Samedi 11 mars, une embarcation de migrants a fait naufrage au large du district d'Ambanja, à la pointe nord de Madagascar, alors qu'elle se dirigeait vers l'île française de Mayotte, ont annoncé lundi les autorités maritimes malgaches.
Les corps sans vie de 22 personnes ont déjà été retrouvés et 23 passagers ont pu être secourus sains et saufs. Mais, selon l'Autorité portuaire, maritime et fluviale (APMF), "47 personnes ont été déclarées avoir pris le bateau clandestinement". Trois jours après le drame, les recherches se poursuivent donc pour tenter de retrouver des survivants.
Ce genre d'accidents arrive régulièrement entre Madagascar ou les Comores et Mayotte. De nombreux migrants africains et comoriens tentent chaque année de rallier clandestinement, à bord de petits bateaux à moteur appelés kwassa kwassa, l'archipel dont la moitié de la population est étrangère. L'île comorienne d'Anjouan n'est située qu'à 70 km de Mayotte.
"Nous voyons notamment de plus en plus de Burundais et de Rwandais", expliquait en février 2022 un policier en fonction sur l'île. "C'est une situation que l'on ne connaissait pas il y a encore 10 ans, et qui prend aujourd'hui des proportions considérables."
Hausse de la lutte contre l'immigration irrégulière
Depuis 2019, l'État français a considérablement augmenté ses moyens de lutte contre cette immigration clandestine avec notamment la présence continue en mer de bateaux intercepteurs et une surveillance aérienne. En visite en décembre à Mayotte, le ministre de l'Intérieur français, Gérald Darmanin, a exprimé sa volonté de renforcer la lutte.
Les réseaux de passeurs se sont professionnalisés depuis quatre ans et la mise en place de l'opération Shikandra - opération civilo-militaire dédiée à la lutte contre l'immigration clandestine, sous l'effet de laquelle les moyens de surveillance maritime se sont décuplés autour de l'île française. "Ils trouvent des pilotes qui connaissent extrêmement bien le lagon, qui arrivent à se faufiler sans être vus par les radars", détaillait en février Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale à Mayotte, estimant que d'autres réseaux sont encore actifs.
Ce même mois, trois passeurs étaient jugés en comparution immédiate et condamnés à des peines de prison ferme sur l'île de Mayotte, pour avoir fait passer plus de 35 000 personnes depuis l'archipel voisine des Comores à bord d'embarcations de fortune.
Plus de 570 embarcations interpellées en 2022
Au cours de l'année 2022, la hausse conjuguée des moyens matériels et humains a permis d'intercepter 571 embarcations transportant 8 000 migrants, interpellés en mer. Plus largement, 25 380 personnes ont été reconduites à la frontière l'année dernière, très majoritairement vers les Comores. En 2021, 6 355 migrants et 324 passeurs ont été interpellés, et 459 embarcations détruites, selon les autorités françaises.
Il n'existe pas de statistiques fiables sur les morts de ces traversées clandestines risquées. Selon un rapport d'information du Sénat français publié au début des années 2000, environ un millier de personnes y perdent la vie chaque année.