par Kaddour Naïmi
Suite aux réflexions sur les droits civiques (1), examinons pourquoi et comment les oligarchies impérialistes, contrairement à leurs déclarations, sont hostiles à toute forme de démocratie dans leur propre nation comme dans celles où elles prétendent l'exporter.
Pharisiens dans le rôle de Prophètes
À tout Seigneur tout honneur, d'abord, qu'en est-il du Saint des Saints, le « Modèle » mondial, avec ses « Règles » et ses « Valeurs », la nation qui, pour exister, a exterminé le peuple indigène : les États-Unis ?
Dans cette nation « élue par Dieu », la « démocratie » est le Credo des credo.
Notons, d'abord, que le mot n'existe pas dans la Déclaration d'Indépendance des États-Unis. À vous de découvrir le motif.
En outre, quand seuls deux partis politiques (« démocrate » et « républicain ») s'alternent au pouvoir, sans jamais qu'un autre parti politique puisse exister et conquérir le pouvoir, est-on vraiment en démocratie ? En réalité, ne s'agit-il pas d'une forme de Parti unique bicéphale ?... En effet, en quoi se distinguent ces deux partis quand l'un d'entre eux est au pouvoir ?... Quelques mesures sociales nouvelles (avec le parti « démocrate ») ou supprimées (avec le parti « républicain »), mais tous les deux partis maintiennent la domination de la minorité de riches (oligarchie) sur la majorité de la population ; et, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les agressions militaires extérieures assurent la domination de cette même hiérarchie sur la planète.
« Basta avec le complotisme ! » objecterait-on avec un accent scandalisé. Voici, alors, une cerise sur le gâteau :
« Le capital doit assurer sa propre protection avec tous les moyens possibles, grâce à notre union et à nos lois. Les dettes doivent être récupérées le plus rapidement possible ainsi que la valeur des hypothèques sur les biens. Ainsi, quand par exemple les personnes ordinaires perdent leurs maisons, elles deviennent plus dociles et sont plus facilement dirigées grâce au bras fort du gouvernement représenté par les principaux acteurs financiers.
« Ces vérités sont bien connues par nos représentants qui agissent à créer un impérialisme pour gouverner le monde. Grâce au système des partis politiques qui divisent les citoyens, nous les manipulons pour faire dépenser leur énergie sur des problèmes sans aucune importance. En agissant avec discrétion, nous garantissons la pérennité de ce que nous avons si bien planifié et réalisé ». Auteur de cette déclaration : l'Association des banquiers des États-Unis, en 1924.
Mais combien de personnes connaissent cette déclaration ? Quant aux « problèmes sans aucune importance », allez voir du coté du wokisme actuel.
C'est donc constater combien le système social capitaliste impérialiste demeure la Vache Sacrée, la Poule aux œufs d'or ; et malheur à qui remet en question la domination du Saint Dollar : Thomas Sankara, Mouammar Khadafi et, aujourd'hui, la Russie et, après elle, les autres membres du Bric, et candidats membres comme l'Algérie.
Venons au « noble » et « admirable » dessein d'exporter la « démocratie » dans le monde.
« Les États-Unis ont soutenu, et dans bien des cas engendré, toutes les dictatures militaires droitières apparues dans le monde à l'issue de la Seconde guerre mondiale. Je veux parler de l'Indonésie, de la Grèce, de l'Uruguay, du Brésil, du Paraguay, d'Haïti, de la Turquie, des Philippines, du Guatemala, du Salvador, et, bien sûr, du Chili. L'horreur que les États-Unis ont infligée au Chili en 1973 ne pour jamais être expiée et ne pourra jamais être oubliée.
« Des centaines de milliers de morts ont eu lieu dans tous ces pays (...)
« L'invasion de l'Irak était un acte de banditisme, un acte de terrorisme d'État patenté, témoignant d'un absolu mépris pour la notion de droit international » (2).
Déclaration d'un complotiste, ennemi de la démocratie et agent des dictatures ?... À vous de juger : l'auteur est Harold Pinter, discours à l'occasion du prix Nobel de littérature, à Stockholm, en 2005.
