par Estelle Brattesani
Blanchiment d'argent, favoritisme à son égard, la liste des méfaits supposés de la part du cabinet américain McKinsey n'est pas exhaustive.
Le 24 novembre 2022, le Parquet national financier (PNF), institution chargée de traquer la grande délinquance économique et financière, a publié un communiqué de presse qui fait un point sur son enquête concernant le cabinet de conseil McKinsey, soupçonné de plusieurs malversations, notamment pendant les deux campagnes électorales d'Emmanuel Macron, en 2017 et 2022. Pendant ce temps, le Sénat poursuit sa lutte pour une véritable transparence des cabinets de conseil.
« Clarifier la situation »
Dans son communiqué de presse, le Parquet national financier déclare vouloir « clarifier la situation de différentes procédures pénales qu'il a ouvertes suite aux travaux et au rapport du 16 mars 2022 de la commission d'enquête du Sénat sur l'influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques », et suite « aux plaintes et signalements d'élus, d'associations, de syndicats et de particuliers qui lui ont été adressés ».
Les procédures enclenchées
Le PNF cite trois démarches judiciaires qu'il a entreprises : une enquête préliminaire ouverte le 31 mars 2022, du chef de blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée visant le groupe McKinsey. Une information judiciaire ouverte le 20 octobre 2022 suite à plusieurs signalements et plaintes d'élus et de particuliers, pour tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d'éléments comptables. Et une information judiciaire ouverte le 21 octobre 2022 pour favoritisme et recel de favoritisme.
Une présence jugée « tentaculaire » par le Sénat
En mars 2022, la commission d'enquête du Sénat sur le recours par l'État aux cabinets de conseil avait rendu un rapport où il dénonçait notamment le « phénomène tentaculaire » de leur présence dans la sphère publique.
En juin 2022, le Sénat a proposé une loi encadrant l'intervention des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques qu'il a validée mi-octobre. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, il a continué sur sa lancée en adoptant un amendement contre l'avis du gouvernement pour instaurer une véritable transparence des cabinets de conseil. Amendement dont le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, avait demandé le retrait...
Même si l'Élysée a déclaré qu'il appartenait « à la justice de conduire ces investigations en toute indépendance », le gouvernement sortira-t-il à nouveau la carte du 49-3 pour faire sauter l'amendement qui demande plus de transparence ?
source : Nexus