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L'ex-patron de FTX, Sam Bankman-Fried, a été arrêté aux Bahamas ce lundi 13 décembre.
AFP
Clap de fin pour Sam Bankman-Fried ? Le fondateur et ex-patron de FTX, plateforme d'échange de crypto-monnaies qui a fait faillite en novembre, risque plus que jamais une extradition vers les États-Unis. Il a été arrêté ce lundi 13 décembre aux Bahamas "sur 𝕏 demande des autorités américaines", a annoncé le procureur général des Bahamas, Ryan Pinder. Les États-Unis, qui ont porté plainte contre lui, "vont probablement demander son extradition", a-t-il encore 𝕏 fait savoir.
Après son arrestation, Sam Bankman-Fried a comparu devant un tribunal de première instance à Nassau. Le Premier ministre du royaume, Philip Davis, avait déclaré que les Bahamas et les États-Unis ont "tous les deux intérêt à ce que les individus associés à FTX, qui ont peut-être trahi la confiance du public et enfreint la loi, rendent des comptes". Les Bahamas mènent ainsi "leur propre enquête criminelle sur l'effondrement de FTX", a-t-il ajouté.
SBF ne renonce pas à son audience d'extradition
Depuis la faillite de FTX début novembre, son fondateur ne s'est pas fait discret. Loin de là. Outre ses tweets, il a même enchaîné des apparitions médiatiques malgré le risque de procès pour fraude. Le 30 novembre dernier, il intervenait aux côtés de plusieurs personnalités lors du DealBoo k Summit organisé par le New York Times.
Selon le journal local Nassau Guardian, Bankman-Fried était au tribunal en présence de sa famille mais également des représentants de l'ambassade des États-Unis. La même source affirme que l'ex-patron de FTX "ne renonce pas à son droit à une audience d'extradition", durant laquelle un juge doit décider de son extradition ou pas en Amérique.
Il était censé s'exprimer devant une commission parlementaire de la Chambre des représentants, tout comme John Ray, le nouveau patron de FTX. Son arrestation aux Bahamas compromet ainsi sa participation.
Sollicités par Insider, des experts juridiques américains ont expliqué qu'une fois les poursuites pénales officiellement engagées contre SBF, les États-Unis seront en mesure de demander son extradition. Une audience d'extradition peut-elle changer la donne pour Sam Bankman-Fried ? La procédure pourrait, déjà, prendre du temps.
"Les procureurs ont plusieurs étapes à franchir avant de demander une extradition : porter des accusations contre un accusé est assez rigoureux et peut impliquer un grand jury. Celui-ci doit examiner les preuves avancées par les procureurs pour déterminer si elles justifient de poursuites pénales", a expliqué Jordi de Llano, ancien procureur fédéral de Boston ayant enquêté sur des délits financiers. Dans le cas échéant, "cela conduit à une mise en accusation officielle. Les procureurs peuvent alors demander au tribunal de délivrer un mandat d'arrêt".
Les processus d'extradition entre les Bahamas et les États-Unis sont régis par un traité de 1990, entré en vigueur en 1994. Des accusations telles que le blanchiment d'argent, des infractions considérées comme des crimes dans les deux pays ou encore des crimes pouvant entraîner une peine de plus d'un an de prison, peuvent constituer un motif d'extradition.
Sam Bankman-Fried admet de "grosses erreurs"
Une des principales plateformes d'échange de crypto-monnaies dans le monde, FTX, valorisée à 32 milliards de dollars en début d'année, n'a plus été en mesure de rembourser à ses créanciers l'argent qu'ils y avaient déposé. Le groupe a déposé le bilan le 11 novembre.
John Ray III, expert en restructuration d'entreprises en faillite, qui a repris les rênes de FTX, a décrit, dans un rapport judiciaire accablant, publié jeudi 17 novembre, la situation de l'entreprise. "En 40 ans de carrière, je n'ai jamais vu un échec aussi complet des mécanismes de contrôle d'entreprise et une absence aussi complète d'informations financières fiables comme cela s'est produit [avec FTX]".
Dans son rapport, celui qui a géré la liquidation du géant de l'énergie Enron à partir de 2001, a dévoilé des détails étonnants sur le comportement managérial de Sam Bankman-Fried et ses proches collaborateurs. Utilisation d'applications de chat pour valider des transactions, transfert de grandes sommes dans les comptes personnels du fondateur et de ses conseillers ou encore l'achat, avec les fonds de la société, de biens privés... La liste est longue !
Sam Bankman-Fried, qui était le deuxième plus grand donateur du Parti démocrate derrière le milliardaire Georges Soros et un partenaire économique du Forum économique mondial, n'a pas raté l'occasion qui lui a été offerte par le NYT lors du Dealbok Summit pour s'expliquer. Lors de son intervention, il avait affirmé qu'il "n'avait pas volontairement mélangé" les fonds des clients FTX avec ceux d'Alameda Research, un fonds spéculatif.
Il a également rejeté avoir commis une fraude. "Je n'ai jamais essayé de frauder qui que ce soit", a-t-il déclaré, affirmant "n'avoir réalisé à quel point les entreprises étaient dans une position dangereuse avant qu'il ne soit trop tard".
Le fondateur de FTX a admis également de "grosses erreurs", dont "une gestion de risques médiocre, voire inexistante, sans aucune surveillance pour protéger les comptes clients".
Interrogé sur les dons fait au parti démocrate, qui s'élevaient à 40 millions de dollars, il a affirmé qu'il n'avait pas l'intention "d'acheter les législateurs".