À ce qu'a mentionné l'écrivain, ajoutons les agressions militaires de certaines « démocraties » européennes contre la Libye et la Syrie, sans oublier les opérations d'exportation de la démocratie par la stratégie des « révolutions colorées », dont la plus « réussie » est celle opérée en Ukraine, en 2014. Dans ce pays, voici les merveilles de la démocratie : on « a épuré les bibliothèques (3) , pris le contrôle de tous les médias du pays, interdit 13 partis politiques et l'Église orthodoxe, et en définitive instauré un régime autoritaire. (...) la plupart des journalistes ont été arrêtés et (que) la plupart des avocats ont fui à l'étranger » (4). Dans cette liste de « succès » de la démocratie, il faut ajouter l'interdiction de pratiquer la langue maternelle par les citoyens russophones et leur bombardement depuis 2014, ainsi que les multiples scandales de corruption où est mêlé un homme addict aux drogues, Hunter Biden, fils du président U.S. Joe Biden (5).
« Ouais !... objecterait-on. Vous oubliez qu'aux États-Unis les citoyens sont totalement libres de choisir leurs représentants ! »
Questions. Pourquoi, dans ce pays, jamais un parti politique autre que celui bicéphale arrive à gagner les élections ? Que faites-vous de la puissance du conditionnement des cerveaux des citoyens de la part des médias (dont les propriétaires sont directement ou indirectement financés par des membres de l'oligarchie), jusqu'à ceux en apparence neutres (films d'Hollywood, publicité et réseaux sociaux). À ce sujet, recommandons la lecture du texte « canonique » de référence : « Propagande » de Edward Louis Bernays. Ce neveu de Sigmund Freud fut tellement génial qu'il est parvenu à utiliser les films d' Hollywood pour faire fumer les femmes, en leur faisant croire que c'était là un signe d'émancipation, et encaissant, lui, une part des bénéfices financiers des multinationales du tabac.
Venons, ensuite, aux vassaux du Seigneur : les nations européennes, ces « berceaux » de la « Civilisation » mondiale (dont on connaît les prouesses dans les pays où ils ont exporté leur « civilisation », et, également, Région Bienheureuse de la « Démocratie » et des « Droits de l'Homme ».
Les thuriféraires de ces nations européennes proclament urbi et orbi : « En Europe, existe une pluralité de partis, de « droite » et d'« extrême-droite », ainsi que de « gauche » et d'« extrême-gauche ».
Comment expliquer, alors, que les partis extrêmes n'ont jamais pu vaincre les élections, tout au moins depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Quant à, ceux de « droite » et de « gauche », des « libéraux » aux « socialistes », ces derniers ont pris quelques mesures sociales certes utiles pour le peuple, mais n'ont jamais mis en question le système : la domination de l'oligarchique capitaliste impérialiste. Et malheur à qui tente de la remettre en cause, comme l'italien Enrico Mattei dans le secteur du pétrole.
Par conséquent, grâce à l'emprise de l'oligarchie capitalise impérialiste dans tous les secteurs d'activité sociale (industrie, économie, militaire, lois, culture, « divertissement », paradis fiscaux), le jeu « démocratique » est totalement contrôlé pour garantir la pérennité du « Modèle Éternel et Indépassable » : le système capitaliste impérialiste, appelé (« Cachez ce sein que je ne saurai voir ! ») « libéral », joli mot qui renvoie au très enchantant terme « liberté ». Mais combien comprennent qu'il s'agit de la liberté du loup dans la bergerie ? Et cela depuis la naissance de ce système « libéral ». Voici des recommandations d'un de ses Papes : « Soyez autant que vous pouvez avides, égoistes, dépensiers pour votre plaisir. C'est ainsi que vous ferez la prospérité de votre nation et le bonheur de vos concitoyens. » (Bernard de Mandeville,1670-1733.)
L'« Évangile » selon le « Divin marché »
Venons à l'exportation de la démocratie dans les nations économiquement moins développées. Ses prophètes proclament toujours, de la manière la plus biblique, que cette exportation sert les intérêts du peuple visé. Alors, raisonnons en modeste paysan, illettré mais doté de bon sens pratique.
Dans le cas où la démocratie, la vraie, est instaurée dans dans une nation économiquement moins développée, quelles en sont les principales conséquences pratiques ?
D'abord, ce sont les citoyens eux-mêmes qui choisissent librement, et sans conditionnement quelconque, leurs représentants ; cela implique que ces derniers servent honnêtement leurs électeurs.
Que s'ensuit-il logiquement ?... Que la nation agira pour devenir économiquement développée. Qu'est-ce que cela veut dire ?
