25/12/2022 logic.ovh  13 min #221348

Le principe d'émergence

La définition du but d'une action n'est pas la même pour les dominants et les dominés.

Le public est laissé pour compte spirituellement et philosophiquement afin que les dominants se gardent les procédures efficaces.

L'ontologie est au cœur du secret de fabrication d'une action qui peut s'accomplir, par opposition à une action inévitablement vouée à rebondir de façon négative.

La réaction négative de toute action commise avec le mauvais paradigme peut très bien être planifiée par ceux qui connaissent le vrai paradigme de l'accomplissement des buts.

On voit très clairement que toute action peut être utilisée dans un but planifié, qu'elle soit spontanée et libre, ou bien qu'elle soit organisée à dessein.

Les actions organisées à dessein sont la catégorie d'actions dites "sous faux drapeau". Leur but est d'utiliser la réaction à ces actes, tout en se dédouanant et en accusant ces actes.

Les actions libres mises à profit sont celles de la classe de la récupération, de sorte que toute velléité de liberté ou de justice soit appuyée d'une façon biaisée, de façon à profiter de l'instant pour instaurer une action qui profite à ce qui voulait être combattu.

*

La raison principale qui fait cette capacité spéciale des dominants, est le paradigme du but. Et son substrat est l'ontologie.

Dire qu'il existe plusieurs ontologies est déjà presque une bravade, un sacrilège.

Pourtant, en substance, s'il existait plusieurs ontologies cela voudrait dire qu'un même phénomène, ou une même action, pourrait être évaluée d'autant de manières différentes.

Ceci est déjà le premier prémisse qu'il faut acquérir pour comprendre la suite : la relativité :

"Toute vérité est relative".

Le référentiel utilisé pour évaluer toute réalité est le principal facteur qui en fait sa définition. Ce ne sont pas les objets qui sont responsables de leurs caractères, de leurs critères, de leurs particularités, et de leurs spécificités, mais le référentiel qu'on utilise pour les évaluer.

Vouloir se débattre contre des accusations sur des critères associés à des objets, et toujours et rien d'autre qu'admettre le paradigme qui est la cause de cette observation, et ne fait que renforcer les croyances, et polariser les positions.

Il est facile de comprendre à ce stade que le thème sempiternel et vain du "racisme" est l'exemple le plus probant de cette prémisse : une personne n'est pas bonne ou mauvaise, elle est bonne ou mauvaise selon le cadre d'analyse dans lequel on la place.

Il en va de même avec les actions, autant qu'avec n'importe quel objet d'analyse.

Comprendre que c'est le référentiel qui définit les objets permet de s'extraire de la confusion mentale qui découle d'une réalité parsemée de contradictions, d'antagonismes, de divisions et de clans qui ont chacun des perceptions pré-fabriquées, qui produisent autant d'idées-reçues et de "sacrilèges".

*

Le paradigme du but se situe dans la continuation holistique de la compréhension de cette prémisse. Dans la même foulée.

Tant qu'on considère que le système ontologique reste celui qui n'est valable que pour les mathématiques de premier niveau, à savoir la bivalence stricte, toute action a une réaction symétrique, comme une balle qu'on envoie sur un mur. Si on envoie la balle, c'est pour qu'elle revienne. Dans ce même ordre d'idée, quand on commet une action qu'on pense positive et morale, le retour de bâton est de renforcer les croyances et les maléfices qu'on voulait combattre.

De même qu'inversement, dans ce monde simplifié, si on commet un crime, on peut le justifier par le bien qu'il aura engendré en combattant ce crime.

Ceci est la pensée bivalente. Elle n'a rien à faire dans la vraie vie mais 1/ elle est omniprésente et le plus surprenant, 2/ elle est constatable.

Ceci en raison du fait que tous, du moins dans le grand public, admettent comme réel et efficace la pensée bivalente, et ne conçoivent aucune alternative à la logique mathématique, ainsi sommée de valider "scientifiquement" la réalité.

Et donc on prend des objets, auxquels on associe des symboles comme des poupées, et on les fait se combattre sur un ring, en disant que si l'une gagne, alors l'autre perd. Et dans la foulée, tout ce qui y est associé, perd aussi.

C'est de cette manière que, par exemple "la guerre au socialisme" est le but premier du clan dit "socialiste". Et que ceux qui les traitent de "gauchistes" ne font que renforcer cette action.

