas tiré en raison de la pénurie de fusées.
Les républicains ont remporté un contrôle étroit de la Chambre des représentants des États-Unis lors des élections de mi-mandat de 2022. Le leader Kevin McCarthy (à gauche) aura fort à faire pour répondre aux demandes d'une faction d'extrême droite dirigée par Marjorie Taylor Greene (Géorgie), qui critique sévèrement les dépenses de guerre en Ukraine.
À un moment donné, le Congrès pourrait commencer à poser des questions telles que : pourquoi l'administration a-t-elle risqué la sécurité des États-Unis pour l'Ukraine ? Il est tout à fait clair que le Congrès américain ne peut pas continuer à voter pour des milliards de dollars d'armes pour l'Ukraine alors que les États-Unis eux-mêmes manquent d'armes et ne peuvent pas soutenir leurs intérêts vitaux ailleurs.
Le résultat final en Ukraine est que Zelensky pourrait ne pas être en mesure de soutenir et de reconstituer son matériel de guerre ou de compenser ses pertes de troupes. Alors que le gouvernement ukrainien censure activement les informations de guerre (ce qui n'est pas du tout surprenant ; von der Leyen en est la dernière victime), il est clair que l'étau se resserre.
Pendant ce temps, la dégradation de l'infrastructure critique de l'Ukraine risque d'alimenter un exode encore plus important du pays, les gens cherchant à se réchauffer et à s'abriter et les jeunes évitant également le service militaire.
La Russie, comme on le sait maintenant, a également de graves problèmes de recrutement et de formation des soldats, ainsi que de capacité à remplacer les armes. Mais la Russie dispose également d'énormes stocks de guerre qu'elle a acquis avant la chute de l'Union soviétique, et elle en utilise maintenant une partie dans la guerre en Ukraine.
Il est extrêmement difficile de juger de l'endurance de la Russie, car toute objection à la guerre ou toute critique à l'égard de l'armée peut conduire les personnes qui s'expriment franchement en prison. Malgré cela, il ne semble pas encore y avoir de mouvement anti-guerre interne suffisamment crédible pour pousser les dirigeants russes à faire marche arrière. La Russie restera dans la guerre pendant l'hiver et peut-être plus longtemps, en supposant qu'elle peut fracturer l'OTAN et humilier les États-Unis - ce qui est le véritable objectif de la Russie maintenant.
À Washington, le président Biden a l'avantage, du moins pour l'instant, de montrer qu'il est un dirigeant fort qui peut « combattre le bon combat », même s'il utilise les Ukrainiens comme mandataires. Mais alors que l'hiver s'abat sur l'Europe, avec une crise énergétique imminente et de graves problèmes financiers, il est difficile pour Biden d'être à l'aise avec le risque qu'un jour, toute l'entreprise s'effondre et brûle.
Biden veut se représenter à la présidence en 2024 et pense pouvoir gagner de la même manière qu'en 2020. Mais cela pourrait ne pas être le cas si sa guerre prend du plomb dans l'aile, si l'Europe prend une autre direction ou si les vrais problèmes arrivent en Asie, concentrés sur Taïwan ou même la Corée.
Biden ne peut pas survivre à une crise sur qui a perdu l'Europe, qui a perdu Taïwan ou qui a perdu la Corée. Pour être crédible et rester en poste, Biden doit changer de direction sur l'Ukraine et la sécurité, et vite.
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*Stephen Bryen est membre senior du Center for Security Policy et du Yorktown Institute.
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Contradictions.
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Guerre en Ukraine : Un collaborateur de Zelensky révèle qu'il y a eu jusqu'à 13 000 morts à la guerre.
Jusqu'à 13 000 soldats ukrainiens ont été tués depuis le début de l'invasion russe, a déclaré un haut fonctionnaire. Mykhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a déclaré qu'entre 10 000 et 13 000 soldats étaient morts. Ni l'Ukraine ni la Russie n'ont tendance à publier le nombre de victimes, et les commentaires de M. Podolyak n'ont pas été confirmés par l'armée ukrainienne. La chef de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a déclaré que 100 000 soldats ukrainiens avaient été tués. Toutefois, un porte-parole de la Commission européenne a précisé par la suite qu'il s'agissait d'une erreur et que le chiffre faisait référence aux personnes tuées et blessées : bbc.com
Source: other-news.info