D'une part, les dirigeants de la nation gèrent les ressources naturelles du pays dans l'intérêt bien compris des citoyens. Cela signifie vendre les ressources naturelles sur le marché international selon la loi capitaliste de l'offre et de la demande, donc au prix maximum possible. Quelle en serait la conséquence ?... Les nations économiquement développées devraient payer ces ressources naturelles au prix le plus élevé. Question : est-ce dans leur intérêt, plus exactement de celui des oligarchies financières qui dominent ces nations ?... Beh ! Non.
D'autre part, les dirigeants de la nation économiquement moins développée, pour la développer, créeront une base économique de production de biens matériels, donc importeront moins ou pas du tout ceux produits dans les nations économiquement développées. Quelle en serait la conséquence ?... Les nations exportatrices de « démocratie » n'auront plus de débouchés pour leurs produits à vendre aux nations économiquement moins développées. Question : cela est-il dans l'intérêt des oligarchies qui dominent les nations exportatrices de « démocratie » ?... Beh ! Encore non.
Ne devient-il pas, alors, d'une clarté lumineuse le fait que les nations exportatrices de « démocratie » n'ont absolument aucun intérêt à voir la réelle démocratie s'instaurer dans les nations économiquement moins développées.
Mercenaires qui se prennent pour des hérauts (ou « héros »)
Examinant le cas des « militants » qui, dans les nations candidates à l'importation de la « démocratie », « luttent » pour son instauration.
Écartons un malentendu : certes, dans ces nations existent des citoyens qui luttent pour une réelle démocratie, mais en comptant uniquement sur leurs propres forces et sur leurs relations avec les citoyens de leur pays. Bien entendu, ces militants rencontrent d'énormes difficultés dans leurs actions qui se placent dans un authentique développement économique de la nation, lequel exige l'élection vraiment démocratique des gouvernants, au service réel de leur nation. À cette authentique action sociale militante s'opposent deux adversaires : d'une part, la caste interne qui domine la nation, et, d'autre part, les oligarchies externes qui veulent en gérer les ressources naturelles.
De cette catégorie de militants sociaux, les médias non seulement ne parlent jamais, mais exercent toute la répression possible, comme c'est le cas, par exemple, de Nathalie Yamb par les autorités françaises.
Mais il y a une autre catégorie de « militants » pour la « démocratie » dans les nations économiquement moins développées. S'il est vrai que ces dernières souffrent de carence de démocratie qui sert réellement les intérêts des citoyens, peut-on croire à la bonne foi de cette seconde catégorie de « militants » quand les représentants des oligarchies capitalistes impérialistes leur accordent :
- dans les médias le maximum de publicité ?
- une consistante aide financière, plus ou moins occulte, en matière de logistique, visas de séjour, bourses d'études, constitution de médias, etc. ?
- un soutien d'avocats dont une recherche minutieuse montre leurs affiliations aux intérêts des oligarchies capitalistes impérialistes ?
- une exfiltration par des « services » étatiques ?
Et, encore, peut-on croire à la bonne foi de cette seconde catégorie de « militants » :
- quand ils déclarent lutter pour la démocratie dans leur nation d'origine, sans jamais évoquer les atteintes à la démocratie dans les nations exportatrices de « démocratie » ?
- quand ils défendent le droit à l'existence d'Israël, sans jamais parler du droit du peuple palestinien à un territoire libre et autonome ?
- quand ils dénoncent les agressions de certaines nations, par exemple la Russie en Ukraine, sans dénoncer des agressions encore plus destructrices, comme celles opérées par l'armée U.S. et d'autres pays de l'OTAN, et cela depuis la Seconde Guerre mondiale ? Ou, encore, l'intervention armée de l'Arabie saoudite au Yémen ?
- quand ils dénoncent une dictature militaire dans leur pays sans mentionner la dictature des oligarchies financières, notamment celle du complexe militaro-industriel, dans les nations exportatrices de « démocratie » ?
Question générale : quand on défend et lutte pour « le Bien, la Vérité, le Droit, la Démocratie »», etc., ne faut-il pas le faire sur toutes les nations dela planète, sans en excepter aucune ? Plus encore, de défendre ces droits dans les nations qui s'en réclament le plus ? Question de bon sens : peut-on faire appel à l'aide d'un renard pour sauver un poulailler ? Réponse : « Quand un gouvernement dépend des banquiers pour son argent, ce sont ces derniers qui contrôlent la situation, parce que « la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit ». (...) L'argent n'a pas de patrie ; les financiers n'ont pas de patriotisme ni de décence ; leur unique objectif est le gain. » Napoléon Bonaparte.