Il n'y a pas de pire gageure pour l'esprit humain, pour l'humanité au sens large et éthique, et pour la morale, que de croire en ce paradigme de la bivalence. C'est certainement le pire des maux sur terre, la cause de tous les autres maux.

*

En logique mathématique déjà un peu plus poussée que celle de la bivalence, il y a un espèce de stade intermédiaire, un peu comme un début de prise de conscience des limites de la bivalence, basé sur elle mais en ajoutant d'autres prémisses, qui s'appelle la logique intuitionniste, qui se fonde sur le rejet du principe du tiers-exclu. Dans ce cadre, on estime que :

"Le contraire d'une chose peut être n'importe quoi".

Ou dit autrement, le contraire d'une chose est tout l'univers sauf cette chose.

Pour accentuer l'effet surprenant d'une telle affirmation, on peut s'amuser à décrypter comment divers éléments de la réalité peuvent être associés de façon à conformer des clans d'opposition, de sorte que tout objet appartenant à un clan soit opposé à tout objet appartenant à l'autre clan, ou à n'importe quel autre clan. Avec cette façon de penser paresseuse, qui consiste à former de groupes d'objets pour simplifier la réalité, on se retrouve à devoir contredire, ou se sentir contredits par des objets qui sont associés à des groupes auxquels on s'oppose par principe.

Pour prendre un exemple on peut utiliser la climatologie, qui est une jolie science, passablement déjouée par des armes climatiques mais ça on se le garde, mais qui est associée à un clan politique, qui se l'est approprié, de sorte que le seul fait d'en parler évoque inéluctablement le parti écologiste, chantre du nouvel ordre mondial tel que voulu par les fous de Davos. Et du coup à chaque fois qu'il y a "la météo" à la télé, cela devient une émanation du clan des fous de Davos.

Cela va vite.

La guerre consiste donc à s'approprier les objets qui permettent tout à la fois d'embrigader (et même radicaliser) les bien-pensants, et de blâmer les contradicteurs, par ce jeu d'association fondé sur la bivalence.

*

Les autres systèmes logiques construits après l'intuitionnisme, auraient pu être porteur de sens à ceci près que même la logique modale, utilisée en IA, reste pour toujours et à jamais une itération de la logique classique. Il y a bien une branche de la logique modale qui est porteuse de sens, celle qui était à son origine, et qui est restée inexplorée, dont la modalité est "le temps" (CTL*). Grâce à cette modalité une chose fausse peut devenir vraie une fois que le temps s'est écoulé. Elle implique donc une dimension statistique à l'évaluation de la réalité, et effectivement, peut-on se dire, toute chose n'est réelle qu'en mesure d'un pourcentage de validité.

Cette façon de penser, au lieu d'être approfondie, a donné lieu à la logique floue, qui précisément résume la réalité en un nuage de pourcentage entre 0 et 1, mais ça reste toujours une application de la logique classique (qui a de nombreuses applications industrielles).

On ne va pas s'étendre davantage sur ces questions, hormis pour faire l'éloge rapide de la logique tétravalente que nous étudions, selon laquelle toute réalité peut appartenir à quatre classes ontologiques distinctes, et qu'il est très saint de savoir distinguer ; classes parmi lesquelles figurent "la construction mentale de la réalité". Une chose peut être "vraie" par construction mentale, mais fausse si on cherche à la mesurer de façon mécanique, comme l'émotion.

(Ou du moins, les façons qu'on aura de la mesurer sera tautologique, puisque les outils seront construits d'après une association entre ces perceptions et, mettons, une activité neurologique mesurable et prouvable. C'est comme "le temps", il n'est mesurable que par des outils construits pour relater "le passage du temps" tel que la psychologie le perçoit.)

Les confusions entre les constructions mentales, les probabilités, et les supports en logique classique qui y sont associés afin de les "prouver", sont la source de l'ensemble des erreurs de logique qui sont faites dans ce monde à cette époque préhistorique.

En gros l'idée à retenir est que :

La réalité est distincte de ce que nous pouvons percevoir de la réalité.

Un peu d'humilité ne fait pas de mal.

*

Tout ceci étant posé, le paradigme du but peut être réévalué.

Un but est un résultat observable comme étant réel, dans le cadre d'une schématisation mentale de la réalité.

