02/01/2023 infomigrants.net  4 min #221767

Le naufrage d'un bateau de migrants au large du Liban fait deux morts, 200 personnes secourues

Les rescapés ont été secourus au large du Liban par une opération commune de l'armée libanaise et de la force des Nations unies au Liban. Crédit : compte Twitter de l'armée libanaise

Un nouveau drame survenu au large du Liban indique à quel point la situation dans le pays est devenue difficile. Un bateau de migrants a fait naufrage, samedi 31 décembre, après avoir quitté le Liban avec quelque 200 personnes à son bord. L'armée libanaise, aidée de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), a pu secourir 200 personnes mais "un enfant et une femme sont morts", selon une une source au sein des services de sécurité jointe par l'AFP.

أنهت القوات البحرية بالتعاون مع اليونيفيل إنقاذ الأشخاص الذين كانوا على متن المركب قبالة شاطئ سلعاتا وعددهم ٢٣٢، ويجري حالياً نقلهم إلى مرفأ طرابلس. كما تم انتشال جثتَي شخصين غرِقا أثناء عملية الإنقاذ.#الجيش_اللبناني #LebaneseArmy

À bord se trouvaient une majorité de Syriens - hommes, femmes et enfants - mais aussi une cinquantaine de Libanais, selon le correspondant de l'AFP au port de Tripoli, principale ville du Nord et parmi les plus pauvres du Liban.

Peu après le naufrage, des dizaines de proches étaient massés dans ce port. C'était le cas de Younès Jomaa, installé au Liban mais originaire d'Idleb dans le nord-ouest syrien. "Je comptais partir avec mon frère, mais je n'ai pas pu rassembler la somme suffisante", a-t-il raconté à l'AFP, ajoutant que son frère s'était "endetté pour partir".

Signe de la mauvaise santé économique du Liban, le jeune homme affirme que l'"on ne peut plus vivre dans ce pays, ni en Syrie". Dans le pays voisin du Liban, la guerre a tué environ un demi million de personnes depuis 2011 et déplacé plus de la moitié de la population syrienne, selon le  comité international de la Croix-rouge.

À ses côtés, Ahmed Yassine abonde. La soeur et le beau-frère de ce Syrien font partie des migrants secourus par l'armée libanaise. "On meurt dans ce pays, on va essayer tous les jours de prendre la mer. Moi-même si j'avais eu l'argent, je serais parti avec eux."

Grave crise économique

Fin septembre, une embarcation partie du Liban avait fait naufrage au large de la Syrie,  faisant une centaine de morts, l'un des bilans les plus meurtriers en Méditerranée orientale.

De nombreux passagers de cette embarcation étaient originaires du Akkar, région du nord du Liban. Dans cette zone pauvre, frontalière de la Syrie, "les exigences les plus élémentaires de la vie manquent", déplorait le quotidien  Al Akhbar quelques jours après le drame. "L'eau et l'électricité sont rares. Le pain n'est plus à la portée de tous. Le chômage tue les jeunes. Celui qui tombe malade ne trouve pas d'hôpital pour le recevoir, Ici, la vie équivaut à la mort."

À lire :  "Il n'arrivait plus à nourrir ses enfants" : les victimes du naufrage au large de la Syrie, poussées à l'exil par des conditions de vie désastreuses

Le Liban s'enfonce depuis trois ans dans une grave crise économique. Conséquence, le pays connaît depuis 2020 une  augmentation du nombre de départs, dont de nombreux Libanais, à la recherche d'une vie meilleure en Europe, notamment sur l'île de Chypre, à 175 kilomètres des côtes libanaises.

L'un des points de départ de cette route migratoire est la ville de Tripoli, devenue une plaque tournante de l'immigration illégale, pour les réfugiés syriens du Liban, mais aussi pour de plus en plus de Libanais. Le Liban accueille plus d'un million de réfugiés syriens.

"La population libanaise vit dans des conditions désastreuses, mais la situation est particulièrement grave pour les personnes les plus démunies, y compris les réfugiés", avait indiqué en septembre la directrice régionale de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Adele Khodr, dans un communiqué.

Selon l'ONU, au moins 38 bateaux transportant plus de 1 500 personnes ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer entre janvier et novembre 2021.

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