26/12/2022 infomigrants.net  4 min #221389

Coups de feu tirés à Paris : deux personnes décédées et des blessés en urgence absolue

Un homme déjà auteur d'une attaque contre des migrants tue trois Kurdes en plein Paris

Un homme tient une photo de Mir Perwer, tué lors d'une fusillade en France, le 24 janvier 2022. Crédit : Reuters

Le suspect de cette violente attaque à l'arme à feu, un Français de 69 ans, venait tout juste de sortir de prison. L'homme avait été placé en détention provisoire pendant un an pour avoir agressé deux migrants, soudanais et érythréen, avec un sabre  dans un campement parisien le 8 décembre 2021.

Lors de sa garde à vue, il a reconnu avoir voulu tuer des étrangers en s'attaquant de nouveau à des personnes venues d'ailleurs, vendredi 23 décembre,  lorsqu'il a ouvert le feu à plusieurs reprises devant le centre culturel kurde Ahmet Kaya. Le tueur présumé avait repéré ce lieu situé dans un quartier commerçant prisé de la communauté kurde, en plein cœur de la capitale française.

Trois personnes sont décédées dans cette attaque :  Emine Kara, une responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, et deux hommes, dont l'artiste et réfugié politique Mir Perwer. Trois autres hommes ont été blessés. Cinq des six victimes sont de nationalité turque, la dernière de nationalité française.

Il a "toujours eu envie d'assassiner des migrants"

Une information judiciaire a été ouverte lundi pour assassinat et tentative d'assassinat en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion, ainsi que pour acquisition et détention non autorisées d'arme, a indiqué le parquet de Paris. Le placement en détention provisoire du suspect a été requis.

Dès son interpellation, le suspect a déclaré avoir agi parce qu'il était "raciste", a précisé une source proche du dossier. Il devait être présenté, lundi 26 décembre, à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen.

Ce conducteur de train retraité a confié aux enquêteurs qu'il voulait mettre fin à ses jours et qu'avant de se "suicider", il a "toujours eu envie d'assassiner des migrants, des étrangers". Il a dit ressentir une "haine des étrangers devenue complètement pathologique [maladive]" depuis un cambriolage de son domicile en 2016, a indiqué le procureur en charge de l'affaire.

Libéré de prison après un an

L'une des victimes de l'attaque du campement de migrant en 2021,  Ousman, un Érythréen de 44 ans, a déclaré au journal le Parisien ne pas comprendre la libération de son agresseur présumé.

Il regrette de ne pas avoir été informé que l'homme qui lui "a donné un coup de sabre dans le dos et dans la cuisse" il y a un an se trouvait en liberté depuis le 12 décembre. "Il aurait très bien pu décider de me retrouver pour se venger. J'ai peur", a confié l'exilé au journal.

Lors de l'attaque de 2021, l'agresseur avait "commencé à lacérer des tentes" avant de se battre avec des exilés et de blesser deux d'entre eux au sabre. Un grave incident, qui avait "traumatisé" les migrants du campement, selon les associations interrogées à l'époque. Les migrants "sont effrayés et traumatisés", avait signalé à InfoMigrants Clothilde Colomb, coordinatrice de Médecins du monde (MdM) à Paris. "Les gens ont peur, ils craignent qu'un nouvel incident de ce type se reproduise", avait abondé Kerill Theurillat, d'Utopia56.

Le sexagénaire, interpellé sur place avait ensuite passé un an derrière les barreaux, la durée légale de sa détention provisoire, après avoir été mis en examen en décembre 2021 pour violences volontaires. En France, la "détention provisoire" consiste à incarcérer une personne encore présumée innocente durant la phase d'enquête, avant toute condamnation.

Manifestations kurdes à Paris

L'attaque de vendredi a bouleversé la communauté kurde de France.  Plusieurs manifestations, organisées par des associations kurdes et anti-racistes (SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, et la Ligue des droits de l'homme) ont eu lieu dès samedi à Paris, Marseille et Bordeaux, afin de réclamer justice au lendemain de l'attaque.

Plusieurs centaines de personnes se sont à nouveau réunies lundi à la mi-journée sur les lieux de l'attaque, rue d'Enghien à Paris. Des fleurs et des bougies ont été déposées aux côtés des photos des victimes, posées à l'endroit où elles ont été tuées vendredi.

 infomigrants.net

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