N'importe qui peut prétendre avoir atteint n'importe quel but, comme de rendre le monde meilleur, en s'appuyant sur la variation de l'état d'un objet, qui gagne en qualité ou en fiabilité. Et sans tenir compte de rien d'autre, ni des effets ni des coûts, par exemple.

Cela reste du domaine perceptif.

Pour être objectif, un but atteint doit être constatable, ça c'est facile, mais le chemin prit pour atteindre cet objectif, doit relever d'une méthode possible à reproduire, d'une stratégie, et d'une somme d'actions identifiables, et cela est plus difficile.

Les gens qui s'amusent à donner "des recettes" pour "réussir dans la vie" font juste abstraction de toute une somme phénoménale de circonstances, pour prétendre en dégager des "règles" à appliquer, qui bien souvent sont très insuffisantes ou contre-productives. C'est le chantre des "coachs", ces arnaqueurs de notre époque.

Le paradigme du football (comme on peut l'appeler), où le but est atteint en suivant une ligne droite [parabolique mais "droite" en mathématique] située entre le pied du joueur et la lucarne, définit par la trajectoire du ballon qui se joue des obstacles, est véritablement une simplification extrême de la réalité. C'est un symbolisme tellement idéalisé qu'il est préférable pour sa santé mentale de ne pas trop y croire.

En politique, ou pour régir et améliorer la vie sociale (ce qui est sens initial de la politique, déprécié depuis longtemps) on ne poursuit pas des buts objectifs avec des méthodes simplistes. Ou plutôt si, c'est ce qu'on fait, et c'est cela l'erreur. Inévitablement, et malgré la répétition insistante de ce fait, des effets inverses se produisent, contre-productifs, qui déjouent ces buts, qu'on peut nommer aussi "effets pervers". Ils sont si fréquents qu'il devient légitime de se demander si, sous couvert d'une fausse vertu, ce ne sont pas directement ces effets pervers qui sont visés.

C'est bien là que nous voulons en venir.

Des personnes qui seraient instruites du paradigme du but selon une logique plus poussée que celle, binaire, qui est inculquée aux masses, auraient toute latitude de "modeler la réalité" au vu et au su de tous, tout en feignant sans cesse de "vouloir bien faire", alors que les choses vont de plus en plus mal... et que précisément ces mêmes "dominants" en retirent des bénéfices sonnants et trébuchants... personne n'étant capable d'avouer comment ceci est possible.

La raison en est que la poursuite de buts ne peut pas relever de la logique "newtonnienne" de la ligne droite qui décrit une trajectoire entre le point A et le point B. De même que l'histoire ne peut se résumer en une chronologie linéaire d'événements qui prennent forme d'une suite de cause-conséquences (chaque conséquence devenant la cause de la conséquence suivante, ce qui confère à ce terme un double-caractère).

C'est la tâche du cerveau, en vertu de ses capacités, de vouloir ordonner le réel sous cette forme afin de le simplifier et de tenter d'y comprendre quelque chose.

Il est donc légitime que par l'expérimentation il cherche à en appliquer les préceptes sous-jacents, dont la logique bivalente, quitte à s'étonner de la floraison de résultats imprévus.

Par contre au moment où l'ensemble du système-monde plonge en enfer alors qu'il y aurait largement les moyens de faire que tout le monde vive en paix, il devient urgent de se poser des questions à propos de la logique et de la méthode.

*

Le paradigme de l'émergence est plus sophistiqué que celui du but linéaire. Il incorpore des notions d'encerclement, d'exhaustivité, de généralisation, et de sérendipité.

C'est par sérendipité que les meilleurs buts sont atteints, c'est à dire pratiquement sans les vouloir explicitement, mais par synthèse de l'ensemble des actions commises, pourvu qu'elles soient faites dans un esprit unique. C'est l'esprit dans lequel on fait les choses qui émerge par leur addition, et qui produit des effets surprenants et inattendus, qui peuvent être très bénéficiaires, ou au contraire catastrophiques (ça marche dans les deux sens).

Avec cette approche, on n'a pas besoin d'être bien malins, n'importe quelle action, même idiote, si elle est fait avec une bonne intention réelle (et non factice ou kafkaïenne) portera des fruits qui peuvent être utilisés positivement, ne serait-ce qu'en irriguant la pratique de leçons et de science.

Ainsi lorsque j'avoue vouloir "améliorer le monde" il est certain que ce n'est pas une obsession et que je n'y pense vraiment au sens strict - que c'est un mensonge, ou une synthèse qui provient du dehors du cadre dans lequel j'opère.

Si au contraire je me fixais cet objectif au sens littéral, mes échecs patents continuels me tourmenteraient au point que je me mette à renforcer et accentuer des méthodes qui pourtant n'ont jamais vraiment marché, hormis en passant par le filtre d'une perception complètement biaisée de la réalité. Je sèmerais autour de moi des catastrophes dont j'estimerais qu'elles ne seraient que des prix à payer pour la sublime réussite que je me suis promise. Et c'est ainsi que le monde court à sa perte.

*

L'émergence est le résultat par association - selon une structure déterminée par l'esprit - d'une somme d'actions ordonnés vers un objectif dont on doit s'avouer à soi-même qu'il n'est possible à mesurer qu'en dehors du cadre dans lequel on opère, c'est à dire au moins par quelqu'un d'autre, ou encore avec le recul de l'histoire.

Pour fixer dans sa mémoire le principe de l'émergence, ou de la sérendipité, il est courant d'utiliser le thème classique d'une radio, constituée de transistors, d'un amplificateur, d'un haut-parleurs, et d'une antenne qu'on n'aura pensé à mettre qu'à la fin, et dont le résultat, par association au sein d'une structure fonctionnelle, et sur l'action d'un bouton, est de recevoir la radio, et d'apprendre par elle que quelqu'un vient d'inventer la radio (lol).

C'est dans ce qui est inattendu par la somme des actions commises que se définit l'émergence. Danser sur de la musique, découvrir des personnes, apprendre des choses qui parviennent par les voies hertziennes, ne se situe aucunement dans le rôle objectif du transistor ou de l'antenne. Par contre on peut très facilement y voir des symboles de cette émergence, au point que, si les transistors deviennent rares par exemple, avec leur disparition, la connaissance disparaît aussi.

Mais en eux-mêmes les transistors n'ont rien à voir avec cette affaire psychologique. Ils font juste le travail qui consiste à laisser passer ou bloquer le courant en fonction de la tension électrique.

Le travail des humains sur Terre n'est que celui de transistors.

Mais la question plus profonde est celle de l'émergence de la somme de tout ce travail.

Et s'il est difficile ou vaniteux d'en prévoir l'émergence, ou de la contrôler, il est néanmoins possible d'avoir une incidence sur elle, pour le peu que chaque transistor-humain ait une relative conscience de ce à quoi il contribue, et une relative liberté d'adapter son action afin d'y contribuer pour le mieux.

*

Et ceux dont la velléité est de "contrôler ce monde", soit : sont des idiots qui le conduisent à sa perte, soit possèdent les clefs pour surpasser allègrement la capacité des gens à comprendre comment ils font (ainsi qu'à soupçonner la médiocrité de leurs buts).

En stratégie de guerre, une stratégie n'est valable que tant que l'ennemi ne la comprend pas. S'il est question de prendre en main la destinée de ce monde, actuellement voué à sa perte, car laissée entre les mains de possédants pas plus malins que n'importe qui, il faut que cela soit le fait de la somme des actions libres d'un peuple autodéterminé et conscient des méthodes et des stratégies qui fonctionnent.

Conscients de faire parti d'un tout. Et en possession des clefs qui lui permettent d'agir, à savoir la méthode et la logique. C'est à dire de se défaire du paradigme du but linéaire et objectif, et de revêtir une stratégie d'encerclement des problèmes par émergence de conditions qui les rendent impossibles.

*

Ce n'est que par émergence qu'on produit les plus beaux effets ; Les meilleurs souvenirs n'apparaissent comme tels qu'avec le recul du temps. Ce sur quoi il s'agit de se concentrer, n'est pas d'appartenir à tel ou tel camp, mais de savoir si sa vie est satisfaisante, et si on arrive à avoir un impact positif autour de soi.

Pour le reste, il ne s'agit que d'agir dans l'esprit dans lequel on voudrait que le monde agisse. Et de cette manière, c'est ce qui se passera inévitablement, parce que la logique est faite comme cela.

 logic.ovh

 Commenter

Référencé par :

1 article